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L'entreprise transformatrice de lait ELSA a fait recours dans le procès qui l'oppose au président d'Uniterre Maurus Gerber concernant le versement de la prime à la transformation fromagère : Elle souhaite porter le procès en deuxième instance. Uniterre n'abandonne pas, mais a besoin pour cela d'un soutien financier.

Lors de la libéralisation du marché du fromage entre la Suisse et l’UE le 1er juin 2007, les taxes à la frontière sont tombées. Pour éviter l’effondrement du prix du lait de fromagerie, l'ordonnance sur le soutien du prix du lait (OSL) prévoit un supplément pour le lait transformé en fromage qui est versé au transformateur, mais explicitement destiné aux producteur.trice.s de lait. Cependant, une grande partie de cette prime ne parvient pas aux producteur.trice.s ! Maurus Gerber, président d'Uniterre et producteur de lait à la retraite, a donc ouvert une procédure judiciaire contre l'entreprise de transformation du lait ELSA - et a gagné en première instance.

Dans son jugement du 10 octobre, le tribunal d'arrondissement de la Broye a statué que la manière du versement de la prime fromagère par ELSA aux producteur.trice.s ne correspond pas à la volonté du législateur, entre autres, parce que le mode de contrôle par l’OFAG et défaillant et ne va pas jusqu’au bout. ELSA a fait appel contre ce jugement et porte ainsi le procès devant la deuxième instance, le tribunal cantonal.

Uniterre ne peut et ne veut pas s'avouer vaincue sur ce point. La prime pour le lait transformé en fromage doit enfin être versée directement aux producteur.trice.s, et non pas que dans un avenir indéterminé, comme le prévoit le nouveau paquet d'ordonnances du Conseil fédéral. C'est pourquoi il est clair que nous sommes déterminés à continuer le combat ! Mais pour cela, nous avons besoin de soutien. Les frais de justice et d'avocat seront certes pris en charge par ELSA, si Uniterre obtient à nouveau gain de cause. Mais nous ne pouvons pas compter sur cela. C'est pourquoi Uniterre va lancer prochainement un crowdfunding en collaboration avec une plateforme de financement participative, afin de couvrir les frais liés à la procédure. Ensemble, nous rendrons l'agriculture suisse plus juste !

Contacts pour les médias:

Maurus Gerber : plaignant, président Uniterre (FR/DE), 081 864 70 22, maurus.gerber@bluewin.ch
Rudi Berli : secrétaire Uniterre (FR/DE), 078 707 78 83, r.berli@uniterre.ch

Plus d’informations :

Communiqué de presse Uniterre 18.10.2022
La Migros condamnée en première instance face à un producteur de lait (RTS, 18.10.2022)

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Uniterre a le plaisir d'annoncer que le dialogue avec Bio Suisse sur la question de l'huile de palme évolue dans une direction positive : des organisations membres de Bio Suisse avaient décidé début février de présenter une motion sur l'huile de palme à l'attention de l'Assemblée des Délégués de printemps. Parallèlement, Uniterre a déposé auprès de Bio Suisse une proposition pour la poursuite du développement du dialogue sur l'huile de palme. Bio Suisse a réagi positivement aux demandes et à la proposition, de sorte qu’une discussion très ouverte s'est ensuite développée entre Bio Suisse, les associations requérantes et Uniterre.

Cette première discussion permettra de lancer un processus d'échange commun sur ce thème. Uniterre attend que les interlocuteurs abordent sans tarder des thèmes centraux en rapport avec la durabilité des matières premières critiques. Elle est confiante que le dialogue portera ses fruits !

Par ailleurs, Uniterre communique que le géant brésilien de l'huile de palme Agropalma (43'000 ha de cultures, dont 4'000 en bio, certifié Bio Suisse) a été condamné en 2020 par le Tribunal de Justice de l’État du Parà dans le Nord-est du Brésil pour avoir falsifié entre 1987 et 2006 des titres de propriété pour des dizaines de milliers d’hectares. Par ce biais, de nombreuses communautés indigènes ont été expulsées de leurs terres. Depuis plusieurs semaines, plusieurs communautés ont occupé une partie des plantations qu’Agropalma prétend posséder et exigent qu’on leur rende leur terres! Agropalma a bloqué toutes les routes vers les terres reconquises, sa police privée encercle les communautés et leur campement de fortune. Les journaux brésiliens en parlent presque quotidiennement, Uniterre pense qu'Agropalma va perdre cette partie malgré de nombreuses manœuvres pour essayer de légaliser ce vol de terres sur une grande échelle.

