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S’il est bien un refrain que les productrices et producteurs suisses de lait ont entendu depuis la fin des contingents laitiers, c’est bien qu’il y avait surproduction de lait et que cela a contraint les acheteurs et transformateurs à trouver une parade pour faire face à cette offre pléthorique. Des montagnes de beurre se sont matérialisées, de la poudre de lait a été massivement préparée puis stockée. Devant les difficultés à écouler ces denrées sur le marché suisse, les industriels ont eu recours à l’exportation. Cependant, afin d’être concurrentiels sur le marché européen, voire mondial, ces produits ont vu leur prix réduit artificiellement, et le manque à gagner a été mis en grande partie sur le dos des producteur.trice.s. Ainsi, chacune et chacun a vu sa maigre paie de lait amputée de quelques centimes supplémentaires (0,35 centimes/litre de lait pour tous les producteur.trice.s de lait et 0,45 centimes/litre de lait pour les producteur.trice.s de lait de centrale entre 2014 et 2016 via Fromarte), afin de financer l’écoulement du surplus. Certes, les transformateurs ont aussi participé financièrement, cependant ils ne sont pas dans une situation aussi précaire que les familles paysannes.

Des consommateur.trice.s averti.e.s ont signalé ces derniers jours via les réseaux sociaux la présence, dans les rayons Migros, de plaques de beurre de cuisine comportant la mention « Lieu de production temporaire : EU ; pénurie de matières premières ». Ainsi donc, lorsqu’il y a surproduction, les productrices et producteurs passent à la caisse ; et lorsqu’il y a un manque, ce sont les consommatrices et consommateurs qui trinquent, car le prix pour ce beurre, tiré d’un lait produit selon des normes moins sévères, n’a pas été baissé. Et bien évidemment, les familles paysannes n’en tireront aucun avantage non plus. Personne en effet n’envisage actuellement une augmentation du prix indicatif.

L’objectif de nos chers distributeurs est on ne peut plus clair. Par une pression continue sur les prix, on force les paysannes et paysans à cesser la production laitière. Puis la pénurie venue, on peut en toute légitimité demander l’ouverture des frontières pour pallier le manque. Ne restera plus qu’à faire d’une situation temporaire un acquis permanent, et l’ouverture de la ligne blanche sera consommée. Qui aura alors les reins assez solides pour continuer la production laitière en Suisse, avec toutes les contraintes qui en découlent ?

En attendant que la défense professionnelle FPSL (Fédération des Producteurs Suisse de Lait) et que l’Interprofession Lait (IP Lait) réagissent, nous invitons les consommatrices et consommateurs à boycotter ce beurre importé, et à favoriser l’achat auprès des producteur.trice.s directement, ainsi que des fromageries artisanales. Et bien évidemment, nous demandons une adaptation immédiate du prix du lait, avec effet rétroactif au 1er novembre 2019. Il en va de la sauvegarde d’une part importante de notre patrimoine, et de la survie des quelques 19'000 familles paysannes à préserver ce savoir-faire unique.

Contacts presse :

Philippe Reichenbach (FR) – Commission lait d’Uniterre – 079 640 89 63

Maurus Gerber (DE/FR) - 024 454 18 05


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Le prix payé aux producteurs et productrices de lait fait débat depuis des années. Il est, en effet, très inférieur aux coûts de production, estimés à 1 franc par litre (AGRIDEA, 2016). Pour la première fois en Suisse, des produits laitiers basés sur une rémunération des producteurs et productrices à ce tarif sont proposés à large échelle dans la grande distribution. Il s’agit d’une avancée importante, qui permet aux consommateurs et consommatrices de s’engager pour un commerce équitable au sein du pays.

La gamme du lait équitable Faireswiss est lancée ce jour dans les 31 magasins Manor de Suisse.

Il s’agit d’une brique de lait Tetra Edge UHT entier (3,5% MG), provenant du transformateur Cremo. Mais aussi cinq fromages à pâte molle de la fromagerie Grand Pré à Moudon : le Brie de Moudon, le Bourg-Mignon, le Cœur de Moudon, le St-Etienne et le Reblochon.

L’événement de lancement officiel a été organisé ce jour dans les locaux de Cremo, au Mont-sur-Lausanne, en présence des coopérateurs et coopératrices de la coopérative du lait équitable, de Manor ainsi que le président de l’European Milk Board (EMB), Erwin Schoepges. Ce dernier a présenté la famille des laits équitables existant en Europe, sous l’égide de l’EMB, à l’instar de Fairebel, Fairefrance, etc. Faireswiss vient compléter la famille des laits équitables d’Europe.

