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La 12ième conférence ministérielle de l’OMC prévue à Genève du 29 novembre au 3 décembre a été annulée suite aux restrictions de voyage. Une manifestation contre l’OMC et ses politiques commerciales a eu lieu ce soir à Genève à 17h30, place Lise Girardin.

Les crises alimentaire, climatique, environnementale, économique, démocratique et sanitaire qui culminent aujourd’hui avec la pandémie de la Covid-19 montrent clairement qu’une transformation du modèle agricole et alimentaire actuel est indispensable. Ces multiples crises ne sont pas nouvelles, elles illustrent la justesse de notre proposition qu’est la souveraineté alimentaire.

Cela fait 27 années que l’OMC a été mis en place. Sur ce socle, les traités régionaux ou bilatéraux reprennent la même logique de dérégulation. C’est une logique de privatisation de biens publics et une mise en concurrence généralisée. Mais un commerce profitable au bien-être général doit obéir à des règles d’intérêt public. L’accaparement, le pillage, la privatisation, favorisés par les accords de libre-échange sont une barbarie destructrice qui mène le monde au chaos. La concurrence pour les ressources est la cause de conflits armés et de guerres dévastatrices. Cela a aggravé la crise des migrant⋅e⋅s en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique du Nord, en Amérique latine et en Europe.

Le climat, les sols, les ressources en eau, la biodiversité, les paysan.ne.s du monde, les populations précarisées et les pays du Sud paient un tribut trop lourd. Cet esprit de concurrence nous mène dans le mur.

Malgré la signature de multiples accords comme l’Accord de Paris sur le climat, les traités sur la biodiversité ou la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysan⋅ne⋅s (UNDROP), le Conseil Fédéral suisse persiste dans la voie de la dérégulation et de la privatisation. Dans ses accords, il pousse à un système agricole de prédation. Il prend l’agriculture en otage, afin de renforcer la protection intellectuelle par les brevets, tant sur le plan sanitaire par exemple comme également sur le plan des semences.

Les exemples récents sont les accords avec l’Indonésie, le projet d’accord avec le Mercosur, et la pression continue sur l’ensemble du secteur agricole. Pour l’agriculture suisse, les exemples les plus notables sont les productions laitières, céréalières et viticoles.

Le fondement qui amène une vraie prospérité durable doit être une régulation multilatérale du commerce qui prend en compte les aspects sociaux, économiques et environnementaux. L’OMC et ses accords doivent être démantelés et la régulation commerciale doit se refaire en prenant en compte les aspects susmentionnés.

La souveraineté alimentaire et l’agroécologie paysanne s’affirment comme des solutions incontournables : la relocalisation des systèmes alimentaires est essentielle dans la lutte contre la faim, pour refroidir la planète, préserver la biodiversité et respecter les droits des paysan⋅ne⋅s et des travailleur⋅se⋅s. Ce sont les personnes et non pas les profits qui comptent le plus !

Cela signifie la récupération de la capacité de production nationale, enracinée dans le secteur de l’agriculture paysanne et familiale, par le biais de budgets du secteur public, de prix garantis, de crédits et d’autres formes de soutien – y compris le soutien à la commercialisation directe entre producteur⋅ice.s et consommateur.trice.s. L’accès à la terre doit être favorisé pour renforcer l’agriculture paysanne et familiale, ainsi que les systèmes alimentaires et agricoles qui répondent aux besoins des villes et des campagnes. Nous devons renforcer les systèmes de recherche et d’assistance technique basés sur les échanges d’expériences entre paysan⋅ne⋅s et la recherche participative.

En tant que paysan⋅ne⋅s, nous luttons également pour que la santé soit pleinement considérée comme un droit humain.

Nous affirmons que la santé commence par une alimentation saine et durable qui renforce le système immunitaire, comme le propose la souveraineté alimentaire, une manière de prendre soin du bien-être des personnes et de l’environnement.

Avec la Via Campesina, nous exigeons le droit à la santé publique et gratuite pour tous les peuples, tel que défini dans l’article 23 de la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysan⋅ne⋅s (UNDROP). Cela comprend la possibilité d’avoir recours aux méthodes de médecines préventives et aux traitements de long terme, mais aussi la possibilité d’avoir accès aux vaccins. Les vaccins qui ont été développés avec l’aide des deniers publics ne doivent pas être brevetés ni être laissés sous le contrôle et le profit des grandes multinationales !

