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Le lancement du Manifeste paysan, avec au 28 novembre, près de 1000 signatures d'agricultrices et agriculteurs, a été rendu public lors de la conférence de presse du 28 novembre à Berne. A cette occasion, nous avons mis le focus sur les contradictions de la politique agricole helvétique. En Suisse, des exigences de plus en plus strictes en matière de développement durable et de bien-être animal sont mises en concurrence avec les normes sociales et écologiques douteuses des importations bon marché, le dernier exemple en date étant l'accord de libre-échange avec le Mercosur que la Suisse a signé le 23 août 2019.

Le Conseil fédéral s'emploie activement à négocier ce genre d’accords, qui vont pourtant à l'encontre de l'intérêt général de la population pour une meilleure protection du climat, la durabilité, la sécurité et la souveraineté alimentaire. Les conséquences pour l'agriculture sont catastrophiques : Vanessa Renfer, paysanne et secrétaire d'Uniterre, a déclaré au début de la conférence de presse : " Plus de la moitié des exploitations ont disparu en 20 ans ! En fait, la seule option qui s'offre aux familles paysannes est "grandir ou mourir ! ". Cette logique implacable a ses conséquences : grandes fermes, grands bâtiments, grosses machines = grosses dettes ! Plus d'heures de travail, mais pas vraiment plus de revenus = burn-out, dépression, divorce..." Cette logique imprègne tous les secteurs de l'agriculture.

Avec ce manifeste, nous souhaitons redonner à nos collègues paysannes et paysans plus de respect et de reconnaissance pour leur profession. Aujourd'hui, nous exigeons des prix équitables pour nos produits, un marché transparent et une concurrence loyale.

Il s'agit de la première étape du renforcement du dialogue au sein de l'agriculture, de la transformation et des consommateurs. Dans un deuxième temps, nous formulerons des revendications que nous voulons intégrer activement à la politique fédérale. C'est pourquoi nous organiserons des réunions régionales en janvier et février 2020, afin de formuler une liste complète de revendications communes et d'avoir ainsi une influence positive sur la suite des discussions autour de la PA22+.

A cette fin, nous soutenons également la mobilisation des "Raisins de la colère" le 2 décembre 2019 à Berne à 10 heures pour défendre l'agriculture indigène.

Signez ce manifeste au lien suivant ! (Attention: vous pouvez le signer si vous êtes paysanne ou paysan).

Introduction de Vanessa Renfer, paysanne et membre d'Uniterre

Intervention d'Yves Batardon, pour la filière viti-vinicole

Intervention de Romain Beuret, pour la filière céréalière

Intervention de Markus Müller, pour la filière porcine

Intervention de Stefan Brunner, pour la filière maraîchère

Intervention de Philippe Reichenbach, pour la filière laitière


Revue de presse

https://www.schweizerbauer.ch/politik--wirtschaft/agrarpolitik/manifest-zu-widerspruechlicher-agrarpolitik-54150.html

https://www.laliberte.ch/news-agence/detail/uniterre-veut-federer-les-paysans-autour-d-un-manifeste/544194

https://www.20min.ch/ro/news/suisse/story/Uniterre-veut-federer-les-paysans-avec-un-manifeste-30134736

https://www.youtube.com/watch?v=VdySmW4nssw

https://www.lematin.ch/suisse/uniterre-federe-paysans-manifeste/story/29978909

https://www.tdg.ch/suisse/uniterre-federe-paysans-manifeste/story/29978909

https://www.laliberte.ch/news-agence/detail/uniterre-veut-federer-les-paysans-autour-d-un-manifeste/544194

https://www.swissinfo.ch/fre/uniterre-veut-fédérer-les-paysans-autour-d-un-manifeste/45398776

Présentée par Perrine Hervé-Gruyer, psychothérapeute et permacultrice à la ferme du Bec Hellouin (Haute-Normandie). Perrine et son mari sont notamment intervenus dans le film Demain réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent.

Elle est organisée par le Laboratoire de transition intérieure de Pain pour le prochain et Action de Carême, Pôle Sud et l'association Théofil dans le cadre du cycle de conférences "Tout peut (encore) changer - Suite".

