Communiqué de presse d'Uniterre, Pain pour le prochain, Cetim, Geneva Academy, Action de Carême, Fian International/Suisse, HEKS-EPER et Swissaid
Déclaration sur les droits des paysan·ne·s : la Suisse doit harmoniser politique extérieure et engagements internationaux
Lucerne, Berne et Genève, le 27 août 2020
Le paradoxe est frappant : les paysans et paysannes, principaux pourvoyeurs de nourriture du monde, sont les premiers à souffrir de la faim et de l’extrême pauvreté dans de nombreux pays. Conscientes de cette situation, les Nations Unies ont adopté en 2018 une Déclaration* pour garantir leurs droits. La Suisse s’est engagée à la mettre en œuvre. Or, une étude mandatée par plusieurs ONG helvétiques montre que sa politique extérieure laisse beaucoup à désirer dans ce domaine. Ces organisations ont présenté aujourd’hui les résultats de l’étude aux offices fédéraux concernés.
La paysannerie familiale et les personnes travaillant dans des zones rurales sont les gardiennes de la sécurité alimentaire mondiale, mais aussi les principales victimes de la faim et de l’extrême pauvreté. Les politiques agricoles et commerciales de nombreux gouvernements ne font que peu de cas des droits et des besoins de la paysannerie et s’en remettent, pour l’alimentation, aux multinationales de l’agro-industrie.
La Confédération suisse a joué un rôle clé lors des négociations qui ont abouti à la Déclaration de 2018 sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales – un instrument international qui permet à ces derniers de faire valoir et de défendre leurs droits. Toutefois, l’étude en question montre que la Confédération doit améliorer la cohérence de domaines centraux de sa politique extérieure si elle entend contribuer à la concrétisation des droits des paysan·ne·s dans le monde entier.
L’orientation générale est correcte, mais il reste encore beaucoup à accomplir
L’étude mandatée par les organisations Action de Carême, CETIM, EPER, FIAN Suisse, Pain pour le prochain, SWISSAID et Uniterre analyse, à la lumière de la Déclaration des Nations Unies, la politique extérieure de la Suisse dans le domaine du commerce, des semences, des droits fonciers et de la coopération au développement. Après en avoir exposé les lacunes, elle présente une liste de revendications.
Partisane du libre-échange, la Suisse n’en adopte pas moins certaines mesures pour protéger son agriculture. Cette politique axée sur la Suisse nuit toutefois aux paysanneries familiales des pays du Sud et va à l’encontre des droits que leur garantit la Déclaration des Nations Unies. Elle prive d’innombrables personnes de leurs droits, entre autres, à la terre, à la biodiversité et à un environnement propre et sain. Il incombe dès lors à la Suisse de procéder à un examen minutieux et de déterminer l’impact des accords de libre-échange, déjà en vigueur ou en préparation, sur les familles paysannes en Suisse et celles dans les pays signataires.
Il s’agit aussi de prendre l’initiative de promouvoir le droit des paysan·ne·s à participer aux négociations et modifier en conséquence les règles applicables. La Suisse doit en outre reconnaître clairement le droit aux semences et cesser de subordonner la signature d’accords de libre-échange à la promulgation de lois strictes en matière de protection des obtentions végétales.
Les paysan·ne·s sélectionnent, utilisent et reproduisent des semences depuis des millénaires, contribuant de la sorte à préserver la biodiversité. Par le biais de sa politique de développement, la Suisse doit promouvoir l’adoption de lois respectueuses des systèmes locaux de semences paysannes et renforcer ces derniers.
En outre, l’étude montre que le nouveau message du Conseil fédéral sur la stratégie de coopération internationale, concernant la période 2021 à 2024, ne mentionne les droits des paysan·ne·s que dans le Programme global sécurité alimentaire de la DDC et que le rôle important octroyé au secteur privé fait planer une menace importante sur le respect des droits humains et l’usage coutumier du sol. Or, la Suisse doit veiller à ce que tous les projets du SECO et de la DDC soient conformes aux droits des paysan·ne·s. L’étude recommande que la coopération internationale aide les paysan·ne·s à réclamer et à exercer leurs droits afin d’encourager et de rendre effective leur participation dans les processus et instances de décision. De plus, elle doit soutenir la constitution et la promotion d’organisations paysannes, y compris à l’échelle nationale.