En plus, chaque individu dans nos sociétés doit avoir accès à toute information afin d’être en mesure d’évaluer les traitements proposés.

Il est inacceptable qu’au XXIe siècle, des centaines de millions de personnes aient faim alors qu’il y a assez de nourriture pour toutes et tous, et que les inégalités et les violations des droits de l’homme s’aggravent.

La lutte pour la dignité, pour la santé, pour des politiques publiques basées sur la souveraineté alimentaire et pour la protection de nos communautés et des ressources naturelles est notre droit ! Avec la souveraineté alimentaire et la solidarité, nous pouvons atteindre la justice sociale et la dignité pour toutes et tous !

NOUS NOURRISSONS LE MONDE ET CONSTRUISONS LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE ! MONDIALISONS LA LUTTE POUR UNE SOCIETE PLUS JUSTE ! MONDIALISONS L’ESPOIR EN UN MEILLEUR MONDE !

Contact presse

Rudi Berli - Secrétaire d’Uniterre - Tel. 078 70 77 883

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Une vidéo à ne pas manquer!

https://www.youtube.com/watch?v=QyxXJEnZt8g

Réalisée par Longo Mai - Montois

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Texte de Claude Bezençon, sociologue de la santé et de l'environnement

1) Discriminations, inégalités de traitement et révolte confuse

Lors de la fermeture du marché, plusieurs personnes de mon entourage se sont demandé pourquoi la Migros (particulièrement) pouvait ouvrir et les producteurs locaux étaient discriminés.

Dans mon milieu, la Migros n'a pas une très bonne image. En effet, comment peut-on décemment, en pleine crise sanitaire, proposer des étals de fraises en hiver? Le présent devrait être déjà l'avenir. Il devrait être interdit de proposer à la clientèle une abondance de produits hors saison, bourrés de pesticides.

La population de la ville est attachée à son marché, ses commerçants qu'elle rencontre régulièrement une ou plusieurs fois par semaine. Nous savons que ces commerçants paysans vivent une vie difficile, faite de travail et d'abnégation. La relation entre la population et nos producteurs/trices est imprégnée de ce sentiment et les gens ont vécu cette fermeture comme une profonde injustice.

Que sont devenus nos paysans? Comment pourront-ils tenir le coup, si on leur interdit d'exercer leur activité?

Dès le début de la crise, sont apparues dans le pays des autorités cantonales très vindicatives, qui ont donné le sentiment qu'ils désiraient avoir un contrôle social total sur la population. Les gens, sidérés par la croissance du virus, n'ont pas réagi à la fermeture des marchés.

Mais dès la prise des pleins pouvoirs par le Conseil fédéral, nous a été transmis un message beaucoup plus clair, un message de respect envers la population, un message de confiance envers les individus, jugés capables de prendre leurs responsabilités en matière d'auto-discipline concernant notamment les règles de distanciations sociale.

Lors de l'annonce de mesure très serrées, interdiction de rassemblement de plus de cinq personnes, maintient d'une distance de deux mètres, conseils appuyés de rester à la maison pour les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques, certaines autorités cantonales se sont senties pousser des ailes autoritaristes et se sont mises à vouloir interdire tout ce qui leur tombait sous la main.

C'est excès d'autoritarisme a été rapidement confronté au discours du Conseil fédéral, empreint de sagesse et de modération en la circonstance, et à des contradictions évidentes entre l'autorisation d'enfreindre les restrictions, accordée à certains groupes privilégies, notamment aux entreprises de gros calibre et l'interdiction d'exercer leurs activités à des milieux économiques plus faibles. L'injustice faite aux agriculteurs locaux et petits commerçants des marchés face notamment aux grandes surfaces a frappé de plus en plus les esprits.

Le Conseil fédéral a senti très rapidement, et a même anticipé l'effet délétère des injustices, discriminations, et certains abus d'autorité. C'est pourquoi il a fixé, dès le départ de sa stratégie de gestion de crise, la priorité de préserver les classes inférieures, et à assurer l'égalité de traitement entre les différentes couches de la population.

