mardi, 05 janvier 2016

EMB Logo Web09La laiterie hollandaise Friesland Campina verse une prime aux producteurs de lait qui limitent leurs livraisons

Friesland Campina, l'une des grandes laiteries en Europe, a récemment lancé un instrument important destiné à brider des hausses futures de la production sur le marché du lait. Au travers du paiement d'une prime, les producteurs de lait seront incités à ne pas augmenter leur production, voire à la réduire. Les producteurs de lait percevront une majoration de 2 centimes par kilo de lait si durant la période du 1e janvier au 11 février 2016, ils n'augment pas leur quantité de livraison ou ils livrent de moindres quantités. Le volume de référence est, en l'occurrence, fixé à la livraison journalière moyenne pour la période courant du 13 au 27 décembre 2015

 

 

Sieta van Keimpema, vice-présidente de l’EMB voit en cet instrument un signal important. « Même les laiteries indiquent clairement qu’une croissance effrénée des volumes pose problème et qu’il convient d’activer des instruments pour contrer ce phénomène. » Sieta van Keimpema épingle aussi le choix de l’instrument. « Friesland Campina a fait le choix d’une limitation volontaire des livraisons ou une renonciation volontaire aux livraisons. Il s’agit, en effet, d’un moyen très efficace pour réduire la production. Il est possible d’intervenir de façon positive sur le marché et de prévenir ainsi les distorsions », poursuit la vice-présidente. Cet instrument ne devrait pas seulement être activé auprès de quelques laiteries mais sur l’ensemble du territoire de l’Union et être piloté centralement. Une initiative portée par des laiteries individuelles ne suffit point. En l’occurrence, il est attendu des élus politiques qu’ils mettent en place le cadre juridique adéquat nécessaire à une telle initiative. Le cap à tenir sur le marché devrait être un niveau de production qui permette aux éleveurs de percevoir des prix rémunérateurs.

La stratégie européenne de la croissance effrénée a généré, au cours des derniers mois, des problèmes profonds et a ruiné de nombreux producteurs de lait. Avec des prix qui, en partie, avoisinent encore quelques 20 maigres centimes par kilo de lait, la survie de nombreuses exploitations est tout simplement devenue impossible. Qu’un grand consortium laitier se passe aujourd’hui spontanément la bride au travers d’une renonciation volontaire aux livraisons, illustre, une fois de plus, le caractère désespéré de la situation. « Les élus européens doivent, au vu d’un tel développement, enfin passer à l’action et ne peuvent poursuivre leur politique de l’autruche », martèle Sieta van Keimpema à propos de l’attitude passive du Commissaire européen à l’Agriculture Phil Hogan. « Déployez au niveau européen un programme de responsabilisation face au marché dont l’élément pivot serait la renonciation volontaire aux livraisons pour que le marché du lait puisse enfin guérir de ses maux ! », enjoint la vice-présidente de l’EMB dans son appel au commissaire.