La politique de dérégulation du secteur laitier est taillée pour la grande distribution et l'industrie laitière. Elle ne sert en rien les intérêts des producteurs et des consommateurs
Aujourd'hui, des producteurs de lait européens (de ECVC- et EMB -European Milk Board) se sont à nouveau rassemblés pour une action symbolique à l'occasion de la réunion du Conseil de l'Agriculture et de la pêche.
Il s’agissait d’attirer l’attention sur la crise qui affecte le secteur laitier, de dénoncer l’introduction de poudre de lait sur le marché comme résultat de l’intervention publique et de demander le rétablissement d’un instrument public de régulation afin de mettre fin à la crise, la plus longue de l’histoire du secteur.
Malgré la légère amélioration des prix à la production ces derniers temps, ceux-ci demeurent très en dessous des coûts de production, alors que les stocks de poudre demeurent élevés.
“Comme la situation se présente, la plupart des éleveurs laitiers vont continuer à perdre de l’argent pour chaque kilo de lait vendu et, même si on retrouve des prix rémunérateurs dans l’avenir, il faudra longtemps avant que le secteur se sorte de l’endettement et de la décapitalisation dû à la crise”, a déclaré Philippe Duvivier, producteur de la FUGEA (Belgique - organisation membre de ECVC).
Victor Pereira, de la Confédération Paysanne (France) ajoute : “ Il est inacceptable que du lait en poudre, qui est le résultat de l’intervention pour gérer de la crise, destinée à éliminer du marché le lait en excès, soit remis sur le marché !”
“L’intervention publique est nécessaire pour enlever du lait du marché lorsqu’il y a déséquilibre entre l’offre et la demande. Ce lait ne devrait pas être remis sur le marché tant que l’équilibre n’est pas rétabli. Ce n’est clairement pas le cas actuellement, comme le prouve l’échec de la mise sur le marché de 20 000 tonnes de poudre de lait par la Commission, dont seulement 1 % ont finalement trouvé acquéreur.”
José-Miguel Pacheco-Gonçalves, du Comité de Coordination de ECVC, rappelle qu’à ce jour, la Commission détient un stock total de poudre de lait de 360 000 tonnes. Toutefois ce montant pourrait être supérieur si le prix de 21 € qui déclenche l’intervention était relevé pour inclure le coût réel de production, ainsi que le demande le secteur.
Le seul aspect positif de l’effort de la Commission pour placer du lait sur le marché a été que celle-ci a expérimenté les difficultés et le désarroi ressenti par le secteur lorsqu’il essaie de se débarrasser de la production en surplus. Cette situation, comme l’ont commenté Stéphanie Delhaye et Henri Lecloux, producteurs du MAP (Belgique, membre de ECVC), résulte de la suppression des quotas laitiers, qui a fracassé les prix à la production.
Avec cette initiative, ECVC réaffirme une fois de plus que seul le rétablissement d’un instrument public qui régule la production peut mettre un terme à la destruction de la production laitière en Europe, et sauvegarder la qualité et la durabilité du modèle de production.
Depuis l’abolition du système de quota laitier, le secteur a fait face à des crises répétées et de plus en plus longues.
La politique de dérégulation du secteur est taillée pour la grande distribution et l’industrie laitière. Elle ne sert pas les intérêts des producteurs et des consommateurs.