Le projet Faireswiss ?

Un projet qui rémunère équitablement les producteurs et productrices de lait, c’est à dire à un prix qui couvre les coûts de production, à savoir 1 Fr. par litre, soit 30% de plus que le prix payé actuellement. La rémunération auprès des coopérateurs et coopératrices se fera par une rétribution de 35 centimes par litre de lait pour chaque producteur.coopérateur et productrice.coopératrice de lait de centrale. Le calcul est le suivant : le lait segment A est payé en moyenne 65 centimes (prix indicatif segment A = 71 cts moins les déductions prises par les transformateurs) ; nous complétons ce prix de lait segment A de 35 centimes par litre pour arriver à 1 Franc.

A ce jour, 14 producteurs et productrices de lait, répartis sur les cantons de Vaud, de Fribourg, du Jura Bernois, du Jura, de Neuchâtel, ainsi que d’un canton suisse-alémanique - Bâle campagne - se sont engagés dans la coopérative du lait équitable, au moyen de parts sociales calculées en fonction de leur litrage. Ce projet est à destination de tous.te.s les producteurs et productrices de lait Suisse. A terme, la coopérative s’engagera donc à convaincre plus de producteurs et productrices de lait de Suisse romande ainsi que de Suisse alémanique à la rejoindre.

Les producteurs et productrices de lait de Faireswiss sont engagés dans au minimum deux des trois programmes fédéraux de durabilité : PLVH, SRPA ou SST* et respectent les PER - Prestations Ecologiques Requises.

L'événement de lancement auprès des consommateurs et consommatrices aura lieu dans les magasins Manor suivants: Genève, Chavannes de Bogy, Lausanne, Vevey et Marin (Neuchâtel) les 27 et 28 septembre, où les coopérateurs et coopératrices animeront des stands sur place.

Pour plus de renseigenements sur le projet, www.le-lait-equitable.ch et www.europeanmilkboard.org

Contact presse :

Anne Chenevard, présidente de la coopérative lait équitable – 079 924 51 84

Patrick Demont,vice-président de la coopérative lait équitable – 079 637 52 27

*PLVH : Production de Lait et de Viande basée sur les Herbages

SRPA : Sorties Régulières en Plein Air

SST : Système de Stabulation particulièrement respectueux des animaux

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Emission Mise au point sur le lancement du projet du lait équitable


Le soi-disant "tapis vert", a été introduit cette année et devrait garantir une hausse du prix du lait de 3 cts/kg. Le prix indicatif a été relevé à 71 cts/kg ! Qu'en est-il chez les producteurs ? Nous demandons que ce prix ait valeur départ ferme pour le segment A et qu'il soit appliqué immédiatement ! Nous refusons la baisse de prix annoncée par Emmi !

Par ailleurs nous voulons que les livraisons des segments B et C soient volontaires et sans incidence sur le volume du segment A !

Comme le propose la motion Noser soumise à délibération au Conseil des Etats nous exigeons que les contrats laitiers comprennent des dispositions claires (en kg) sur les quantités attribuées aux segments du marché laitier pour une durée d'au moins trois mois !

Nous exigeons de la part de la Confédération que les primes à la transformation fromagère soient payées aux producteurs comme l'exige la loi !

En ce temps de luttes pour une limitation du changement climatique, où tous aiment parler de développement durable, nous affirmons le fait qu'il n'y aura aucun "tapis vert", aucune production durable sans une rémunération qui paye équitablement le travail paysan !

Emmi a engrangé 700 millions de bénéfices durant les 5 dernières années. Le chef d'Emmi a gagné CHF 1'421'000.- en 2017. Pour leur part Coop et Migros ont réalisé un bénéfice de 473 respectivement 475 millions en 2018. Ces chiffres montrent que pour certain il ne s'agit pas d'un tapis vert mais d'un tapis rouge. Ceci alors que les producteurs livrant à Emmi touchent 50 cts/l . Il est temps d'exiger une répartition juste de la plus-value engrangée. Car la production alimentaire n'est pas une activité déficitaire elle est indispensable et elle produit de la richesse ! Le seul hic c'est que cette richesse n'arrive pas chez les paysans et les paysannes.

