A la suite de la crise que traverse la production viti-vinicole et agricole, plusieurs paysans et paysannes d’Uniterre ont lancé l’idée d’un Manifeste.
Son objectif ? Réveiller les milieux politiques et alerter les élus à Berne de l’importance capitale de maintenir une agriculture indigène, diversifiée, familiale, respectueuse des humains, de la terre et des animaux.
Comment ? En récoltant le plus possible de signatures des paysans et paysannes suisses !
Peut-être n'avons-nous pas toutes et tous la même vision sur le devenir de l’Agriculture. L'important n'est pas d'avoir raison mais de fédérer ce qu'il reste encore de l'agriculture paysanne en Suisse. Aujourd'hui, au vu de la situation, il nous faut avancer ensemble en ne nous focalisant pas sur nos divergences mais en nous unissant autour de toutes les valeurs communes contenues dans ce Manifeste. Ceci simplement pour que nous tous, paysan.ne.s, nous retrouvions le courage et la force d’affronter l’avenir.
Alors signez ce manifeste au lien suivant ! (Attention: vous pouvez le signer si vous êtes paysanne ou paysan).
Merci !
Manifeste des paysannes et paysans suisses pour un marché juste et équitable
Nous, paysannes et paysans suisses, sommes unis dans cette action
Nous, paysannes et paysans, vigneronnes et vignerons, maraîchères et maraichers, éleveuses et éleveurs, productrices et producteurs de lait, arboricultrices et arboriculteurs, horticultrices et horticulteurs, nous toutes et tous qui travaillons la terre, demandons plus de respect et de reconnaissance sur le caractère indispensable de notre métier. Aujourd'hui, nous exigeons des prix équitables pour nos produits, un marché transparent et une concurrence loyale.
Aujourd’hui, un nombre croissant de citoyennes et citoyens s’engagent pour le climat et le développement durable et de nombreux politiciens reprennent leurs discours.
Pourtant le Conseil Fédéral s’acharne avec l’appui de certains d’entre eux à négocier tous azimuts des accords de libre-échange en pleine contradiction avec ses engagements et ses prises de positions en faveur du climat, de la durabilité, de la sécurité et de la souveraineté alimentaire.
Par ce manifeste nous dénonçons le libre marché qui détruit, dans le monde entier, la paysannerie et le climat, ceci en déstabilisant la société dans son ensemble !
Le Conseil Fédéral facilite les importations, et le marché n’arrive pas à absorber la production locale de denrées alimentaires.
Nous ne pouvons pas respecter les normes suisses de rémunération et de durabilité, et à la fois être concurrentiels avec les importations étrangères. Le marché globalisé pèse sur tous les secteurs de la production agricole, bio y compris. L’agriculture suisse s’en trouve affaiblie et quasi au bord de l’implosion.
Les importations de pain industriel et autres surgelés à base de céréales en provenance de trusts agroalimentaires des pays de l'Est (tout particulièrement de Pologne) ont doublé en 10 ans. Elles représentent 120’000 t par an, écoulées majoritairement par la grande distribution, alors que les céréales et oléagineux cultivés selon les normes IP-Suisse, extenso et bio sont déclassés, car le marché est saturé.
Le lait est en crise, dans un marché piloté au profit des transformateurs et de la grande distribution, au détriment des productrices et producteurs qui, ne parvenant plus à couvrir leurs frais, abandonnent la production laitière.
Le vin produit en 2018 est encore dans les cuves et que trouve-t-on dans les grandes surfacesoudans le réseau de distribution Landi de Fenaco (sauf Genève)? Des vins étrangers en action et au commerce beaucoup plus rémunérateur. Près de 40% des vins importés le sont à moins de 1.50 CHF le litre. Les vins suisses, face à cette concurrence déloyale, perdent des parts de marché et ne représentent plus que 35 % des ventes. Tandis que, depuis 20 ans, les principales solutions proposées sont la promotion et l’exportation.
Les tomates d’Almería inondent les grandes surfaces depuis des années, et comme par enchantement, elles deviennent bio, marché oblige !Les entreprises qui y gèrent les serres sont régulièrement mises en cause pour non-respect des droits humains par exploitation esclavagiste des ouvrières et ouvriers agricoles, pour pollution, contamination et assèchement des nappes sous-terraines et des sources.