2) L'autoritarisme se nourrit de l'ignorance et le respect se nourrit de la connaissance

Les gens sont trop peu curieux. J'ai été étonné que personne n'ait remarqué que le Conseil fédéral avait dès le 21 mars souligné que les stands de nourriture au marché étaient des magasins d'alimentation pouvaient rester ouverts.

Les courriers échangés avec les autorités communales ont d'abord montré un refus de l'évidence, c'est-à-dire qu'elles devaient mettre en place les conditions de l'autorisation aux commerçants de produits alimentaires au marché. C'est grâce à la discussion, aux échanges d'arguments, que celles-ci ont compris le sens des dispositions prises par le Conseil fédéral.

Le Conseil communal de La Chaux-de-Fonds est même allé au-delà de ce que nous pouvions espérer, en autorisant, dans un esprit d'égalité de traitement entre tous les acteurs économiques du commerce de détail de produits alimentaires, l'ouverture de stands de nourriture selon les mêmes horaires que les magasins pratiquant sous un toit. Cela montre la force de l'agir communicationnel (voir Habermas). Cet exemple est une illustration de la culture de discussion qui a eu cours en l'occurrence et constitue une victoire de la logique.

Il s’agit dès lors de dépasser le sentiment que nous sommes sur une mauvaise pente pour l'avenir de l'humanité. Il incombe à chacun-e d’entre nous de s’informer, d’étudier pour en arriver à la connaissance, par exemple, que la pandémie du coronavirus est une conséquence directe de la surexploitation des ressources et de la paupérisation de populations de plus en plus nombreuses.

C’est avec la force de nos arguments et grâce à la culture de l’écoute respectueuse de part et d’autre que nous pourrons étendre la conviction que le système capitaliste doit être dépassé.

3) Le monde de demain se construit aujourd'hui

Un autre élément qui a hérissé la sensibilité de la population face à la fermeture des marchés, c'est l'importance, voire l'urgence, de modifier nos comportements en matière de consommation. Il existe un mouvement de plus en plus profond et de plus en plus majoritaire dans la population à vouloir consommer des produits régionaux, pour le bien de la santé et de l'environnement, à vouloir vivre en meilleure harmonie avec la nature.

La fermeture des marchés a été ressentie jusque dans les tripes comme une sorte de tentative de passage en force de modes de productions et de consommations destructeurs des géants de l’agro-alimentaire, un peu comme un coup d'Etat de ceux qui vendent des fraises hors saison contre celles et ceux qui veulent respecter la saisonnalité et la régionalité des produits, favoriser des modes de production agricole extensifs (production intégrée, et de plus en plus biologique).

La réouverture des marchés, alors qu’elle survient au plus fort de la crise sanitaire, est vécue par beaucoup comme une victoire contre les modes de production intensifs, abusant de produits phytosanitaires. D'autres crises surviendront, d'autres virus apparaîtront, car les microbes existent depuis toujours. Si nous ne changeons pas la compétition en coopération, la surconsommation en sobriété, etc., nous ne nous pourrons pas nous adapter aux changements climatiques qui transforment le monde pour les siècles à venir. C'est une question de vie ou de mort. C'est un combat contre les prédateurs qui nous ont menés à ces crises.

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Suite au Communiqué de presse du 3 avril concernant la ré-ouverture possible des marchés (https://uniterre.ch/fr/thematiques/communique-de-p...), voici ci après un lien vers un courrier-type à envoyer à vos communes pour les engager dans cette démarche!

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Organisation qui soutiennent la réouverture des marchés : Uniterre, Slow Food, La Semaine du goût, Mouvement pour une agriculture paysanne et citoyenne (MAPC), Agriculture du futur Romandie, la FRACP, Association romande marché paysan, Les Artisans de la transition, Association romande des magasins du monde, Bio Fribourg, Chrétiens au travail, GRASSROOTED.

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Pour votre bien, pour celui de la planète, soutenez l’agriculture de proximité !

Il y a, dans votre région, ville, village, de nombreuses offres de vente directe ou de paniers, certaines d’entre elles proposent un service de livraison à un point de collecte ou dans des agglomérations !