Hier des milliers de paysans ont manifesté, dix années après la révolte paysanne et la grève du lait en France, pour un avenir pour la production laitière et un changement des politiques agricoles ! Nous sommes solidaires de la lutte de nos collègues et appelons la politique d'agir enfin dans l'intérêt public et d'améliorer la position des paysannes, des paysans ainsi que des consommatrices et consommateurs dans un marché dominé par l'industrie et la grande distribution. Une agriculture vivante, paysanne, durable et locale, de la transparence sur le marché ainsi que des circuits courts répondent aux défis actuels et correspondent à l'intérêt public ! Il est temps d'agir !

Revue de presse:

https://www.lematin.ch/suisse/producteurs-laits-manifestent-emmi/story/25364916

https://www.20min.ch/ro/news/suisse/story/Les-producteurs-de-lait-manifestent-contre-Emmi-19802030

https://www.lacote.ch/articles/suisse/manif-des-producteurs-de-lait-contre-les-prix-baisses-d-emmi-867396

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Déclaration commune des organisations paysannes de défense de la production laitière Suisse

Uniterre, Big-M, BBK (Bernische Bäuerliche Komitees), BZS (Bäuerliches Zentrum Schweiz) et NBKS (Neue Bauerliche Koordination Schweiz) ont travaillé sur une déclaration commune mettant en avant les revendications concernant la défense de la production laitière suisse.

Déclaration commune des organisations paysannes de défense de la production laitière Suisse

Appel pour la création d’un fonds juridique

Uniterre travaille d'arrache-pied sur la question brûlante des primes à la transformation fromagère. Mais nous voulons aussi nous préparer financièrement à d'autres batailles juridiques. Au cours des derniers jours, nous avons reçu beaucoup de dossiers potentiels, que nous aimerions examiner sur le plan juridique. C'est pourquoi nous nous permettons de vous demander votre soutien financier. Vous pouvez verser vos dons sur le compte "Fonds juridique" : IBAN CH51 8013 9000 0228 4965 5. Merci beaucoup !

Rappel manifestation devant EMMI

Manifestation pour un prix du lait équitable et un marché du lait transparent !

Nous nous mobilisons devant le siège d'Emmi, Seetalstrasse 200 à Emmen le mardi 17 septembre 2019, de 11 h 00 - 12 h 00.

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Depuis plus d'une décennie, l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) couvre le détournement organisé de l'argent des contribuables. Le fait est que les transformateurs et les fromageries n'ont pas toujours transmis le supplément à la transformation fromagère (15 cents/kg de lait) aux producteur.trice.s de lait et l'ont retenu pour eux-memes. L'OFAG en avait conscience ce que confirme l'analyse de la recherche agronomique suisse (2014, source*). Selon cette étude seulement 60% des primes fromagères ont effectivement été rétrocédées aux producteur.trice.s de lait. En 2018, Emmi, la plus grande entreprise de transformation du lait, a perçu à elle seule 50,3 millions de francs de primes fromagères.

Un petit calcul montre l'ampleur du problème : on peut supposer que sur un montant annuel de 300 millions de francs de supplément de prime à la transformation fromagère, 120 millions de francs par an n'ont pas été versés correctement. Les primes au fromage ont été introduites en 1999. Le total de cette estimation s'élève à plus d'un milliard de francs.

Uniterre a attiré à plusieurs reprises l'attention sur cette pratique illégale et le non respect de l’ordonnance sur le soutien du prix du lait (OSL Art. 6b). En dernier lieu le 12 décembre 2018 par une interpellation du conseiller national Fabian Molina « Supplément pour le lait transformé en fromage. Tromperie systématique? »

Les agriculteur.trice.s sont immédiatement sanctionnés pour toute mauvaise conduite dans les controles. Nous exigeons un traitement transparent, des conséquences pour le personnel et une adaptation immédiate et conforme à la loi des contrats d'achat de lait et des pratiques de paiement.

Nous vous invitons à la conférence de presse du jeudi 5 septembre à 9h30 au Café fédéral (1 étage), Barenplatz 31 à Berne :

Fabian Molina (Conseiller national SP)

Berthe Darras (Commission Uniterre du lait)

Andreas Volkart (Recherche)

Heinz Siegenthaler (Bäuerliches Zentrum Schwer)

Rudolf Andres (Bäuerliches Komitee)

Mathias Stalder (Uniterre)


Manifestation pour un prix du lait équitable et un marché du lait transparent !