Uniterre a proposé à Bio Suisse et son organisme de certification d’examiner le cas pour prendre sans délai des mesures afin que la propriété des communautés locales sur les territoires qui leur ont été volés soit reconnue et que les terres soient immédiatement restituées aux communautés qui en furent expulsées. Nous nous réjouissons d’avoir appris de Bio Suisse qu’elle entrait en matière et a ouvert une enquête sur ce cas.

Uniterre se réjouit de la discussion avec Bio Suisse. Elle remercie également Pain pour le Prochain (aujourd'hui intégrée dans l’ »EPER »), "Friends of the Earth", FIAN et "Heidi's Mist", pour leur soutien constant dans toutes les recherches sur l'huile de palme depuis 2020 : ce travail a porté ses fruits et en portera encore !

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Cultures Locales est une structure d’agriculture biologique de proximité, dont la forme juridique est une Sàrl. Son activité est principalement dédiée à la production de légumes et de fruits biologiques, écoulée par le biais d’abonnements annuels de paniers distribués de fin mars à mi-décembre.
Cultures Locales accueille également des classes dans le cadre de l’École à la Ferme. L’équipe de jardinier.e.s est constituée de 8 membres salariés à temps partiels (dont 5 associéEs gérantEs), renforcée par des stagiaires, des bénévoles, des Wwoofers ainsi que par des adhérent.e.s volontaires qui viennent prêter main forte au champ.

Raison d’être du poste : Intégrer l’équipe de jardinière.ier.s pour la gestion collective d’une structure d’agriculture contractuelle de proximité en bio.
Taux d’emploi : 60 % annuel, soit 40 % de novembre à avril et 80 % de mai à octobre.
Localisation : 548 Rte du Mandement, 1283 Dardagny, Canton de Genève
Durée du contrat : Contrat à durée indéterminée avec une possibilité de s’associer à terme.
Entrée en fonction : 1er juillet 2021

Description du poste
La personne retenue devra s’investir dans la gestion globale et quotidienne de l’entreprise. Elle devra mobiliser ses compétences agronomiques et s’impliquer dans la gestion collective, aussi bien sur un plan cultural que sur un plan humain. Les décisions sont prises de façon horizontale.
Les tâches et responsabilités sont réparties entre les membres de l’équipe :
• Gestion administrative
• Planification des cultures maraîchères
• Préparation du sol et suivi des cultures (du semis à la récolte en passant par l’entretien et les mesures phytosanitaires pour chaque culture)
• Gestion logistique de la préparation et de la distribution des paniers hebdomadaires.
• Répartition et gestion du travail d’équipe
• Prise en charge des divers groupes qui viennent aider aux tâches agricoles (adhérent.e.s, stagiaires, bénévoles)
• Développement à court, moyen et long terme de Cultures Locales


PROFIL recherché par Cultures Locales

• Qualification certifiante (CFC idéalement avec brevet pour la formation des apprentis ou titre HES agronomie) suisse ou équivalente

• Expérience dans le domaine agricole de la culture de légumes bio, en particulier planification des cultures et fumures
• Volonté de participer à la gestion d’entreprise
• Motivation et implication dans l’esprit d’équipe, autonomie, polyvalence
• Fibre sociale
• Maîtrise des outils informatiques
• Permis de conduire
• Affinité avec les tracteurs et les machines
• Être prêt à travailler des week-ends


Ce que Cultures Locales a à offrir
Rejoindre une équipe dynamique, dans un beau cadre naturel, respectueux de son environnement et dans une ambiance qui prône l’ouverture et le fonctionnement horizontal. L’accent est mis sur des valeurs éthiques, sociales et solidaires. Cultures Locales offre une grande variété de tâches et d’expériences, valorise les variétés anciennes, le travail artisanal, les circuits courts et la biodiversité. Les repas de midi sont pris en charge.