Malgré cette situation, notre gouvernement continue à signer des accords de libre-échange qui vont faciliter les importations de produits agricoles.
La production industrielle de viande dégage quatre fois plus de CO2 que la viande suisse issue de bétail nourri à l’herbe. L’élevage industriel est complice des incendies de la forêt amazonienne par l’utilisation de maïs et de soya provenant de ces régions sinistrées réaffectées à la production de masse.
Un accord de libre-échange pour l’huile de palme a été signé avec l’Indonésie, un autre est en cours de négociation avec la Malaisie. La production d’huile de palme est responsable de la déforestation, elle saccage les ressources des populations locales et elle concurrence la production d’huiles végétales suisses !
Un nouvel accord avec le Mercosur (Amérique du Sud) permettra d'importer encore plus facilement de la viande industrielle, du vin, des fruits et des fleurs d'Amérique du sud sur plus de 12’000 km ! Un projet similaire est en discussion avec les Etats-Unis.
La libéralisation du marché des fleurs coupées, en 2017, a fait grimper l’importation de fleurs provenant de l’étranger, notamment du Kenya et de la Colombie. Aujourd’hui les fleurs suisses ne représentent que 3% de celles vendues en grandes surfaces.
La volonté du peuple suisse de favoriser une agriculture familiale dans un marché juste et équitable n’est pas respectée. Nous ne voulons plus être divisés par les promesses non-tenues de la Confédération. Nous exigeons des règles de marché équitables.
Par ma signature je reconnais le bien-fondé des valeurs exprimées dans ce Manifeste et m’engage à les promouvoir afin que soit pris en compte le péril qui menace aujourd’hui les paysannes et les paysans. Je souhaite que me soient rendus le respect et la dignité dans le métier que j’exerce au service de la communauté.
Pour signer ce Manifeste, rdv au lien suivant !
Peu de gagnants, beaucoup de perdants : les secteurs industriels transnationaux de la viande, de l'agriculture et de l'agrochimie sont sans aucun doute les gagnants de l'accord signé ce vendredi 23 août entre la Suisse et le Mercosur. Les perdants sont les exploitations agricoles familiales, les agriculteur.trice.s et les petites entreprises de transformation alimentaire du Sud et d'ici. L'organisation faîtière "Coordinadora de Centrales Sindicales del Cono Sur" (CCSCS), une association de vingt syndicats d'Argentine, de Bolivie, du Brésil, du Chili, du Paraguay, du Paraguay, d'Uruguay et du Venezuela, critique le fait que les puissantes entreprises européennes bénéficient avant tout de la baisse, voire de la suppression des droits de douane, ce qui menace la production nationale. Uniterre rejette cet accord, comme tous les autres accords de libre-échange.
L'exemple du Brésil : La concentration des grands domaines est favorisée par l'expansion des monocultures, par exemple pour l'exportation du soja et l'élevage de masse. Déjà maintenant, 1 % de la population possède 46 % des terres agricoles, alors que 4 millions de petits exploitants ne possèdent pas de terres. Depuis l'arrivée au pouvoir du président populiste de droite Jair Bolsonaro, la déforestation s'est poursuivie massivement : + 88 % et + 278 % respectivement en juin et juillet 2019 (source : Institut de recherche spatiale INPE). De plus en plus de violations des droits de l'homme et d'attaques contre des mouvements sociaux tels que notre organisation sœur MST (Movimento dos Sem Terra), les peuples indigènes, les LGBTQ et d'autres communautés traditionnelles sont observées.
Aucune trace de durabilité : Depuis juin 2017, la Suisse négocie un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur dans le cadre de l'AELE. Uniterre a critiqué l'accord dès le début et a appelé à une plus grande durabilité avec les organisations de développement et de consommateur.trice.s : la mise en œuvre de l'Agenda 2030 et des objectifs de l'ONU pour le développement durable (SDG), le respect de l'article constitutionnel suisse sur la sécurité alimentaire et le commerce durable (article 104a Const., lettre d), ainsi que la protection animale, l'application des accords sur les droits des paysan.ne.s et la Déclaration des Nations Unies sur le climat.
