mardi, 18 février 2020
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Pour une alimentation saine pour tous, contre l'injustice sociale, le changement climatique et la perte de biodiversité. L'agriculture nous concerne tous et toutes.

Ce matin a eu lieu a Bern la conférence de presse d'annonce de la manifestation "L'alimentation est politique!" de ce samedi 22 février.

Uniterre a présenté les revendications suivantes dans le cadre de sa participation:

Sur les plans écologique, social et économique, la politique agricole actuelle est en difficulté. L'agriculture paysanne est tiraillée entre la pression vers plus de marché, de libre-échange et d'esprit d'entreprise, et les demandes toujours plus nombreuses de durabilité et de bien-être des animaux. La pression sur les coûts s'en trouve accrue, les intrants et les investissements sont élevés et le prix de vente est bien inférieur au prix couvrant les coûts de production. Résultat : 3 fermes par jour ferment définitivement leurs portes.

Depuis sa fondation en 1951, le syndicat paysan Uniterre poursuit l'objectif d'une agriculture durable. L'agriculture fournit d'importants services sociaux, tels que la production d'aliments sains, le développement rural, la protection des paysages, la promotion de la biodiversité et la préservation de la fertilité des sols. Ces services doivent être reconnus, soutenus par la société et, compte tenu de la crise climatique et écologique, fortement promus en termes de durabilité. La protection des ressources et des cycles naturels est d'une grande importance.

Avec le mouvement paysan international "La Via Campesina", Uniterre s'engage en faveur de la souveraineté alimentaire. Nous devons façonner la politique agricole et alimentaire de sorte à ce qu'elle réponde à nos besoins - de manière démocratique, équitable et autodéterminée : Un système alimentaire local, durable et diversifié, avec des conditions de travail dignes et équitables, ainsi que des prix justes.

L'agroécologie façonne le travail d'Uniterre et de La Via Campesina et combine les connaissances traditionnelles avec la défense des droits des paysan.ne.s. Ces derniers englobent l'accès aux semences, à la terre, à l’eau et à d’autres biens communs. Nous comprenons l'agroécologie comme un processus social. Les initiatives en faveur de l'agroécologie, de la souveraineté alimentaire et de la déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant en milieu rural (UNDROP) sont des résultats concrets de l'engagement des paysan.ne.s en faveur de la justice. Ils forment l'actuelle base du travail politique d'Uniterre.

Les accords de libre-échange nuisent à l'agriculture dans le monde entier. Nous revendiquons que les produits agricoles doivent être protégés contre les importations de denrées alimentaires bon marché, et que les biens agricoles doivent être exclus des accords de libre-échange. Nous sommes dépendants du commerce transfrontalier, mais celui-ci doit être basé sur des normes équitables et écologiques, et non sur des prix de dumping. L'approvisionnement de la population en denrées alimentaires nationales est une priorité.

La situation des revenus des agriculteurs doit être améliorée. Des prix équitables, des contrats d'achat à long terme avec des quantités et des prix contraignants, garantissent des investissements futurs qui tiendront compte de l’écologie et du bien-être animal. Notre objectif est de répondre aux besoins réels de la population, qui soit servie aussi directement que possible, et non de satisfaire un marché dominé par de grands distributeurs et quelques transformateurs. Les prix des denrées alimentaires ne doivent pas devenir le jouet d'une politique sociale malavisée.

Les femmes d'ici et d'ailleurs dans le monde ont un accès très limité à la terre. En Suisse, seulement 6 % des exploitations agricoles sont gérées ou détenues par des femmes. C'est pourquoi nous exigeons : Plus de personnes dans les exploitations agricoles, et non de moins en moins ! Dans l'agriculture également, le travail devrait être réparti de manière équitable entre un plus grand nombre de personnes, hommes, femmes et jeunes.

Une agriculture d'avenir signifie pour nous que les personnes travaillant dans l'agriculture, le commerce alimentaire, la gastronomie et la transformation trouvent un moyen de subsistance et qu'une vie digne pour tou.te.s soit ainsi rendue possible.

Notre mouvement est également un pont vers le Sud. L'appauvrissement mondial des paysan.ne.s, le monopole des semences par l’agroindustrie, la saisie et l'expulsion des terres et les exportations bon marché du Nord sapent également la souveraineté alimentaire et détruisent les moyens de subsistance des paysan.ne.s de cette région, avec pour conséquences la fuite et la migration. Nous disons : « Ca suffit ! »

Maria Jakob, Ursina Töndury et Mathias Stalder, Uniterre