POSTULATION
Si vous vous reconnaissez dans ce profil et êtes motivé·e par ce poste, veuillez envoyer votre dossier complet (lettre de motivation, Curriculum Vitae, copie des diplômes et certificats de travail) à l'adresse info@cultureslocales.ch ou par la poste à l’adresse : 548 Rte du Mandement, 1283 Dardagny.
Délai de postulation: 10 janvier 2021

Rudi Berli, maraîcher, secrétaire d'Uniterre


Dans son introduction à la réforme de la politique agricole, le Conseil Fédéral affirme que les objectifs ont été atteints dans différents domaines : "En effet, les revenus ont augmenté dans l’agriculture, …" mais quelques pages plus loin, il précise son propos: "L’amélioration de la compétitivité du secteur agroalimentaire suisse est un objectif prioritaire de la politique agricole"!

Le revenu de l’activité agricole réalisé en 2018 atteint 70’600 francs par exploitation, marquant une augmentation de 4,1 % par rapport à l’année précédente. C'est une bonne nouvelle, mais elle est toute relative ! Les exploitations agricoles suisses comptent en moyenne 1,36 unité de travail plein temps.Par unité de travail, le revenu agricole est donc de 51'911 francs. Rappelons que le salaire médian brut suisse se situe à 78’000 francs. Au niveau mensuel, cela représente pour le salaire médian 6’502 francs bruts en 2016 et pour le revenu paysan mensualisé, 4’340 francs en 2018. Sachant que le temps de travail moyen en Suisse est de 41,5h par semaine alors que dans l'agriculture, il est en moyenne de 60h, cela représente une rémunération horaire de 39 francs, respectivement 18 francs pour les paysan.ne.s! Cette différence est encore beaucoup plus marquée dans les régions de collines et de montagne. (cf. tableau)

État comparatif des salaires 2016/2018 par région

Région

Revenu du travail par UTAF

Salaire de référence


Francs par an

Francs par an

Région de plaine

57 343

74 664

Région des collines

40 580

69 773

Région de montagne

34 321

66 599

Source : Agroscope, Dépouillement centralisé des données comptables ; échantillon « Situation du revenu »

L'article 5 de la Loi sur l'agriculture prescrit pourtant à l'alinéa 1 que "les mesures prévues dans la présente loi ont pour objectif de permettre aux exploitations remplissant les critères de durabilité et de performance économique de réaliser, en moyenne pluriannuelle, un revenu comparable à celui de la population active dans les autres secteurs économiques de la même région" et dans l'alinéa 2 que "si les revenus sont très inférieurs au niveau de référence, le Conseil fédéral prend des mesures temporaires visant à les améliorer." Qu'en est-il alors ?

Dans son message sur la nouvelle politique agricole 22+, le Conseil Fédéral ne mentionne, sur l'ensemble des 250 pages, aucune mesure pour remédier à cette situation !

Le revenu du travail à l'extérieur est souvent la seule planche de salut pour pouvoir continuer à survivre financièrement. Il se monte en moyenne à 31’800 francs. Les fermes spécialisées dans la transformation, de même que celles qui sont actives dans les cultures végétales (cultures spéciales ou grandes cultures), comptent parmi celles qui réalisent le revenu moyen le plus élevé. Par contre, l’élevage de vaches laitières, celui de vaches mères et celui de divers bovins (c’est-à-dire de bovins et d’une petite proportion de vaches laitières) ainsi que l’élevage de chevaux, de moutons et de chèvres génèrent un revenu de 15 à 30 % inférieur à la moyenne agricole suisse.

Les paiements directs

Au niveau comptable, les paiements directs représentent en moyenne environ 25% des produits d'une ferme. Ce qui nous amène au paradoxe qu'à part l'évolution structurelle, c'est-à-dire le démantèlement progressif de l'agriculture paysanne, aucune mesure n'est prévue pour améliorer les revenus paysans sur le marché dans la nouvelle politique agricole ! En effet, c'est à cause de la destruction des fermes, que le revenu sectoriel du travail par unité de travail annuel augmente. Certains agriculteurs vont, en plus de leur exploitation, travailler jusqu'à 100%à l'extérieur pour tenter de renflouer les comptes courants qui plongent, qu'ils ont consolidés par des emprunts à moyen terme et qui retombent assez vite dans le rouge.