En signant cet accord avec le Mercosur, la Suisse torpille tous les accords susmentionnés. Les négociations à huis clos et le manque de transparence sur le contenu de l'accord sont indignes d'une démocratie.
Les quotas d'importation en franchise de droits pour le bœuf, le poulet bon marché, le blé, le soja, les fruits et le vin font baisser les prix à la production en Suisse, menacent les moyens de subsistance des agriculteur.trice.s et compromettent la sécurité alimentaire.
Uniterre continue de plaider en faveur d'une agriculture diversifiée et durable en Suisse et demande au Conseil fédéral de cesser de bafouer la Constitution en sacrifiant la production alimentaire indigène pour des intérêts commerciaux.
La COORDINATION EUROPÉENNE VIA CAMPESINA (ECVC) appelle le Parlement européen et les États membres à rejeter l'accord
Vendredi dernier, la Commission européenne a signé l'accord dit de libre-échange avec les pays du Mercosur.
L'accord avec le Mercosur s'ajoute à d'autres accords de libre-échange tels que le CETA, qui détruisent le modèle d'agriculture durable des petit.e.s et moyen.ne.s agriculteur.rice.s, la souverainetéalimentaire et les modèles alimentaires sains et durables.
La signature de cet accord - selon Andoni García Arriola, membre du comité de coordinaton de l'ECVC) - montre clairement l'hypocrisie de la CE et des États-membres qui se cachent derrière elle :
Comment est-il possible, dans un contexte de crise climatique, de signer un accord qui promeut le modèle d'industrialisaton de l'agriculture plutôt que la localisation des systèmes agricoles, etce en totale contradiction avec les objectifs de l'accord de Paris sur le changement climatique?
Comment est-il possible de signer un accord qui aura un impact négatif évident sur les revenus des agriculteur.rice.s en Europe alors que les revenus des ces dernier.ère.s sont déjà très faiblespar rapport à ceux d'autres secteurs de la société européenne et qu'aucun mécanisme sérieux de réglementaion interne à l'UE n'est mis en place pour faire changer la situation? .....
Lire la suite : pdf
La Confédération envisage d’abolir l'obligation de déclarer l’origine des bois.
Cela va à l'encontre des préoccupations des consommatrices et consommateurs ! Nous voulons pouvoir décider, lors de nos achats, en fonction de l’origine des bois.
Grâce à cette déclaration, la consommation en Suisse de bois tropicaux est passée de 12’000 t (2010) à 7’000t (2018) par an!
Préservons l’obligation de déclaration! Préservons les forêts! Préservons le climat!
Pour signer la pétition, voir ci-dessous :
>> écouter les émissions - RTS Couleur3
En Suisse, 2 à 3 exploitations agricoles ferment chaque jour. Une diminution qui frappe davantage les petits paysans, qui ont moins de 30 hectares de surface agricole, que les grandes exploitations, plus rentables. Ce métier, l’un des plus vieux au monde, devient de plus en plus désavantageux ( le revenu moyen d’un paysan a baissé de 30% depuis 1980 pour atteindre, en moyenne 44'000 francs par an) et rare: (le nombre de paysans a diminué de moitié en Suisse en l’espace de 30 ans).
Plus grave et inquiétant encore: un vague de suicides meurtrit la paysannerie dans notre pays. De 60 en 2009, elle est passé à 153 en 2015.
Ce jeudi, la 3 cherchera à comprendre pourquoi ce secteur, indispensable à notre alimentation, écologie et société est en difficulté. Et quelles sont les solutions pour lui venir en aide.
Communiqué de presse de la coalition suisse sur l'huile de palme
Berne/Zurich, le 2 février 2018
L'huile de palme doit être exclue de l'accord de libre-échange entre la
Suisse et l'Indonésie. C’est ce qu’exigent les organisations suisses de défense de l'environnement, des
droits humains et des consommateurs, ainsi que plusieurs organisations paysannes, dans une lettre
ouverte adressée au conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann.
