Vous vous souvenez, je vous ai parlé dans le journal de décembre de l'étiquetage hors-sol. Il était question de faire disparaître cette mention des étiquettes des fruits et légumes à partir de janvier 2017. Où en est le dossier aujourd'hui?
La Fédération Romande des Consommateurs a rencontré avant Noël les différents organismes qui ont pris cette décision. L’Union Maraîchère Suisse et la Fruit-Union comprennent tout à fait le point de vue du consommateur mais ne souhaitent pas revenir en arrière. A la place, ils proposent de faire de l’information auprès du consommateur sur les modes de production... mouais... Est-ce un bon moyen pour pallier à cela ?!? Pour Swisscofel - l’Association suisse de commerce de fruits, légumes et pomme de terre - il était clair qu’aucun effort ne serait fait...
Du côté du Conseil National, la parlementaire Adéle Thorenz Goumaz a déposé le 27 février la question suivante concernant ce sujet : « Que peut faire le Conseil fédéral pour que les consommateurs puissent continuer à être informés correctement à ce sujet ? », ce à quoi à répondu le Conseil fédéral (réponse du 6 mars) : « La déclaration facultative des produits hors-sol remonte à une convention conclue en 1996 entre la branche et le Forum suisse des consommateurs. Fin 2016, les deux parties ont d’entente décidé de résilier la convention au motif que la déclaration de cette méthode de production n’est aujourd’hui plus pertinente pour les consommateurs.
Sur la base de la loi sur les denrées alimentaires, il serait possible d’introduire une déclaration obligatoire pour la production hors-sol. Mais une telle obligation représenterait un obstacle technique au commerce, en particulier dans nos relations avec l’UE. Elle serait également très difficile à mettre en oeuvre, car les informations sur la méthode de production font souvent défaut pour les produits importés. Les autorités cantonales compétentes ne pourraient donc pas procéder aux contrôles requis. De plus, selon les connaissances scientifiques actuelles, la production hors-sol n’a pas d’effets néfastes sur la sécurité alimentaire.
Les consommateurs peuvent toutefois encore renoncer aux produits hors-sol. En effet, la production biologique en Suisse n’admet pas la production hors-sol. De plus, certains grands distributeurs continuent à étiqueter les produits hors-sol comme tels. C’est pourquoi le Conseil fédéral estime qu’il est inutile d’intervenir dans ce domaine. »
Encore une fois, on ne peut pas vraiment compter sur nos instances politiques... qui favorisent toujours le marché au détriment des consommateurs...
Eh bien, malgré tout cela, j’ai de bonnes nouvelles à vous annoncer (je gardais le meilleur pour la fin !) : plusieurs enseignes vont maintenir la déclaration ! COOP, Lidl, Manor, Globus, Aldi et Aligro. Quant à Migros, elle reste sur sa position... C’est bien dommage quand on voit que les autres enseignes ont fait le pas. « Migros a entendu notre réclamation de remettre l’étiquetage hors-sol, mais pour l’instant, elle ne souhaite pas revenir en arrière. Une des raisons invoquées : peu de consommateurs auraient réagi. » commente Barbara Pfenniger, de la FRC.
Pourtant, un point supplémentaire nous incite à nous battre pour cette mention hors-sol : la nouvelle ordonnance sur les contaminants qui entrera en vigueur au mois de mai 2017, limite la teneur maximale des nitrates dans les laitues cultivées en plein air à 3000 mg/kg alors que cette limite est de 4000 mg/kg pour les laitues sous serre, donc 30 % plus élevée.
Les consommateurs ont donc tout intérêt à se manifester auprès de Migros en se renseignant sur le mode de production et ainsi faire pression pour les faire changer d’avis !
Berthe Darras
publié dans le Journal d’Uniterre - mars 2017