Les ONG ont présenté les résultats de l’étude lors de l’entretien tenu aujourd’hui avec des services fédéraux, et notamment le Département fédéral des affaires étrangères et l’Institut fédéral de la propriété intellectuelle. Elles se sont félicitées de l’esprit d’ouverture des responsables politiques et espèrent poursuivre un dialogue constructif.
L'étude complète est disponible ici https://www.geneva-academy.ch/joomlatools-files/do...
et un résumé ici https://www.geneva-academy.ch/joomlatools-files/do...
*Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales
Renseignements :
Ester Wolf, responsable droit à l’alimentation à Pain pour le prochain, wolf@bfa-ppp.ch, 021 614 77 13, 076 481 06 01
Melik Özden, directeur du CETIM, contact@cetim.ch, 022 731 59 63, 079 728 80 58
La Via Campesina a publié un livret illustré de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP).
Aujourd’hui le 22 juin 2020 à 11 heures, 59’928 signatures validées ont été remises à la Chancellerie fédérale à Berne. Les dernières semaines ont montré que l'Indonésie n'est pas disposée à mettre en oeuvre des normes
écologiques et sociales pour empêcher la destruction des forêts primaires riches en espèces.
Chaque année, environ un million d'hectares sont défrichés pour la monoculture de l'huile de palme, entre autres. Ce désert "vert" s'étend déjà sur près de 17 millions d'hectares, soit quatre fois la superficie de la Suisse et près de 10 % de l'Indonésie. D'autres lois et ordonnances doivent être mises en place dans la discussion sur les nouvelles concessions aux exploitations minières et d’extraction de charbon, les projets d'infrastructure, la cellulose et la sylviculture avec des conséquences dévastatrices pour le climat et l'environnement, les petits paysans et les peuples indigènes. Ronja Jansen, des Jeunes Socialistes, critique vivement l'accord. "Cet accord de libre-échange est un contrat des puissants. Nous ne devons pas nous laisser tromper : Les belles promesses de
durabilité qu'il contient ne valent pas grand-chose si des contrôles stricts ne sont pas garantis".
Le douteux accord de libre-échange de l'AELE n'apporte guère d'avantages significatifs à l'économie locale
d'exportation. La Suisse ferait bien d'oeuvrer plutôt pour un commerce véritablement équitable et durable.
Willy Cretegny, viticulteur bio et initiateur du référendum, déclare à l'occasion de la remise des signatures :
«Les manifestations pour le climat qui ont rassemblé des milliers de personnes dans le monde doivent
déboucher sur des véritables changements. Nous devons produire autrement, nous devons consommer
autrement, nous devons respecter notre environnement dans sa globalité, c’est-à-dire la nature, les ressources,
le paysage, les droits humains, le tissu qu’il soit social ou économique. Ce référendum est une pierre de ce
nouvel édifice que nous voulons construire ensemble ! »
Ce lundi 15 juin a eu lieu à Berne la conférence de presse qui lançait la nouvelle étude de la plateforme pour une agriculture socialement durable. Deux historiens, Gilles Bourquin et Jan Chiarelli, se sont penchés sur les conditions de travail dans le domaine de l’agriculture.
L'étude, bilingue est basée sur neuf cantons et couvre la période de 2000 à 2018.Cette étude reflète une réalité pas très reluisante de notre agriculture et des conditions de vie de toutes les personnes travaillant jour après jour pour produire notre alimentation.
Retrouvez le communiqué de presse ci après:
Si l'on examine les conditions de travail des salariés agricoles, un
patchwork se dessine : de Genève à la Thurgovie, de Bâle au Tessin,
les contrats-types de travail cantonaux sont très variés. Cela
s'applique aux pauses (seuls 9 des 26 cantons accordent des pauses
rémunérées de 15 minutes par demi-journée), aux heures
supplémentaires (il peut être nécessaire de faire des heures
supplémentaires) et aux jours de congé, ainsi qu'à la durée du
travail hebdomadaire : le canton de Glaris se distingue par une semaine
de 66 heures (mai - septembre) et le pendule oscille entre 50 et 55
heures par semaine dans la plupart des autres cantons. Seul le canton de
Genève est en avance avec une semaine de 45 heures. L'assujettissement
de l'agriculture au code du travail fixerait une durée hebdomadaire de
travail de 45 heures (article 9) et représenterait une première
amélioration.