Nous nous mobilisons également devant le siège d'Emmi, Seetalstrasse 200 à Emmen le mardi 17 septembre 2019, de 11 h 00 - 12 h 00.

* Wirkungsanalyse der Verkäsungszulage auf den Milchmarkt | Kurzbericht215/Agrarforschung Schweiz 5 (5): 212–215, 2014 Giulia Listorti und Axel Tonini, Bundesamt für Landwirtschaft BLW, 3003 Bern, Schweiz

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Nous nous sommes retrouvés en ce mardi 16 juillet devant la Migros du Shopiland de Schonbühl pour protester contre l'annonce de la baisse du prix du lait annoncée par ELSA- le transformateur de Migros - à ses producteur.trice.s de lait au 1er juillet 2019. Cette annonce de baisse de prix du lait est inacceptable et incompréhensible ; alors que la situation du marché laitier en Suisse comme en Europe vit actuellement une embellie. Cette décision ne va faire qu'aggraver la situation déjà catastrophique des producteur.trice.s de lait Suisse.

Au moyen d'un cercueil représentant le.la dernier.ère producteur.trice de lait Suisse, nous - Uniterre mais aussi les organisations paysannes Big-M, BZS (Bäuerliche Zentrum Schweiz) et BBK (Bernische Bäuerliche Komitees) - avons exprimés notre mécontentement envers ELSA/Migros et demandons un retour en arrière sur cette décision scandaleuse.

Ci après: le discours lu lors de l'action expliquant la situation et les faux arguments mis en avant par ELSA/Migros pour justifier cette baisse de prix.

Discours

Revue de presse:

https://www.agrihebdo.ch/news/la-baisse-de-trop-/5...

https://www.agrihebdo.ch/video/nos-videos/83?LinkI...

https://www.srf.ch/play/tv/10vor10/video/fokus-in-der-schweiz-grasen-immer-weniger-milchkuehe?id=c624aaf0-c824-4791-ab93-726ad2adc3bc

https://www.bauernzeitung.ch/artikel/milchpreissen...

https://www.schweizerbauer.ch/politik--wirtschaft/...

https://www.badenertagblatt.ch/wirtschaft/bauern-p...

https://avenue.argusdatainsights.ch/kundenartikel/...

https://avenue.argusdatainsights.ch/kundenartikel/...

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Pour la première fois depuis longtemps, le marché laitier vit une embellie : la production actuelle n’est pas excédentaire, les stocks de beurre et de poudre sont au plus bas (production cumulée de janvier à mars 2019, en comparaison à 2018 : lait – 3.3% et beurre – 12.6%). La situation sur le marché européen est similaire. Et pourtant, des transformateurs décident de baisser le prix du lait. En particulier, ELSA - transformateur de Migros - qui a l'une des meilleures mises en valeur du lait sur le marché, impose la baisse la plus importante : 3 centimes par litre de lait à partir du 1er juillet 2019.

Migros propose un lait « durable » depuis le début de l'année 2019 mais cela ne garantit en rien la pérennité des exploitations laitières avec une baisse de 3 cts sur du lait qui est déjà payé 40% de moins que les coûts de production. Le seul point durable qu'il y a dans le lait Migros, c'est la durabilité de ses marges! Et cerise sur le gâteau : son lait « durable » est mis en avant avec, entre autres, la mention « partenariats équitables »... !!

Elsa n'est pas le seul transformateur à agir en ce sens. Emmi a également annoncé une baisse de 0,4%.

Cette décision ne va faire qu'aggraver la détresse des producteur.trice.s de lait. Pour rappel: pour produire 1l de lait en Suisse, cela coûte environ 1fr. en plaine alors que les producteur.trice.s de lait touchent entre 50 et 60 centimes par litre.

Message pour ELSA-Migros : si vous ne vous décidez pas à revenir en arrière, attendez vous à nous voir débarquer avec nos grosses bottes dans vos magasins!

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La prime à la transformation fromagère, anciennement à 15 cts par kilo de lait, aujourd’hui à 10,5cts par kilo de lait suite à la suppression de la loi chocolatière au 1er janvier 2019, est une prime versée par la Confédération à l’industrie laitière. Cette prime est destinée à maintenir le prix du lait dans un marché fromager libéralisé. Cette prime à la transformation fromagère doit revenir directement aux producteur.trice.s de lait. Ceci est stipulé dans l’art. 6 let.b de l’Ordonnance sur le Soutien du prix du Lait (OSL) et dans l’art. 38 de la loi fédérale sur l’agriculture (Lagr). Cependant, force est de constater que l’ordonnance et la loi ne sont que partiellement appliquées.