L’endettement

Rappelons dans ce contexte que l'endettement moyen des fermes suisse est de près de 500'000 francs en 2017 soit un pourcentage d'environ 50% par rapport aux actifs. Par hectare de surface agricole, cet endettement est de 20'000 francs. ( source Agroscope 2014) En effet, les agriculteurs souffrent également financièrement des calendriers de paiement de leurs récoltes et de leur travail. Alors que les paiements directs sont versés en juin et novembre, les comptes courants sont fortement sollicités entre janvier et mai, et entre juillet et octobre. Le paiement des céréales, des betteraves sucrières en juillet de l’année suivant la récolte et même les paies laitières arrivent après livraison (environ 15 jours après la fin d’un mois). Pour certaines productions, le paiement arrive jusqu'à une année après. Le problème, ce n’est donc pas seulement les prix trop bas, mais également l'échelonnement des paiements directs, bisannuels au lieu d'être mensuels et l'absence d'acomptes de production.

Quel autre secteur économique pourrait absorber une telle incertitude et une telle hypothèque financière permanente ?

Payer le prix équitable, bien manger, un luxe ?

Si nous y regardons de plus près, nous voyons comment le modèle agricole actuel est déterminé par les intérêts financiers et commerciaux des grandes entreprises (du secteur agro-industriel et de la grande distribution), qui cherchent à profiter de quelque chose d’aussi essentiel que l’alimentation. Ce système de marché dérégulé, dans sa course pour transformer les besoins en marchandises, les droits en privilèges, transforme aussi la cuisine, et en particulier les produits alimentaires de qualité, en un luxe. La malbouffe et les maladies qui y sont liées touchent aujourd'hui principalement les plus pauvres et la différence entre l’alimentation pour les riches et celle pour les pauvres est renforcée.
Une production agricole et un système alimentaire durables permettent au contraire par des contrats de production et de prise en charge négociés préalablement entre producteur.trice.s et acheteurs, d'approvisionner toute la société avec des aliments de qualité et de développer un modèle agricole qui respecte les ressources environnementales et les paysan.e.s. Ces négociations peuvent se faire à tous les échelons, entre voisins, autour d'une crèche, une école, un village ou un quartier.Les contrats peuvent aussi être négociés pour l'ensemble d'une filière par une organisation des producteurs de la branche avec les distributeurs et les transformateurs. A la Confédération, il appartiendra cependant de fixer un cadre qui permette un exercice de négociation démocratique, transparent et équitable. Ce sont la qualité, la quantité, le prix, les modalités de paiement et de livraison et les paiements d'acomptes de production qui doivent être déterminés à l'avance. Ce système permet une transparence sur les marges du commerce et rend accessible une alimentation de qualité produite dans des conditions durables, équitables pour les producteur.trice.s et pour les consommateur.trice.s. Telle devrait être la vision sociale qui doit guider la politique agricole. (journal uniterre avril 2020)

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Profil
Pour accompagner le développement de ses paniers bio contractuels, les Jardins de Mamajah recherchent dès 2020 idéalement un jeune retraité maraîcher/une jeune retraitée maraîchère ayant assuré pendant de nombreuses années une production biologique / biodynamique, avecun vif intérêt pour le modèle agro-écologique, l’agro-foresterie et les outils permaculturels. Une personne dynamique, ayant le sens des responsabilités, qui est à même de gérer les objectifs de productivité tout en se consacrant à la transmission.