Les salaires standards publiés annuellement par l'Union suisse des paysans (USP) s'élèvent actuellement à 3 300 francs bruts pour les auxiliaires saisonniers pour 55h semaine et à 2 625 francs bruts pour les stagiaires de moins de 4 mois (desquels sont déduits les frais de logement et de nourriture, à hauteur de 990 francs par mois). Un bref aperçu de l'évolution du salaire cible : depuis 2010, il n'a augmenté que de 395 CHF pour le personnel auxiliaire saisonnier et de 135 CHF pour les stagiaires. Une Convention Collective du Travail nationale peut fixer des salaires obligatoires. Avec la conférence de presse d'aujourd'hui, nous ouvrons le débat sur cette question urgente.
Mais ce débat ne peut être mené sans tenir compte de la situation des revenus des paysannes et paysans. La discussion sur la pression exercée sur les prix à la production par Coop et Migros vient de reprendre. Ce qui est en jeu, ce n'est rien de moins qu'une communauté agricole diversifiée et familiale, qui compte encore 50 000 exploitations. 2 à 3 fermes ferment leurs portes chaque jour. La baisse des prix à la production (-30% au cours des 30 dernières années) combinée à une forte pression de production est critique pour de nombreuses exploitations. Selon l’USP, l'agriculture représente 32 centimes du franc de consommation. L'étude menée par Agrisodu identifie également de graves lacunes dans les paiements directs, car "en 2018, les agriculteurs suisses n'ont effectivement bénéficié que de la moitié des 3,6 milliards. L'autre moitié va aux grandes chaînes de transformation et de vente au détail".
En 2018, le revenu agricole par unité de travail était d'un peu moins de 52’000 CHF (70’600 CHF par exploitation), ce qui correspond à 4’340 CHF bruts par mois. Le salaire médian suisse était de 6’538 francs bruts. Le revenu est encore plus faible pour les exploitations de montagne (40’580 et 34’321 francs respectivement). Ceci est contraire à l'article 5 de la loi sur l'agriculture, selon lequel les exploitations agricoles "peuvent, sur plusieurs années, atteindre un revenu comparable à celui de la population active d'autres secteurs économiques de la même région". Et au paragraphe 2, que "lorsque le revenu est nettement inférieur au niveau de référence, le Conseil fédéral prend des mesures temporaires pour l'améliorer". Mais rien ne se passe ! En outre, le temps de travail hebdomadaire est de 67 heures pour les hommes et de 63 heures pour les femmes. De plus, les agricultrices travaillent en moyenne 11 heures par semaine à titre accessoire. Au total, une charge de travail immense, avec une dette élevée d'environ 30 000 CHF par hectare et des salaires de misère. La situation est encore exacerbée par le dumping à l’importation, qui sape nos normes en matière de bien-être animal, de responsabilité sociale et d'écologie et entraîne une concurrence déloyale pour notre production intérieure.
Uniterre a déjà fait campagne pour la normalisation des conditions de travail et des prix équitables dans le cadre de l'initiative pour la souveraineté alimentaire.
L'Espagne montre la voie : Il est interdit par la loi de fixer des prix inférieurs aux coûts de production dans les contrats de vente de produits agricoles.
Nous pouvons briser cette spirale négative en défendant enfin un changement social avec les agriculteurs, les consommateurs et les travailleurs agricoles.
Mathias Stalder, secrétaire syndicale Uniterre
Plus d'infos sur le site de la plateforme : http://www.agrisodu.ch/
Commandez le livre pour 10.- sur le site du Centre Europe - Tiers Monde (CETIM) https://www.cetim.ch/product/25676/
La
pandémie COVID-19 s'ajoute et renforce les persécutions
historiquement pratiquées contre les peuples. Et cette pandémie ne
peut nous faire oublier la violence systémique et systématique à
l'encontre des paysans et paysannes, et autres travailleurs ruraux,
ainsi que les violations de leurs droits. À la recherche d'un revenu
décent et pour assurer leurs moyens de production, les travailleurs
ruraux dans différentes parties du monde sont constamment confrontés
à des hostilités, à la violence, à la persécution et à la
criminalisation. Cette situation est exacerbée par la mise en place
des mesures exceptionnelles contre la maladie.