L'huile de palme est au cœur de l'accord de libre-échange entre la Suisse et l'Indonésie qui est sur le point d'être conclu. La culture à grande échelle de cette denrée en Indonésie et le commerce de graisses végétales bon marché causent d'énormes dégâts environnementaux et conduisent à de graves conflits dans les domaines des droits humains, des terres et du travail. Une large coalition d'organisations a adressé une lettre ouverte au Ministre de l'économie Johann Schneider-Ammann et au gouvernement indonésien. Ces ONG sans but lucratif et organisations paysannes, alliées à l’organisation non-gouvernementale indonésienne WALHI qui défend les droits humains et l'environnement, demandent donc que l'huile de palme soit exclue de l'accord de libre-échange.
Dans cette lettre, la coalition met en garde contre les conséquences de l’importation d’huile de palme à bas prix qui pourrait découler de cet accord : tout signal d’augmentation de la demande entraînerait en effet de nouvelles usurpations des terres, le déplacement de la population locale et de graves dommages environnementaux. Un accord commercial n’est pas une occasion appropriée de résoudre les problèmes liés à l'huile de palme. Les organisations concernées appellent donc à un dialogue ouvert afin d'aborder la question de manière démocratique, transparente et globale.
Dans leur lettre, les organisations signataires exposent clairement que les engagements volontaires dans le cadre de systèmes de certification tels que RSPO (Roundtable on Sustainable Palmoil) sont insuffisants et donc inacceptables pour justifier l’abandon des barrières douanières. Ils se réfèrent à la plainte contre la RSPO, rendue publique il y a quelques jours, que des villageois indonésiens ont déposée auprès du point de contact de l'OCDE en Suisse. Les organisations préviennent en outre du fait que l'augmentation des importations d'huile de palme entraînera une perte de revenus significative pour les petits exploitants agricoles suisses dépendant de la production de colza ou de tournesol.
Renseignements :
- En Français : Fédération romande des consommateurs ; Laurianne Altwegg, responsable Environnement, Agriculture & Energie ; l.altwegg@frc.ch ; 078 878 73 81
- En Allemand : Pain pour le prochain : Miges Baumann, responsable de la politique de développement ; baumann@bfa-ppp.ch ; tél. 079 489 38 24
Documentation :
Interview de Paul Ecoffey, producteur de lait pour le fromage Gruyère et Vacherin, 50 vaches laitières, Rueyres-Treyfayes, Canton de Fribourg.
L’huile de palme est un sujet qui te préoccupe beaucoup, est-ce que tu peux m’en dire plus?
Aujourd’hui, 30’000 à 40’000 t d’huile de palme sont importées chaque année en Suisse dont 5’000 t que l’on retrouve dans les concentrés pour animaux (vaches, cochons, volailles, etc).
Je trouve cette pratique inadmissible alors que nous avons en Suisse d’autres aliments à disposition pour les concentrés, bien meilleurs d’un point de vue environnemental et nutritionnel.
Et d’autant plus, que l’une des entreprises emblématiques sur la culture d’huile de palme - qui possède aujourd’hui 189’000 ha de cultures - a une partie de son siège dans le canton de Fribourg, à côté de chez moi ! Cette entreprise, c’est la SOCFIN. C’est un groupe belgo-luxembourgeois. On se demandera d’ailleurs, au passage, ce que ce groupe étranger fait en Suisse? Une histoire d’allégement fiscal de plus.
Quand as-tu commencé à t’intéresser au sujet de l’huile de palme en Suisse?
En 2006. A l’époque, c’était concernant un autre sujet ! En effet, cette année-là, nous avons eu un surplus de beurre, qui a été écoulé via l’exportation sur le marché mondial. Mais il s’agissait d’une exportation faite à prix cassé ! Et qui en a payé le prix? Les producteur-trice-s ! En effet, la Fédération des Producteurs Suisses de Lait (FPSL) nous prélève sur chaque litre de lait quelques centimes pour financer ce que l’on appelle « le fonds de soutien de dégagement ». Au total, cela a représenté, cette année-là, plusieurs millions qui ont servi à écouler notre beurre à bas prix à l’étranger.