Voici quelques liens vers des plateformes qui regroupent les offres de Ventes directes à la ferme :


Au niveau national

www.a-la-ferme.ch

https://www.bio-suisse.ch/fr/ventedirecte.php


Au niveau romand

https://www.marchepaysan.ch/

Ce site est géré par les productrices et producteurs.

https://www.bioconsommacteurs.ch/

Ce site répertorie les magasins, la vente directe à la ferme et les paniers.

https://www.saveurs-de-saisons.ch/

Fermes paysannes bio du Jura, livraison commune une fois par mois dans le canton du Jura, Jura Bernois et Chaux-de-fonds

https://local-heroes.ch

www.mon-producteur.ch

Application gratuite


Paniers

Fédération romande de l'agriculture contractuelle de proximité- Association romande

https://www.fracp.ch/


Marché en ligne

https://www.vitaminelocale.ch/epicerie-locale


A la recherche d’idées de recettes ?
Ce site propose des plans de menus hebdomadaires : sains, de saison et de proximité. Des recettes variées et accessibles à toutes les bourses !

https://www.paysannes.ch/fr/alimentation/recettes/

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La plateforme Agrix a été rafraîchie, adaptée à la situation spéciale que nous vivons et traduite en allemand pour fonctionner à l’échelle nationale. Elle demeure une bourse à l’emploi, mais s’élargit également.

En effet, constatant que certains producteur.trice.s souffraient en direct, parfois violemment, de l’interdiction des marchés de rue et de la fermeture des établissements publics, Prométerre a cherché une solution pour faciliter la mise en contact d’un côté entre professionnels « lésés » dans ces circonstances et d’autre part confrères ou autres professionnels susceptibles de pouvoir contribuer à l’écoulement de tout ou partie de leur marchandise, par exemple via leur propre structure de vente directe à la ferme.

L’annonce sur Agrix est gratuite, le processus d’inscription est très simple : il suffit de créer un nom d’utilisateur et un mot de passe, après quoi on peut directement publier une annonce (exemple : j’ai cinq plateaux d’œufs à vendre) ou un avis de recherche (exemple : j’ai besoin de cinq plateaux d’œufs).

Si vous êtes concerné.e.s, à utiliser sans modération!

Si vous connaissez des producteur.trice.s qui ont besoin de cette aide, à diffuser très largement!

On compte sur vous!

Merci!

Josette Roudaire et Jean-Marie Birbès étaient ouvriers, en contact avec l’amiante. Paul François, agriculteur, a été intoxiqué par un pesticide de Monsanto, le Lasso. Henri Pézerat, chercheur au CNRS, a marqué leurs vies en les aidant à se battre pour que ces crimes industriels ne restent pas impunis… La justice s’est-elle prononcée pour les responsables du grand mensonge de l’amiante ? Que fera-t-elle pour ceux de la catastrophe annoncée des pesticides ?

Trailer:

https://metroboulotkino.ch/portfolio-posts/les-sentinelles/

La projection du film sera suivie d'un débat avec Anne Thébaud-Mony, sociologue connue notamment sur son livre "Les risques du travail".

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Les bactéries qui développent la capacité de survivre à un traitement aux antibiotiques ont l’avantage, elles se multiplient, tandis que les autres meurent. Cette sélection produit un nombre croissant de bactéries résistantes. Pour leur part, les antibiotiques sont répartis en différentes classes en fonction de leur façon d’agir. Ainsi, lorsqu’un antibiotique n’est plus efficace, il est possible d’utiliser un médicament d’une autre classe. Cependant, aucune nouvelle classe d’antibiotiques n’a été découverte depuis 30 ans. Il est d’autant plus important de sauvegarder l’efficacité des médicaments existants. Les antibiotiques les plus récents doivent être utilisés de façon particulièrement restrictive, afin de ne pas perdre de leur efficacité (les antibiotiques dits de réserve). L’utilisation excessive et parfois inappropriée d’antibiotique au cours des dernières années et décennies a conduit au développement de souches bactériennes résistantes contre tous ou quasiment tous les antibiotiques.

En Europe, le nombre de décès lié à une infection de bactéries résistantes est estimé à 25 000. Dans ce contexte, le Conseil fédéral et tous les Offices fédéraux compétents ont été impliqués dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Stratégie Antibiorésistance Suisse (StAR), avec l’objectif de maintenir l’efficacité des antibiotiques dans la médecine humaine et vétérinaire. La santé humaine, la santé animale et la santé environnementale sont trois éléments étroitement liés qui s’influencent mutuellement. L’approche One Health favorise la coopération de ces différents domaines afin de préserver la santé de tous.