Mission
Soutenir et encadrer l’équipe fixe des trois jeunes maraîchers, pour ensemble réussir le plan de culture annuel et mener progressivement à son potentiel la production de légumes et fruits bio aux Jardins de Mamajah qui visent à assurer au minimum la livraison hebdomadaire de 150 paniers contractuels.
- En relation avec l’équipe : organiser /planifier la production et coordonner le planning hebdomadaire des travaux (semis, plantations, paillage, arrosage, désherbage)
- Veiller au respect des principes de culture biologique et des soins bio-dynamiques à apporter à la terre, aux cultures maraichères et fruitières.
- Assurer la production visée, de légumes, herbes, fruits en relation avec le potentiel des 2,5 hectares de SAU à disposition.
- Veiller à la qualité des récoltes, du stockage des légumes et de leur conditionnement.
- Veiller à l’entretien du jeune verger permaculturel et développer la dimension agroforestière.

Suite des informations (pdf)

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Les paysannes et les paysans seraient des grands bénéficiaires de l’aide sociale et feraient mieux de devenir de vrais entrepreneurs, entendons-nous de temps à autre. Comment expliquer les paiements directs à la population ? Quelles sont les faiblesses du système ? Avons-nous des propositions d’amélioration ?

Interview d'Eveline Dudda, journaliste agricole, qui connaît bien le sujet des paiements directs.


Madame Dudda, les paiements directs ne sont pas des subventions, quelle est la différence?

La production est plus chère en Suisse qu’à l’étranger en raison de ses coûts élevés, c’est un fait incontesté. C’est la raison pour laquelle, autrefois, la Confédération a subventionné la production directement, c’est-à-dire avec des subventions. Lors de son adhésion à l’OMC, la Suisse s’est engagée à les supprimer. Cependant, cela ne change rien au contexte des coûts élevés en Suisse et le gouvernement a promis aux paysans de leur donner de l’argent sous la forme de paiements directs. Ces paiements ont été couplés à des prestations qui n’ont, si possible, aucun lien avec la production. En lisant la Vue d’ensemble de la PA 2020, j’ai remarqué que le Conseil fédéral utilise maintenant le terme de "rentes". Pourtant, une rente désigne un revenu sans contrepartie.


Du budget de 3,5 milliards de francs que la confédération a attribué à l’agriculture, 2,7 milliards sont alloués aux paiements directs. les paysannes et les paysans profitent-ils de cet argent?

C’est une question difficile. Il est vrai que seule une poignée de fermes survivraient sans paiements directs, notamment les exploitations qui peuvent commercialiser leurs produits dans un secteur très haut de gamme. Mais, quelqu’un doit payer. Soit en passant par les impôts et les paiements directs, soit par des prix plus élevés dans les magasins. Étant donné que les ménages ayant des revenus modestes paient moins d’impôts, on pourrait dire que le système des paiements directs est un peu plus social du point de vue des consommateurs.


D’accord pour les consommateurs, mais est-ce aussi vrai pour les paysannes et les paysans?

Oui et non. Pour certaines exploitations, le compte est bon. Mais il y a également des fermes qui reçoivent peu de paiements directs, malgré des coûts de production très élevés. Lorsqu’on analyse les données comptables de fermes biologiques, on constate qu’elles reçoivent souvent plus de paiements directs, mais cela ne se reflète pas tel quel dans le revenu. On voit donc qu’une partie des paiements directs est absorbée par le commerce ou le marché en aval.


Les paysannes et paysans dépendent de plus en plus des paiements directs, c’est très désagréable.

Je comprends, surtout, d’autant plus que ces contributions peuvent changer n’importe quand. Le gouvernement et la politique élaborent des outils pour encadrer le travail des agriculteurs. Mais ni l’un, ni l’autre n’ont un rapport étroit avec la pratique et cela produit des absurdités comme dans la PA14-17.


Qu’entendez-vous par absurdités?

L’argument principal pour la PA14-17 était l’affirmation qu’il y avait trop d’animaux de rente et qu’il fallait réduire leur nombre en raison des émissions d’ammoniaque, etc. Pour y arriver, il y avait un moyen très simple : à l’époque, il y avait une contribution pour animaux et elle était liée à une charge maximale de bétail par hectare. Il suffisait de diminuer cette charge maximale. Mais cette solution était trop banale pour les architectes de la PA14-17. À la place, ils ont supprimé la charge maximale par hectare, introduit une charge minimale et convaincu le Parlement que le nombre d’animaux allait baisser avec la suppression des contributions pour animaux.