Les
sociétés transnationales minières, agroalimentaires et
hydro-industrielles, harcelaient déjà les populations des
campagnes, des eaux et des forêts ; avec la pandémie, les
gouvernements assujettis à ces grandes entreprises justifient leurs
actes de persécution et même d’extermination. Car en réalité,
leur préoccupation n'est pas de sauver des vies, mais d'essayer de
sauver l'économie capitaliste, qui repose sur le sang de milliers de
personnes dans le monde.
Pour
les paysans et paysannes, les peuples de pêcheurs et des forêts, la
lutte quotidienne dans le contexte du COVID-19 n'est pas facile. Dans
plusieurs pays, lorsqu'ils tentent d'accéder aux marchés pour
vendre leurs récoltes ou leurs produits, les paysans et autres
producteurs de denrées alimentaires sont confrontés à des
sanctions économiques ou pénales pour tout déplacement hors de
leur communauté. Les marchés locaux, les marchés paysans, etc. ont
été fermés à titre préventif, mais les supermarchés sont
encouragés à poursuivre leurs activités, en exploitant leurs
travailleurs et en spéculant parfois sur les prix des denrées
alimentaires et d'autres produits tels que les masques. Nous
affirmons que le monde paysan est capable d'adopter des mesures
d'hygiène rigoureuses afin d'éviter la contamination et d'être
contaminé.
Dans
le secteur agricole, les personnes qui ont été amenées à utiliser
des produits toxiques, tels que les pesticides, insecticides et
autres, comptent aujourd'hui parmi les groupes les plus exposés au
COVID-19, en raison de la faiblesse physique et des maladies que ces
produits chimiques provoquent.
Les
communautés d'ascendance africaine, les peuples autochtones, les
migrants, les personnes LGBTI, les populations urbaines en situation
de pauvreté et les femmes sont parmi les personnes qui souffrent de
l'impact disproportionné de la crise sanitaire, sociale et
économique.
La
violence domestique s'est intensifiée avec le confinement ; les
foyers sont devenus plus dangereux pour les femmes, les enfants et
les personnes âgées qui étaient déjà victimes de violence. Les
groupes féministes qui soutiennent les personnes confrontées à la
violence voient leur action limitée par l'enfermement forcé et
subissent des atteintes à leur liberté d'expression dans les médias
numériques.
La
situation touche également les migrants internationaux et les
déplacés internes, notamment dans les camps de réfugiés
surpeuplés. Les adultes et les enfants sont confrontés à une
détention arbitraire et prolongée et à des traitements abusifs
dans des conditions insalubres et dégradantes, en plus des abus
policiers. Les personnes impliquées dans l'aide alimentaire ont été
condamnées à des amendes dans les pays du Nord et persécutées
dans les pays à régime autoritaire.
Depuis
l'apparition du COVID-19, les gouvernements du monde entier ont
appliqué des restrictions plus ou moins drastiques à la liberté de
mouvement et à la liberté de réunion. Une pandémie est combattue
par l'information, les soins, la santé publique universelle et
gratuite, et non par la police et l'armée qui s'attaquent aux gens.
Certains gouvernements se cachent derrière cette crise pour attaquer
ou laisser attaquer spécifiquement les leaders sociaux et les
défenseurs des territoires. De nombreux journalistes ou écrivains
ont également été attaqués pour avoir diffusé des critiques sur
les gouvernements, certain.e.s ont disparu ou ont été réduit.e.s
au silence. Dans le même temps, les grands médias ont continué à
jouer un rôle important dans la diffusion de la discrimination et
des discours de haine contre certains groupes sociaux.