J’avais donc dénoncé en 2006 cela aux assemblées de l’interprofession du gruyère et de la fédération laitière fribourgeoise. Sans réaction d’ailleurs. Par la suite, j’ai parlé avec quelques connaissances en politique pour faire monter le dossier à un plus haut niveau. Le dossier est arrivé dans les mains de M. De Buman, alors conseiller national. Il a, suite à cela, déposé une motion pour les PDC demandant une surtaxe pour l’importation de l’huile de palme. Au même moment, Jean-François Rime déposait une motion semblable au nom de l’UDC.
Et quel a été la réponse à ces motions?
Le Conseil National a botté en touche disant ne pas pouvoir surtaxer l’huile de palme…. En contre-partie, il a était demandé que soit indiqué clairement sur l’étiquetage non plus seulement « huile végétale » mais bien « huile de palme ». Or, on constate aujourd’hui que cette demande n’est toujours pas appliquée et que l’on retrouve encore bien trop souvent seulement indiqué « huile végétale » ou « graisses végétales ».
Jamais je n’aurais cru que 10 ans plus tard j’en arriverais à dénoncer à nouveau ce fléau mais cette fois-ci dans l’alimentation du bétail !
J’aimerais revenir sur un point que je ne comprends pas. Comment se fait-il qu’en premier lieu ait été introduit de l’huile de palme dans l’alimentation du bétail? Avant, ce n’était pas chose courante?
Cette dérive provient de la mise en place de la prime PLVH (Production de Lait et Viande basée sur les Herbages). Il s’agit d’une prime qui veut promouvoir la consommation de fourrage grossier (90 % de fourrage de base dont 75 % d’herbes, prairies, pâturages, dérobées) en zone de plaine. Cette prime s’élève à 200 CHF par hectare de surface herbagère. Mesure intéressante en soi, mais qui a cependant engendré une dérive: pour pouvoir respecter cette mesure, il a fallu de l’autre côté limiter l’apport de concentré et donc trouver un moyen pour que ce concentré soit toujours aussi « efficace » énergétiquement. Pour cela, deux solutions: ajouter soit de l’Alikon® soit du Propylène-glycol qui est un précurseur du glucose utilisé pour prévenir l’acétonémie mais c’est un produit qui coûte cher. Et donc la solution meilleure marché: l’huile de palme ! Nous y voilà !
L’USP a justement fait un communiqué de presse le 1er juin qui dénonce cette pratique d’utilisation de l’huile de palme - je cite: « Les paysan-ne-s suisses ne veulent pas nourrir leurs animaux avec de l’huile de palme », ce qui est une bonne chose non?
Oui c’est un premier pas. Mais le problème, c’est que l’Union Suisse des Paysans (USP) s’attaque ici aux producteurs d’aliments pour animaux - en l’occurrence FENACO - qui est l’importateur principal et le plus gros distributeur d’aliment concentré en Suisse. Certes, c’est bien de dénoncer la FENACO, mais elle n’est qu’en partie responsable. C’est le système qu’il faut dénoncer, le système qui permet cela ! C’est la mise en place de cette fameuse PLVH, rappelons-le, PLVH qui a été mise en place par l’OFAG et approuvée par l’USP à l’époque !
On se demande comment l’OFAG a pu favoriser ce genre de pratique au même titre que l’exportation de notre bon beurre… La réponse n’est pas très compliquée à trouver.
Bon, il semblerait tout de même que depuis ces contestations, la FPSL a annoncé lors d’un communiqué de presse du 24 août 2017 que « La graisse de palme sera entièrement éliminée du fourrage suisse destiné aux vaches d’ici la fin de l’année (…). Elle sera principalement remplacée par de l’huile de colza ». C’est positif?
Oui, mais pourquoi donc la stopper pour le bétail mais pas pour l’alimentation humaine? Les vaches ont obtenus le droit d’éliminer cette huile, néfaste, de leur alimentation mais l’Homme, lui, s’en trouve toujours entouré. Selon cette logique, nos animaux sont nourris avec de l’alimentation plus bénéfique que la nôtre. Y aurait-il eu une coupure dans le raisonnement?
En ce moment se discute au Conseil Fédéral la possibilité d’un accord de libre-échange avec la Malaisie, accord dont l’une des conditions d’échange en retour pour la Malaisie est l’exportation possible vers la Suisse de son huile de palme.