À ma connaissance, le nombre d’animaux n’a pas vraiment diminué pour autant.

Exactement. Et pourquoi aurait-il baissé ? Il serait absurde de laisser l’étable à moitié vide pour la seule raison qu’on a supprimé les contributions pour animaux. Cet exemple montre que le Parlement est victime de mauvaises prévisions.


Croyez-vous que ce n’était pas un fait isolé?

Certainement. Observons un autre point central de la PA14-17, à savoir le transfert de fonds vers les régions de montagne. Ce transfert a bien eu lieu, mais je doute fort que cela se soit passé comme la population et beaucoup de parlementaires l’ont imaginé. Les petites fermes, qui dépendent principalement du travail à bras d’homme et dans des conditions difficiles n’en ont pas vraiment profité. Par contre, il y a de grandes exploitations extensives qui ont reçu 150'000 francs de plus, comme ça, d’un jour à l’autre, grâce à la PA14-17. Là, on peut vraiment parler de rentes.


Qui sont les perdants et les gagnants du système actuel?

Je crois qu’on peut ramener cette question à une simple formule : à celui qui a, il sera donné ! Celui qui a beaucoup de terrain et qui l’exploite avec peu d’efforts, celui-ci reçoit beaucoup de paiements directs. Ces exploitations peuvent même encore s’agrandir, grâce à ce qui leur reste en fin d’année. Pour les petites fermes et celles qui ont une grande charge de travail, ce n’est pas possible.


L’initiative pour la souveraineté alimentaire essaie de contrecarrer certaines tendances de la politique agricole actuelle. Ainsi, on demande une gestion des quantités en main des paysans et le maintien des mesures de régulation à la frontière. Y voyez-vous une possibilité de sortir du piège des paiements directs?

Je pense que cette initiative est courageuse. La protection des frontières et la gestion des quantités sont des outils qui pourraient certainement y contribuer. À mon avis, l’échec d’une gestion des quantités réside dans la perte de solidarité dans le monde agricole. C’est une conséquence de notre système. Autrefois, tous les paysans profitaient d’un prix plus élevé, donc, ils se battaient ensemble. Aujourd’hui, il y a une lutte pour la terre, puisque la terre est pratiquement la seule référence pour les paiements directs. Les paysans sont devenus des concurrents. "Diviser pour mieux régner" disait César et il avait raison. Si les paysans se battent entre eux au lieu de s’unir pour lutter contre l’ouverture des frontières, le Conseil fédéral aura la partie belle pour façonner la politique agricole selon les souhaits de l’économie. •︎



Propos recueillis par Ulrike Minkner, vice-présidente d'Uniterre
Article paru dans le Journal d'Uniterre, le Journal Paysan Indépendant de mars 2018



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Emission du 13 février 2018

Qu’on le mette sur sa tartine ou dans ses épinards, le beurre fait partie de notre patrimoine culinaire! En plus du prix, quelle différence entre un beurre de cuisine, de table, de choix, surchoix, à tartiner? Sa composition? Son goût? ABE a mené l’enquête et remonté la filière des rayons des magasins jusqu’aux producteurs de lait. Et là, le prix pose un vrai problème! Sans compter que le beurre n’aura pas le même coût s’il est destiné aux consommateurs ou aux transformateurs de l’industrie agro-alimentaire. Un monde complexe dans lequel des biscuits "petit beurre" peuvent ne pas contenir de beurre!

http://pages.rts.ch/emissions/abe/9215867-le-beurr...

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"Un prix du lait équitable pour les producteurs!"
cela fait des années qu'Uniterre revendique ce droit! Après la pétition Lait lancée en novembre - qui rencontre un très bon accueil - c'est le projet d'un "lait équitable" en Suisse, discuté depuis quelques temps maintenant, qui démarre! Uniterre est en discussion avec un transformateur et quelques distributeurs pour concrétiser ce "lait équitable" sur le marché suisse.


Une coopérative "lait équitable" va être créée très prochainement.
Pour cela, Uniterre recherche des coopératrices/teurs.


Qui peut participer ?
Toute productrice, tout producteur de lait.