Selon une analyse de la Recherche Agronomique Suisse*, datant de 2014, entre 60 et 100 Mio de Fr sur les environ 300 millions versés par la Confédération, ne sont pas versés aux producteur.trice.s. Cette situation n'a pas changée. Suite à ce constat, un parlementaire, Monsieur Molina, a déposé en décembre dernier une interpellation à ce sujet, intitulée : « Suppléments pour le lait transformé en fromage. Tromperie systématique? ». Dans sa réponse, le Conseil Fédéral nie l'ampleur de l’abus et affirme que l'application de la loi est contrôlée ponctuellement par sondage. Nous avons donc envoyé une lettre ouverte à Monsieur Parmelin afin de dénoncer ce scandale !

Par le moyen de cet encaissement du supplément à la transformation fromagère non conforme à la loi, l'industrie laitière organise un dumping avec l'exportation de fromage à un prix en dessous du prix du lait payé en Europe. Cette situation ne peut plus durer !

*Analyse de l’impact sur le marché laitier du supplément pour le lait transformé en fromage, Listorti G., Tonini A.,Recherche Agronomique Suisse 5(5), 212-215, 2014


Annexes :

  1. Lettre ouverte envoyée à Monsieur Parmelin, responsable de l’OFAG
  2. Interpellation de Fabian Molina
  3. Avis du Conseil Fédéral à l’interpellation de Fabian Molina

Pdf avec les annexes

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Retour sur la grève du lait de 2008, un grand moment de mobilisation paysanne.



Chronologie

2005 - Première réunion des producteurs de lait européens (EMB) : Revendication d'un prix rémunérateur de 40 cts Euros / 1.- CHF et d'une régulation des quantités en main paysanne. Stratégie de regroupement des paysans, menace de grève du lait.

2005, 18 octobre - Conférence de presse à Berne organisée par Uniterre, Big-M et BZS, présentation du drapeau "Grève du lait - Oui / Milchstreik - Ja". 1200 drapeaux vendus durant l'hiver.

2006 - Sortie anticipée du contingentement laitier, octroi de quantités supplémentaires.

2007 - Libéralisation complète du commerce de fromage Suisse - UE.

2007 été - Début de la distribution des panneaux "Les paysans ont besoin d'un prix du lait équitable - Fr 1.-".

2008, 1er février - Manifestation à Berne, Uniterre et Big-M pour un prix rémunérateur.

26 mai - Début de la grève du lait en Allemagne.

27 mai - Big-M appelle à la grève du lait.

28 mai - Uniterre appelle à la grève du lait.

29 mai - Les chambres agricoles de Lucerne, Argovie se prononcent en faveur des revendications des producteurs.

30 mai - Les chambres zurichoises et jurassiennes se solidarisent également, grève partielle BZS, NBKS, BBK.

1 juin - PSL pose un ultimatum pour une hausse du prix à l'industrie et menace de se solidariser.

2 juin - Les négociations entre PSL et l'industrie et la grande-distribution aboutissent à un accord à minuit.

3 juin - Fin de la grève.

Juin - 80 % des producteurs de lait se prononcent dans une consultation de la base en faveur d'une gestion des quantités par l'organisation faîtière des producteurs.



Les revendications. Les organisations paysannes de base n'ont pas les mêmes revendications : au niveau des prix, BIG-M fixe une revendication de 10 cts supplémentaires au premier juillet et 1.- Fr à moyen terme, Uniterre revendique dès le départ 1.- Fr et le BZS revendique 85 cts au 1er juin et 1.- Fr à moyen terme.L'organisation faîtière PSL demande une hausse immédiate du prix du lait de 7 cts. Le prix du lait se situait alors à 72 cts.

Au niveau plus général, les organisations paysannes de base revendiquent toutes une gestion des quantités en main paysanne. Uniterre appelle les paysans à rejoindre l'EMB dans le but de regrouper l'offre. Les comités paysans NBKS/BZS/BBK, demandent à PSL de coordonner la grève.