Si cet accord de libre-échange se conclut, cela mettra en péril la production d’huile de colza suisse. Encore une fois, comment se fait-il que nos politiciens préfèrent favoriser l’importation d’une huile de palme produite dans des conditions inadmissibles d’un point de vue social et environnemental, sans respect des droits de l’Homme alors que nous avons, en Suisse, notre huile de colza qui est bien meilleure…
Enfin, avec la votation du 24 septembre 2017 sur la sécurité alimentaire, je me réjouis justement de voir appliquer les intentions de sécurité alimentaire qui devraient permettre de sauver notamment la production indigène de colza. En tout cas, c’est ce qu’a plébiscité clairement le peuple ! Et notamment, l’alinéa sur « des relations commerciales transfrontalières qui contribuent au développement durable de l’agriculture et du secteur agroalimentaire ». Est ce bien durable d’importer de l’huile de palme dont les conditions de productions ne respectent ni les Hommes, ni l’environnement?
Qu’est ce que tu proposes toi Paul?
Il faut une véritable législation. Il est urgent que l’USP se batte pour les producteur-trice-s et la production laitière suisse afin d’arrêter l’export du beurre à prix cassé parce que nous n’arrivons pas à écouler nos stocks. Et de se battre pour stopper le traité de Libre Échange avec la Malaisie, quels qu’en soient les pendants qu’elle nous fait miroiter.
Pourquoi ne pas faire une action symbolique annuelle dans la grande distribution pour remettre en avant le bon beurre suisse dans les produits industriels à la place de l’huile de palme? De plus, nous pourrions proposer une motion qui taxe l’utilisation de l’huile de palme et une autre pour la formation d’un label spécifiant « produit sans huile de palme » avec un système de différenciation par rapport aux autres labels.
Propos recueillis par Berthe Darras
article paru dans le Journal d'Uniterre de novembre 2017
A partir de fin 2018 les 95 millions versés par la Confédération à l’industrie agroalimentaire en contrepartie de la prise en charge de 50’000 t de céréales et de 210’280 t de lait suisses ne seront plus attribués sous la forme actuelle de loi « chocolatière ».
C’est la conséquence des accords de l’OMC que la Suisse a signée à Nairobi en 2015. Cette manne financière revenait pour près de 75 % à quatre entreprises : Nestlé, Mondelez, Hochdorf et Lindt&Sprüngli (70 Mio). Par ailleurs, les bénéfices de ces deux premières multinationales se chiffrent à des dizaines de milliards… cherchez l’erreur.
Au niveau de la production suisse les quantités concernées représentent 6 % du lait et 11 % du blé. Il faut rappeler que pour le lait nous avons toujours une production excédentaire en Suisse d’environ 15 %, alors que pour les céréales panifiables la production indigène n’est que de 85 %. La Suisse importe actuellement 100’000 t de céréales panifiables, et environ 130’000 t de produits boulangers industriels transformés. Ces importations sont détaxées, suite à l’adoption du « prinicipe de Cassis de Djion ». Tant le prix du lait que celui du blé et des céréales fourragères sont couplés indirectement aux prix européens (prix seuil pour les céréales / prix indicatif pour le lait), avec un « bonus swissness » d’environ 15 cts. Les deux prix ne rémunèrent pas de manière équitable le travail paysan. Les quantités de céréales fourragères importées sont en augmentation, rien que pour le soja elles approchent 285’000 t. Cette situation est grave et ne permet pas de garantir durablement l’approvisionnement du pays. Cette année, il y aura un déclassement de près de 100’000 t de céréales panifiables qui exercera une pression supplémentaire sur les prix. Comme dans le secteur laitier il faudrait avoir des contrats d’achat qui définissent une quantité, une qualité, un prix et un échelonnement pour le paiement des acomptes.
Au niveau suisse une bataille âpre est menée au parlement pour maintenir ce soutien à l’exportation.