Intéressé-e? Séances d'information les :

- jeudi 8 mars 2018 à 20h au café-restaurant l'Etoile, à Villeneuve (VD)

- jeudi 15 mars 2018 à 20h au stand de Vernand, à Romanel

- jeudi 22 mars 2018 à 20h au Café de la Poste, à Glovelier


Si vous souhaitez participer au lancement d'un beau projet et être enfin acteur du changement, rejoignez nous!

Pour plus d'information: Berthe Darras 079 904 63 74 – b.darras@uniterre.ch



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Radiocité - Le Grand Invité - 16 octobre 2017

"Augmentation du prix du lait de 5 centimes, le producteur va-t-il en bénéficier, un peu seulement..."

interview de Berthe Darras, secrétaire syndicale pour Uniterre.

...écouter l'interview

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Uniterre défend une agriculture paysanne. Mais de quoi parle-t-on au juste ?

L’agriculture paysanne est le modèle d’avenir que nous défendons face à l’impasse d’une industrialisation croissante de l’agriculture. Pour certains, l’agriculture paysanne rime avec petite paysannerie, comme le message du Conseil Fédéral sur l’initiative sur la souveraineté alimentaire l’affirme à plusieurs reprises. La taille d’une ferme n’est cependant pas un critère dans la définition de l’agriculture paysanne. Dans le même message, le Conseil Fédéral propose cette définition : « paysan signifie que l’agriculteur et sa famille accomplissent eux-même une part importante des travaux nécessaires ».Cette définition n’est pas assez complête. L’initiative sur la souveraineté alimentaire propose d‘inscrire le terme « d’agriculture paysanne rémunératrice et diversifiée » dans la Constitution. Cette idée sous-entend un ancrage au territoire, une certaine autonomie du système agricole, une économie circulaire et la récupération d’une part de la valeur ajoutée dans les premiers maillons de la chaîne.


Des associations de paysans en France

Crée en 1984, la FADEAR (Fédération des Associations pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural) réunit des paysans et des paysannes pour majorité membres de la Confédération Paysanne, et d’autres acteurs du monde rural dans un objectif de partage de leur expérience et de leurs savoir-faire pour permettre de maintenir et d’installer des paysans et des paysannes nombreux et de faire vivre les valeurs de l’agriculture paysanne.


La charte de l’agriculture paysanne

En 1998, la Charte de l’Agriculture Paysanne a été finalisée par la FADEAR. Elle est issue de plusieurs années de travail entre paysan-ne-s et chercheurs et propose un modèle agricole permettant à des paysans nombreux de vivre de leur métier décemment et de façon durable et de produire pour nourrir leurs concitoyen-ne-s et non de produire pour produire. L’agriculture paysanne s’organise autour de 6 thèmes interdépendants : l’autonomie, la répartition, le travail avec la nature, le développement local, la qualité, la transmissibilité.

  • Répartir les volumes de production afin de permettre au plus grand nombre d’accéder au métier et d’en vivre.
  • Etre solidaires des paysan-ne-s des autres régions d’Europe et du monde.
  • Respecter l’environnement en partant du principe : « On n’hérite pas la terre de nos parents, on l’emprunte à nos enfants. »
  • Valoriser les ressources abondantes et économiser les ressources rares.
  • Rechercher la transparence dans les actes d’achat, de production, de transformation et de vente des produits agricoles.
  • Assurer la bonne qualité gustative et sanitaire des produits.
  • Viser le maximum d’autonomie dans le fonctionnement des exploitations agricoles.
  • Rechercher les partenariats avec d’autres acteurs du monde rural.
  • Maintenir la diversité des populations animales élevées et des variétés végétales cultivées.
  • Raisonner toujours à long terme et de manière globale.