Il
y a toujours des cas d'emprisonnement arbitraire, de détention au
secret de prisonniers politiques et des mesures de quarantaine qui
ont entraîné la suspension des services judiciaires, ce qui a servi
de prétexte pour empêcher la libération de personnes, ainsi que
les plaintes et l'accès à des recours judiciaires par les personnes
qui ont été menacées ou attaquées. Les revendications pour de
meilleures conditions sanitaires pour les prisonniers, face au
Coronavirus, ont été durement réprimées dans plusieurs pays. Les
états d'alerte, la militarisation accrue et la présence policière
sont devenus la nouvelle norme dans de nombreuses régions du monde,
ce qui fait craindre que ces pouvoirs continuent d'être exercés une
fois la crise passée.
Les
militants et les dirigeants d'organisations populaires, hommes et
femmes, attirent également l'attention sur les conséquences et les
implications à long terme de la surveillance numérique accrue qui
est mise en place dans le monde entier pour soi-disant contenir la
propagation du virus. Non seulement elle mettrait en danger les
droits numériques et la vie privée de la société dans son
ensemble, mais elle permettrait également un plus grand contrôle du
travail et des mouvements des personnes, et des attaques - en ligne
sur leur liberté d'expression, et hors ligne sur leur vie - sur eux,
leurs familles, leurs communautés et leurs organisations. Dans le
même temps, les personnes qui n'ont pas accès aux technologies et
aux différents outils de communication se retrouvent isolées et
incapables de communiquer sur leur situation et de s'organiser en
collectifs.
En
quelques semaines, la situation d'exclusion et d'inégalité a été
mise en évidence pendant la pandémie. Le système agroalimentaire
hégémonique s'est révélé incapable de lutter contre la faim, la
précarité et les terribles conditions de travail. Si les causes
structurelles des nombreuses crises que connaît l'humanité ne sont
pas traitées, les mobilisations sociales et les protestations
s'intensifieront et avec elles les mesures de répression et de
contrôle de la part de ceux qui maintiennent le monopole politique
et économique. La pandémie a précipité une crise structurelle du
capitalisme déjà annoncée.
Nous
devons renforcer les alliances entre les organisations populaires, en
préservant la vie des personnes qui se battent pour leur territoire,
pour leur culture, pour une façon de produire qui ne détruise pas
la planète. Nous devons rendre visibles et faire prendre conscience
des menaces qui pèsent sur les personnes et leurs organisations, en
particulier les plus isolées. Nous devons dénoncer de toutes les
manières possibles la violence subie, en ciblant les gouvernements,
les entreprises, les propriétaires terriens et les autres personnes
qui sont impliquées dans la persécution, la criminalisation, la
disparition et l'assassinat de militants et de dirigeants de
mouvements et d'organisations populaires. La violence est, et reste,
un phénomène structurel plutôt qu'un phénomène d'urgence, et
doit être traitée comme telle par le déploiement des ressources
nécessaires.
La
construction collective est fondamentale pour faire face au monde
d'aujourd'hui et de demain. La crise a également mis en évidence la
solidarité et la construction d'alternatives, existantes et
nouvelles, qui doivent être le moteur de nos futures actions
collectives. Nous ne reviendrons pas à la "normalité" de
la violence, aux situations précaires. Le capitalisme n'a rien à
offrir à nos peuples, seulement la violence, l'exploitation et la
mort. Ce que nous disons aujourd'hui était fondamental hier et le
sera encore demain. Il est temps de promouvoir de nouvelles valeurs,
il est temps d'organiser la résistance, de renforcer les
connaissances locales et la création de connaissances et
l'apprentissage participatifs, de produire sur nos territoires, de
nourrir le monde et de préserver la planète et l'humanité.
Il est temps de renforcer la solidarité, d'exercer la résistance, de cultiver l'espoir.
Le syndicat SOC-SAT informe qu'Haciendas Bio SA vient de licencier dans son centre de Pujaire Cabo de Gata Almeria plus de 20 ouvrières et ouvriers agricoles, y compris des représentants de la section syndicale SAT. Tout.e.s avaient revendiqué leurs droits et le respect de la législation du travail.