Le parlement propose de verser une prime aux producteurs de 56 millions (Fr. 120.-/ ha) qui sera ensuite prélevée aux producteurs, en faveur de l’industrie… Pour rappel, la loi chocolatière avait pour but de baisser le prix de la « matière première » suisse au prix européen, par le biais d’un paiement, avec l’intention de soutenir les transformateurs exportateurs. Les industries exportatrices et l’administration envisagent en cas de suppression de cette subvention de faciliter les importations sans taxation par le moyen du trafic de perfectionnement actif qui permet d’importer une partie d’un produit transformé en Suisse mais destiné à l’exportation. La partie générale de l’article 12 de la loi sur les douanes stipule que des intérêts publics prépondérants peuvent être invoqués pour interdire ce trafic de perfectionnement. La loi autorise l’importation de biens agricoles si le désavantage du prix de matière première ne peut pas être compensé (al3). Il est évident que de telles importations menacent toute la filière de production et de transformation locale, régionale, indigène. L’industrie agro-alimentaire participe très activement à la pression générale exercée par l’administration et le Conseil Fédéral contre la régulation douanière. Nous avons besoin d’une industrie agro-alimentaire en Suisse qui participe à l’approvisionnement de notre pays avec des produits transformés. Ce secteur fait lui-même l’objet d’un processus de concentration très important. Cette concentration a plusieurs effets négatifs : elle se fait au détriment des économies locales et de l’emploi, elle standardise notre alimentation, elle génère un déséquilibre des pouvoirs sur le marché et exerce une pression sur les prix à la production. La situation des entreprises artisanales de transformation n’a rien à envier à la situation de l’agriculture paysanne. Au contraire sa destruction est déjà plus avancée. Il existe dans quelques régions des initiatives précurseurs qui relocalisent les filières de production, transformation et distribution transparentes, tout en créant une plus-value pour tous les échelons. (Genève, Pain Tournerêve, et GRTA).
Il y a dans cette situation quatre pistes importantes à défendre au niveau des organisations paysannes et à faire valoir dans les institutions politiques et sur les marchés :
- Des prix couvrant les coûts de production et permettant de rémunérer équitablement le travail
- Donner la priorité à l’approvisionnement du marché indigène, revaloriser la production fourragère indigène. Défendre une régulation douanière flexible qui favorise l’approvisionnement et la transformation indigène. Taxer les fourrages commerciaux pour soutenir la production. Taxer les produits boulangers importés.
- Soutenir la transformation locale et régionale en favorisant une économie circulaire et en garantissant la transparence (labels, accès au crédit, promotion)
- Exporter des produits qui conquièrent des marchés par leur qualité et non par un alignement sur les bas prix d’une production agro-industrielle
Tous ces points et préoccupations sont repris dans l’initiative pour la souveraineté alimentaire qui devra enfin contraindre le Conseil Fédéral à soutenir et développer l’agriculture paysanne, comme il aurait dû le faire depuis bien longtemps au regard des lois déjà existantes.
Rudi Berli
Du 10 au 13 décembre aura lieu la conférence ministérielle de l’OMC à Buenos Aires en Argentine. La Via Campesina et les mouvements sociaux appellent à une semaine mondiale d’actions (8 - 15 décembre) contre l’OMC et les accords de libre-échange.
Depuis le mois de janvier la Suisse a entamé les négociations de libre-échange avec le MERCOSUR (Marché commun Amérique Latine). Parmi les pays impliqués on trouve les poids lourds des pays exportateurs de produits de l’agro-industrie, comme le Brésil ou l’Argentine. Ces accords auraient des conséquences dramatiques pour la production alimentaire indigène. Pour le Conseil Fédéral tous les moyens sont bons pour avancer avec son agenda de dérégulation. Ce faisant il méprise ses propres déclarations, il ignore les accords signés et refuse de tenir compte de la volonté populaire qui s’est pourtant exprimée avec une écrasante majorité pour la sécurité alimentaire. De plus, le Rapport agricole mondial, signé par le gouvernement suisse, dit clairement que l’agriculture industrielle nous mène vers une impasse et n’est pas à même de garantir la sécurité alimentaire.