Diagnostic Agriculture Paysanne

La FADEAR propose également un diagnostic sur la base d’une grille d’analyse des exploitations qui permet de situer chaque ferme par rapport au projet d’agriculture paysanne. Les fermes sont analysées à partir des six thèmes transversaux :

  • L’autonomie analysée selon trois critères : l’autonomie décisionnelle, l’autonomie économique et financière et l’autonomie technique.
  • La répartition des volumes de production. Le projet d‘agriculture paysanne régule l’accès à la production en fonction de la demande afin de permettre au plus grand nombre d’accéder au marché.
  • Le travail avec la nature. On y trouve cinq critères : la biodiversité à travers des assolements comportant des espèces aux caractéristiques et exigences agronomiques variées. La gestion de la fertilité par la recherche de modes de culture et d’élevage qui maintiennent voire améliorent la fertilité des sols. La gestion des produits phytosanitaires et vétérinaires dont l’usage doit être raisonné plutôt que basé sur des traitements systématiques. La protection des ressources en eau concerne la gestion en terme de quantité, de mode de prélèvement pour l’irrigation et de conservation de la qualité. La gestion de l’espace et des risques de pollution afin de veiller à la gestion respectueuse des espaces naturels et structures paysagères.
  • La transmissibilité illustre principalement les dimensions sociales et économiques de l’agriculture. Avoir une ferme transmissible, c’est permettre à quelqu’un de la reprendre, de vivre de son activité, donc de maintenir des paysans nombreux sur l’ensemble du territoire. La transmissibilité des fermes est une condition essentielle pour répondre aux attentes de la société concernant l’emploi, la qualité des produits, le dynamisme de la vie rurale. Les éléments à prendre en compte pour faciliter la transmissibilité sont les suivants : la vivabilité dans la ferme, la sécurité vis-à-vis du foncier, l’adaptabilité de la ferme, la viabilité économique de la ferme, la valeur de l’outil à transmettre.
  • La qualité des produits. La qualité des produits est multiple et se décline en différents aspects, qualité sanitaire, qualité chimique, qualité nutritionelle et qualité gustative. Certaines normes bactériologiques sont aberrantes ou excessives, en tout cas inadaptées à l’agriculture paysanne. Absence de polluants et d’OGM. Les OGM ne permettent pas aux paysans d’être autonomes, ne respectent pas la nature et n’ont pas prouvé leur innocuité pour le consommateur. La qualité des produits doit être reconnue et identifiable, tant sur les différents plans évoqués que sur celui des modes de production, car de celle-ci découle la reconnaissance du producteur, sa rémunération et sa satisfaction personnelle. Elle implique également le respect du consommateur à travers la transparence de l’acte de production. La transparence signifie être en mesure d’ouvrir les lieux de production, de transformation et de commercialisation de sa ferme et de son environnement. Elle s’applique à l’ensemble de la filière. Elle va au-delà de la certification ou de la traçabilité des produits.
  • Le développement local et la dynamique territoriale : L’implication du paysan, de la paysanne dans la vie locale est un gage de dynamique territoriale. Les partenariats dans la production et la commercialisation instaurent une plus grande solidarité entre les différentes catégories socioprofessionnelles et sociales. Ils permettent de fixer localement la valeur ajoutée. De par la nature même de son activité, l’agriculture est un lieu d’accueil, d’insertion et d’équilibre de la société. Par ailleurs, l’histoire et la culture paysanne sont une source de développement et de mise en valeur du territoire. Si l’agriculture n’est plus la seule activité du monde rural, elle en demeure un moteur essentiel. La disparition de 30 000 à 40 000 emplois par an en agriculture va à l’encontre de la préoccupation principale de la société : le maintien et la création de l’emploi. Contribuer à la création d’emploi, c’est d’abord maintenir des emplois existants par une meilleure répartition des volumes de production.


L’autonomie, la répartition et le travail avec la nature comptent chacun pour 20 % alors que la qualité des produits, le développement local et la transmissibilité comptent pour 13 % chacun. Grâce à des indicateurs qualitatifs ou quantitatifs mesurables sur une exploitation, l’ensemble constitue une grille globale d’analyse des systèmes de production et permet de les situer par rapport à la démarche vers l’agriculture paysanne. L’objectif de l’évaluation est de réfléchir aux moyens, individuels ou collectifs de progresser, afin de mettre en place une agriculture qui soit dans l’intérêt de toute la société.

Rudi Berli



Pour des informations plus détaillées :

www.agriculturepaysanne.org/files/charte-agricultu...