Haciendas Bio, qui vend aux consommatrices*teurs et client.e.s des fruits et légumes bio sous l'étiquette du développement durable et de la responsabilité sociale, ne paie pas les salaires légaux, elle ne paie que partiellement les contributions à la Sécurité Sociale et une longue liste d'autres irrégularités pourrait suivre, étayée par les témoignages de dizaines d’ ouvrières et ouvriers agricoles.
Il y a 3 jours, l'entreprise a eu recours au licenciement et à l'intimidation pour éviter l'élection d'un comité d'entreprise, qui permettrait aux ouvrières et ouvriers agricoles d’avoir des représentants syndicaux et de défendre leurs droits. Devant ces patrons qui utilisent l'état d'urgence pour écraser la démocratie et maltraiter la classe ouvrière, il n'y a qu'une seule voie possible, s’organiser et lutter ! Le conflit du travail est ouvert.
Nous demandons aux certificateurs de Bio Suisse, Naturland, Demeter, Global Gap de tout mettre en oeuvre pour que les ouvrières et ouvriers agricoles soient réengagés et qu’ils exigent qu’un processus électoral transparent et démocratique soit mis en place pour assurer le respect des droits du travail dans l'entreprise. S'ils ne s'y emploient pas, le discrédit sur les labels sera sans appel. Les preuves de l'exploitation et des abus dans cette entreprise sont évidentes.
Sur cette base, le syndicat SOC-SAT appelle ses partenaires en Suisse et en Europe à collaborer à la campagne : Réengagement des ouvrières et ouvriers agricoles licenciés à Haciendas Bio! (#Readmisión despedidos Haciendas Bio !)
L'heure a sonné ! Le Bio n’est pas bio sans le respect des droits des travailleuses et ouvrières et ouvriers agricoles!
Aujourd’hui, plus de la moitié des semences commerciales sont contrôlées par trois multinationales, dont Syngenta, qui a son siège en Suisse. Une poignée d’entreprises décide donc de ce que nous cultivons et de ce que nous mangeons. La gamme des semences produites par ces multinationales ne comprend que quelques espèces, généralement inadaptées aux particularités locales. Pour qu’elles poussent et atteignent un rendement élevé, les paysannes et paysans doivent aussi acheter des engrais et des pesticides aux mêmes multinationales, qui obtiennent ainsi de juteux bénéfices, au détriment de l’environnement et de la biodiversité.
Dans l’accord de libre-échange en cours de négociation, la Suisse demande à la Malaisie d’adopter une loi stricte en matière de protection des obtentions végétales conforme à la Convention internationale pour la protection des obtentions végétales ratifiée en 1991 (UPOV 91). La protection des obtentions végétales – une sorte de brevet sur les semences – garantit aux semenciers un monopole, dont tirent parti, pour l’essentiel, les multinationales de l’agriculture. « Si nous ne pouvons plus produire nos semences, ce sont les semenciers qui fixeront les prix. Cette loi nous empêche en outre de transmettre nos connaissances ancestrales aux générations de demain », explique Borhan Omar, membre du conseil communal de Sungai Rusa en Malaisie. Depuis des générations, les familles paysannes de son village sélectionnent leurs propres semences, qu’elles multiplient, échangent et vendent. Or, ce sont précisément ces pratiques qu’une nouvelle loi veut interdire.
Les conséquences de ce modèle sont déjà visibles dans d’autres pays d’intervention d’Action de Carême et de Pain pour le prochain. « Au Honduras, nos partenaires ont déposé une plainte constitutionnelle contre une loi qui met en péril le droit à l’alimentation de la population et plus spécifiquement le droit aux semences. La procédure est encore en cours », relate Ester Wolf, responsable Droit à l’alimentation à Pain pour le prochain. « Le droit aux semences est reconnu dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans, approuvée en 2018 par de nombreux pays, dont la Suisse. Il est incohérent que la Suisse demande une loi qui limite l’accès aux semences des familles paysannes dans les accords de libre-échange », poursuit-elle.