Mais la résistance contre l’aveuglement du Conseil Fédéral grandit, l’accord avec la Malaisie bute pour l’instant contre les résistances face aux importations d’huile de palme, qui représentent un exemple typique des dérives industrielles de l’agriculture et qui mettent en danger la production indigène d’huile de colza ou de tournesol. A la fin du mois d’octobre c’est le Parlement qui a réduit le mandat délirant accordé au SECO par le Conseil Fédéral pour négocier à l’OMC. Ce mandat aurait permis de considérer un tiers des paiements directs comme des distorsions commerciales, y compris les contributions de base, contributions pour les terres ouvertes et les cultures pérennes, les primes de non-ensilage et de transformation en fromage ainsi que les primes pour les cultures particulières. Un mandat de massacre contre l’agriculture suisse ! Pour l’instant ce mandat doit être revu sous la pression des chambres fédérales. Mais il est déjà clair que l’administration ne reculera que si le rapport de force politique est suffisamment fort.
La pensée unique du Conseil Fédéral apparaît encore dans le rapport sur la vue d’ensemble de la politique agricole publié début novembre. Ce rapport clame et revendique une accélération de l’évolution structurelle, euphémisme qui désigne la destruction de l’agriculture paysanne. Dans ce contexte le positionnement de l’Alliance agraire en faveur d’une ouverture des frontières, positionnement réaffirmé dans le dernier rapport Agro Forte 2022, est très négatif, puisqu’il renforce les tenants de la dérégulation des marchés agricoles – et ceci au nom de la durabilité !
Au-delà des frontières suisses, en Europe et sur tous les continents, des plateformes citoyennes puissantes, réunissant paysans et paysannes, mouvements écologistes, mouvements de défense des consommateurs et syndicats se battent contre le libre-échange et l’industrialisation pour enfin imposer un cadre équitable et durable au marché ! En Suisse également il faut que cette voix monte et fasse le lien entre les multitudes de projets locaux et régionaux et les décisions politiques au niveau fédéral. C’est au nom d’une compétitivité débridée que Le Conseil Fédéral veut déréguler les marchés encore davantage. Mais ces marchés globalisés détruisent déjà les économies locales, ses variables d’ajustement sont les populations des campagnes et des villes, les animaux, la biodiversité, les ressources naturelles et le climat… considérés comme des « freins » pour le pillage des multinationales et d’une économie financiarisée.
Depuis ses débuts en 1995, l’Organisation Mondiale du Commerce s’est engagée à généraliser la libéralisation des marchés nationaux au détriment de la souveraineté. Dans ce cadre, les multinationales utilisent les gouvernements complices pour saper la démocratie et tous les instruments institutionnels qui servaient à défendre les vies, les territoires et les écosystèmes alimentaires et agricoles des peuples du monde. Ce n’est pas seulement le système alimentaire mais également tous les services et les biens publics que l’OMC entend privatiser.
Durant plus de 20 années de lutte contre l’OMC, les peuples ont résisté à ses tentatives de marchandisation de la vie, à commencer par le système agroalimentaire. Nos luttes ont été un obstacle majeur à la progression de cette organisation.
Nous serons là pour dénoncer l’OMC et pour brandir la bannière de la souveraineté alimentaire. Nous dénoncerons les gouvernements qui, après avoir constaté l’affaiblissement de l’OMC, veulent recourir à des traités de libre-échange bilatéraux et régionaux qui menacent d’anéantir nos systèmes alimentaires, tout comme l’OMC l’a fait au cours des deux dernières décennies.
Nous insistons pour que l’agriculture ne fasse partie d’aucune des négociations de l’OMC !
NON À L’OMC ! NON AUX ACCORDS DE LIBRE-ÉCHANGE !
NON AUX ACCORDS SUR LES SERVICES !
POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE DES PEUPLES !
MONDIALISONS LA LUTTE ! MONDIALISONS L’ESPOIR !
MANIFESTATION INTERNATIONALE
Genève, 9 décembre 14h, place de la Navigation
Rudi Berli
Quelles tomates, quelles salades, quelles côtelettes dans vos assiettes? C’est la question que pose en filigrane le vote sur la sécurité alimentaire, sur lequel vous vous prononcerez le 24 septembre. Quels sont les enjeux du débat? Comment garantir aux Suisses un approvisionnement durable ET suffisant? Quelle dose de protectionnisme face au libre marché? Et finalement quelle agriculture pour demain? A 10 jours du vote, Infrarouge a ouvert le débat mercredi 13 septembre.
A ne pas manquer!
https://www.rts.ch/emissions/infrarouge/
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