Les mesures de la stratégie sont réparties en huit domaines d’action

  • Surveillance : La distribution et l’utilisation d’antibiotiques, ainsi que les occurrences de résistances doivent faire l’objet d’une surveillance systématique. Cette démarche permet aussi d’évaluer le succès des mesures mises en œuvre.
  • Prévention : Lorsque l’on n’utilise pas d’antibiotiques, il ne peut y avoir des résistances. Ce domaine d’action vise à réduire les infections en améliorant l’hygiène et la gestion dans la médecine humaine ; dans l’élevage, des mesures comme l’amélioration de l’hygiène, l’optimisation des conditions de détention et la mise au point de traitements alternatifs comme les vaccinations permettent également de limiter l’emploi d’antibiotiques.
  • Utilisation rationnelle des antibiotiques : L’utilisation d’antibiotiques ne peut être évitée complètement. Cependant, lorsqu’elle devient nécessaire, il faut utiliser le médicament le plus efficace selon l’état des connaissances actuelles. Des directives précises et strictes concernant la remise et l’administration des antibiotiques critiques seront introduites, afin de préserver leur efficacité.
  • Lutte contre la résistance : Les résistances doivent être identifiées rapidement pour empêcher leur propagation.
  • Recherche et développement : Il existe des lacunes en matière de connaissances concernant l’apparition et la propagation des résistances. La recherche et le développement dans ce domaine, ainsi que les nouvelles découvertes en matière de diagnostic ou de substances antimicrobiennes sont soutenus.
  • Coopération : La coopération à l’échelle politique, scientifique et économique, ainsi qu’entre les domaines de la médecine humaine et vétérinaire, l’agriculture et l’environnement sera encouragée selon l’approche One Health.
  • Information et formation : La connaissance sur les antibiorésistances et leur prévention au sein de la population et des professionnels seront améliorées.
  • Conditions générales : Il s’agit d’éviter la création de mécanismes du marché ou d’incitatifs économiques qui vont à l’encontre de cette stratégie.1

En œuvre depuis 2016

La StAR a été approuvée par le Conseil fédéral en 2015, elle est mise en œuvre depuis 2016. Les productrices et producteurs ont pu constater quelques conséquences de cette mise en œuvre, en particulier l’interdiction de la remise d’antibiotiques de prophylaxie (protection de la mamelle) ou à titre de stocks. Bien que ces mesures ne soient pas toujours faciles à mettre en œuvre, elles sont importantes à long terme. Parallèlement, des projets de recherche en cours vont démontrer qu’une amélioration des conditions de détention et des mesures de prophylaxie peuvent contribuer à une réduction de l’utilisation d’antibiotiques. L’utilité de ces mesures peut sembler évidente à certains, mais ces travaux de recherche sont tout de même importants, puisqu’ils serviront de base d’argumentation pour une amélioration des conditions de détention.

Vigilance de mise

Dans la théorie, le programme de la StAR est excellent, mais il faut rester vigilant. En particulier dans le domaine des incitatifs économiques, le potentiel d’amélioration reste important. Au cours des dernières années, certains antibiotiques ont disparu du marché ; leur homologation étant échue, les entreprises pharmaceutiques ne voulaient pas supporter les frais importants d’un renouvellement de l’homologation. En revanche, certains nouveaux médicaments apparaissent sur le marché. Ils contiennent des antibiotiques de réserve et sont vendus à prix attrayant. Ce développement contribue uniquement à l’augmentation des bénéfices des entreprises, il est en contradiction frappante avec le concept d’une utilisation prudente. S’il est plus facile d’utiliser des antibiotiques de réserve, le risque est grand que leur utilisation devienne courante.

La prophylaxie connaît également différentes approches. Réduire l’utilisation d’antibiotiques pour améliorer la santé des animaux est une bonne alternative. Toutefois, de certains pays nordiques nous arrivent aussi des exemples moins bons : en réduisant l’introduction de germes par une plus grande industrialisation de l’élevage et une isolation des troupeaux de l’environnement, comme nous le connaissons déjà partiellement pour l’élevage de porc en Suisse. Un développement dans cette direction peut être judicieux dans le cadre de la problématique des antibiorésistances, mais il n’apportera certainement aucune amélioration pour le bien-être des animaux.