Dynamique de développement du mouvement. Le travail de presse intensif (et les bonnes répercussions médiatiques, publication d'une liste online des grévistes dans le Schweizer Bauer), ainsi que la tenue des "centres de grève" à Obfelden et ensuite à Rikon et Safenwil ont un bon effet mobilisateur. L'ultimatum de PSL du 31 mai pour une grève générale ainsi que le soutien de plusieurs chambres cantonales élargissent encore le mouvement. Sur l'ensemble de la Suisse près de 50 % des producteurs de lait ont cessé de livrer leur lait. L'industrie laitière est sous pression.

Conclusion de la grève. Durant toute la journée de lundi 2 juin des négociations entre PSL, les transformateurs et les distributeurs ont lieu. Les organisations de base BIG-M et Uniterre n'y sont pas présentes. Lors d'un ultimatum posé à minuit, une hausse de 6 cts est proposée. Uniterre refuse la forme de l'ultimatum et demande une décision par la base. PSL et BIG-M acceptent le résultat et cessent la grève. Uniterre et NBKS arrêtent la grève le mardi 3 juin au soir. •︎


Rudi Berli
Agriculteur et secrétaire d'Uniterre

Complément à l'article-interview parue dans Uniterre - le Journal Paysan Indépendant - édition spéciale juillet 2018



Abréviations :
Big-M Bäuerliche Interssen Gemeinschaft - Milchmarktkampf
BZS Bäuerliches Zentrum Schweiz
NBKS Neue Bauern Koordination Schweiz
BBK Berner Bäuerliches Komitee
FPSL Fédération des Producteurs Suisses de Lait (organisation faîtière)
EMB European Milk Board


> article de 2008 avec nouvelles au jour le jour et photos

Communiqués de presse:

04.06.2008 Les producteurs d'Uniterre se sont retrouvés hier soir pour faire le point sur la grève
1 franc par litre de lait! - Le mot d'ordre de grève est levé.

03.06.2008 Uniterre maintient son mot d'ordre de grève jusqu'au moins mardi soir lors de l'assemblée prévue à 19h30 au Domaine des Barges à Vouvry. Une décision démocratique sera prise avec tous les producteurs présents.

01.06.2008 400 producteurs romands se sont retrouvés à Palézieux pour décider de la suite du mouvement.La grève se poursuit, les négociations n'ayant pas encore débuté. La revendication est de 1fr par litre.

30.05.2008 La grève se poursuit.

28.05.2008 Communiqué de Presse Grêve du lait
L'assemblée du producteurs de lait Uniterre-EMB a décidé à l'unanimité d'une grèsve du lait qui commence jeudi 29 mai au matin.

28.05.2008 invitation à l'assemblée des producteurs de lait Uniterre-EMB pour annonce grève lait illimitée

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Le 27 mars dernier, l’organisation paysanne Uniterre déposait auprès des Autorités fédérales sa pétition « Pour 1.- frs par litre de lait payé au producteur », munie de près de 25'000 signatures récoltées en 4 mois. Il demandait à la Confédération de remettre un peu d’ordre dans le marché du lait de consommation en faisant respecter la Loi sur l’Agriculture qui stipule que les paysannes et paysans doivent bénéficier d’un revenu moyen comparable aux autres secteurs économiques d’une même région.

La réponse du ministre de l’économie ne s’est pas faite attendre, et exprime une fois encore un mépris certain à l’égard des quelques 20'000 familles paysannes qui travaillent durement en production laitière. Non seulement il est écrit que la Confédération continuera de laisser la situation aller à vau-l’eau, en se cachant derrière le sacro-saint marché libéralisé du lait, mais en plus, M. Schneider-Ammann avoue implicitement que 75% des fermes laitières sont encore appelées à disparaître à l’avenir, faute de présenter, selon son point de vue, un seuil de rentabilité économique suffisant, et que rien ne sera fait pour maintenir la grande variété de ces fermes à taille humaine.

Le rouleau compresseur du libéralisme débridé continue son implacable progression, faisant fi des victimes et des dégâts environnementaux et économiques qu’il laisse sur son passage. Par la même occasion, la volonté populaire de sauvegarder la paysannerie locale est également bafouée, au profit de l’agro-industrie qui, par le biais de ses capitaux, aura bientôt la mainmise totale sur la production laitière helvétique.

Uniterre poursuit dès lors son engagement pour que paysannes et paysans bénéficient un jour d’un revenu équitable, et que consommatrices et consommateurs conservent l’accès à une alimentation saine, produite localement, loin des fermes-usines qu’ils ne souhaitent pas.

Lausanne, le 11 juin 2018