Pour que la Malaisie ne connaisse pas le même sort, plus de 90 paysannes et paysans malaisiens ont envoyé des lettres au SECO pour lui demander d’exclure l’adoption d’une loi conforme à l’UPOV 91 des négociations de l’accord de libre-échange. Par signe de solidarité avec la Malaisie et parce qu’elles sont elles-mêmes concernées, plus de 1000 personnes d’Afrique, d’Amérique latine et d’autres pays d’Asie ont elles aussi écrit au SECO. Le public suisse est également invité à soutenir cette action, comme l’ont déjà fait plus de 200 personnes et de nombreuses paroisses.
En lançant leur Campagne œcuménique 2020 (du 26 février au 12 avril) intitulée « Ensemble pour une agriculture qui préserve notre avenir », Action de Carême, Pain pour le prochain et Être Partenaires demandent que les paysannes et paysans puissent conserver la propriété et la maîtrise de leurs semences.
Afin de sensibiliser le public suisse aux enjeux liés aux semences, les trois œuvres ont mis sur pied plusieurs événements (voir les détails plus bas) qui auront comme protagonistes des spécialistes du domaine semencier, des personnes du milieu associatif qui s’engagent pour la sécurité alimentaire ainsi que des académiciennes. L’hôte de la campagne de cette année, Octavio Sánchez Escoto, interviendra à trois des six événements proposés et apportera son témoignage sur la situation au Honduras. Octavio Sánchez Escoto est coordinateur d’ANAFAE, une organisation partenaire qui promeut l’agroécologie et l’accès aux semences traditionnelles.
Dossier de presse comprenant des documents de fond :
Modèle de la lettre adressée au SECO : www.voir-et-agir.ch/semences
Photos des expéditeurs et expéditrices de la lettre adressée au SECO : www.voir-et-agir.ch/lettres
Notre publication Perspectives sur le sujet : « Les semences appartiennent aux familles paysannes »
Reportage multimédia : « Les semences, à l’origine de tout »
Court film d’animation qui explique la problématique en 3’50’’ : « Semences en résistance ».
Hôte de la campagne 2020 (en Suisse du 17 au 29 mars, mais joignable à distance) : Octavio Sanchez Escoto, Honduras, coordinateur d’ANAFAE, une organisation partenaire qui promeut l’agroécologie et l’accès aux semences traditionnelles
Site web de la campagne : www.voir-et-agir.ch/semences
Renseignements :
Ester Wolf, responsable Droit à l’alimentation chez Pain pour le prochain
wolf@bfa-ppp.ch, 021 614 77 13, 076 481 06 01
Tiziana Conti, responsable de la communication chez Action de Carême
conti@fastenopfer.ch, 021 617 88 82, 076 366 06 40
Créée y il a près de 20 ans par une douzaine d’associations et organisations du monde paysan, syndicats ouvriers, de consommateurs-trices et de migrant-e-s, la Plateforme pour une agriculture socialement durable organise, ensemble avec d’autre organisations qui poursuivent les mêmes buts, des Assises pour une agriculture solidaire.
Vous trouvez plus de précisions dans le programme joint et sur notre site internet www.agrisodu.ch.
Vous êtes invités à participer à la rencontre européenne Reclaim the Fields Meeting 2020 (RTF) ! Elle aura lieu près de Vitoria-Gasteiz et de Pamplona-Iruña, en Navarre (Espagne), du 4 au 9 février 2020, au Collectif Amarauna.
A propos de la rencontre
Les réunions de RTF européenne ont lieu chaque année en hiver. L'idée est de réunir les différentes personnes qui sont actives dans le réseau RTF. La dernière réunion a eu lieu en février 2019 près de Florence, en Italie. Il a été accueilli par le collectif Mondeggi.
Le but de ces rencontres est :
- se rencontrer et obtenir des nouvelles des batailles locales
- échanger sur différents sujets qui nous concernent et qui concernent nos luttes
- discuter de notre position avec RTF : ce qui a été décidé l'année dernière, quels ont été les résultats jusqu'à présent, où et comment voulons-nous continuer
- connaître et soutenir les luttes locales et le collectif où la rencontre a lieu
- apprendre les uns des autres, s'amuser et se connaitre
- il y aura des partages de compétences, des ateliers et des discussions, selon les compétences et les intérêts de chacun
Contact:
Transmettez cette invitation aux personnes potentiellement intéressés dans votre région. Et si vous avez des questions, écrire à contactrtf@riseup.net
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