L’approche globale de la StAR est essentielle et reflète le constat que cette problématique n’est pas uniquement la faute des producteurs et des vétérinaires. La production animale tellement intensive qu’elle ne peut se passer d’antibiotiques n’est pas la seule responsable ; les phénomènes d’antibiorésistance résultent également de l’utilisation inconsidérée dans la médecine humaine. Ces problèmes sont causés par toute la population et doivent être traités dans ce sens. Dans la mise en œuvre, il faut aller plus loin que gronder ceux qui utilisent des antibiotiques. Les entreprises pharmaceutiques et les distributeurs doivent également rendre des comptes. Lorsqu’il s’agira de rédiger les directives sur l’utilisation d’antibiotiques importants, il faudra également établir des règles sur la production et la commercialisation de ces médicaments.

Lara Moser est membre d’Uniterre, elle travaille en tant qu’assistante clinique au Département pour la médecine vétérinaire clinique à la Clinique des ruminants de l’Université de Berne.



1: https://www.bag.admin.ch/dam/bag/de/dokumente/mt/star/strategie-star.pdf.download.pdf/strategie-antibiotikaresistenzen-ch.pdf


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Le scandale européen des œufs contaminés relance le débat de la sécurité qui agitent partis politiques et organisations paysannes depuis de très longs mois. Les citoyens seront appelés à se prononcer le 24 septembre sur le sujet. L'interview de Rudi Berli, président d'Uniterre Genève.

A ne pas manquer!

https://www.rts.ch/play/radio/linvite-de-la-redact...

Communiqué de Presse
La production de masse et l’industrie agro-alimentaire viennent de fournir une fois de plus la preuve qu’elles sont totalement incompétentes. Si la rationalisation à outrance, la concentration d’animaux de rente dans de grandes halles et la diminution tous azimut des coûts de production peuvent sembler efficaces dans un premier temps, les scandales alimentaires qui jalonnent les ans ne font que nous rappeler que ce modèle est dépassé. En termes de durabilité, nous sommes bien loin des objectifs fixés. Se retrouver avec des millions d’œufs à détruire et des centaines de milliers de poules à abattre (au bas mot), c’est une honte pour nos civilisations. Les victimes seront à nouveau les producteurs et leurs animaux d’un côté, les consommateurs de l’autre, comme toujours les deux extrémités de la chaine. Les premiers subissent les retombées très négatives du scandale, et les seconds sont bernés par les belles promesses de l’agro-alimentaire. Quand allons-nous apprendre de nos erreurs ?

Et combien de temps encore les grands distributeurs d’ici et d’ailleurs pourront-ils engranger de juteux bénéfices ?

La pression énorme qu’ils mettent sur les fournisseurs pour obtenir toujours plus en payant toujours moins est directement responsable du scandale. Que nos deux chers géants orange fassent donc leur examen de conscience !

Si la production indigène n’est pas entièrement à l’abri d’écueils de ce genre, elle reste néanmoins la plus sûre. Seules des exploitations agricoles travaillées par des familles paysannes sont à même d’assurer notre futur alimentaire. Il faut cesser de voir dans le bon marché et l’ultra-rapide la réponse aux problèmes de notre temps. Produire de la nourriture de qualité prend du temps, demande des compétences, un investissement personnel fort et implique des coûts. Il faut donc donner aux producteurs les moyens d’aller dans le bon sens : revaloriser le rôle du paysan, lui permettre de gagner sa vie décemment, c’est la seule solution pour ne plus vivre ce qui s’est passé en Europe ces dernières semaines. On nous rétorquera que se nourrir suisse coûte cher, mais quel est le prix social, sanitaire et écologique de ces œufs contaminés ? Plutôt que de payer les pots cassés, nous avons tout intérêt à nous tourner dès maintenant et pour de bon vers une véritable production agricole durable.

Contact presse : Vanessa Renfer – v.renfer@uniterre.ch/ 032 757 28 85

Intervention de Fernand Cuche sur le sujet lors de l'émission "Forum" de la RTS 1ère le vendredi 11 août à 18h: https://pages.rts.ch/la-1ere/programmes/forum/8820... à partir de 14 min. 30s