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Voici le site internet ainsi que l’événement Facebook.

Contenu du cours:

- Présentation des impacts d'un tel transfert pour la famille cédante.

- Bases légales liées à la reprise d'exploitation.

- Financement : sources de financement, conditions, exemples pratiques.

- Orientation stratégique et budget d'exploitation : présentation d'outils et exemples pratiques.

- Echanges d'expériences avec des personnes impliquées dans ces processus : cédant, acquéreur, conseiller, banquier


Intervenants:

Bettina Erne, Responsable Romandie, Association des petits paysans

Paul-André Houlmann, AgriJura

Un cédant ainsi qu'un acquéreur ayant vécu ce processus récemment

Cédric Linder, FRI


120 .- ou compris dans l'abonnement FRI aux conditions usuelles.


Inscription Jusqu'au 15.11.2019


Remarque :

Cours orienté sur les futurs éventuels acquéreurs.

Participation de futurs cédants également bienvenue et bénéfique pour les échanges entre participants.


https://www.frij.ch/Cours/Reprise-dune-exploitatio...

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A la suite de la crise que traverse la production viti-vinicole et agricole, plusieurs paysans et paysannes d’Uniterre ont lancé l’idée d’un Manifeste.

Son objectif ? Réveiller les milieux politiques et alerter les élus à Berne de l’importance capitale de maintenir une agriculture indigène, diversifiée, familiale, respectueuse des humains, de la terre et des animaux.

Comment ? En récoltant le plus possible de signatures des paysans et paysannes suisses !

Peut-être n'avons-nous pas toutes et tous la même vision sur le devenir de l’Agriculture. L'important n'est pas d'avoir raison mais de fédérer ce qu'il reste encore de l'agriculture paysanne en Suisse. Aujourd'hui, au vu de la situation, il nous faut avancer ensemble en ne nous focalisant pas sur nos divergences mais en nous unissant autour de toutes les valeurs communes contenues dans ce Manifeste. Ceci simplement pour que nous tous, paysan.ne.s, nous retrouvions le courage et la force d’affronter l’avenir.

Alors signez ce manifeste au lien suivant ! (Attention: vous pouvez le signer si vous êtes paysanne ou paysan).

Merci !


Manifeste des paysannes et paysans suisses pour un marché juste et équitable

Nous, paysannes et paysans suisses, sommes unis dans cette action

Nous, paysannes et paysans, vigneronnes et vignerons, maraîchères et maraichers, éleveuses et éleveurs, productrices et producteurs de lait, arboricultrices et arboriculteurs, horticultrices et horticulteurs, nous toutes et tous qui travaillons la terre, demandons plus de respect et de reconnaissance sur le caractère indispensable de notre métier. Aujourd'hui, nous exigeons des prix équitables pour nos produits, un marché transparent et une concurrence loyale.

Aujourd’hui, un nombre croissant de citoyennes et citoyens s’engagent pour le climat et le développement durable et de nombreux politiciens reprennent leurs discours.
Pourtant le Conseil Fédéral s’acharne avec l’appui de certains d’entre eux à négocier tous azimuts des accords de libre-échange en pleine contradiction avec ses engagements et ses prises de positions en faveur du climat, de la durabilité, de la sécurité et de la souveraineté alimentaire.

Par ce manifeste nous dénonçons le libre marché qui détruit, dans le monde entier, la paysannerie et le climat, ceci en déstabilisant la société dans son ensemble !

Le Conseil Fédéral facilite les importations, et le marché n’arrive pas à absorber la production locale de denrées alimentaires.

Nous ne pouvons pas respecter les normes suisses de rémunération et de durabilité, et à la fois être concurrentiels avec les importations étrangères. Le marché globalisé pèse sur tous les secteurs de la production agricole, bio y compris. L’agriculture suisse s’en trouve affaiblie et quasi au bord de l’implosion.

Les importations de pain industriel et autres surgelés à base de céréales en provenance de trusts agroalimentaires des pays de l'Est (tout particulièrement de Pologne) ont doublé en 10 ans. Elles représentent 120’000 t par an, écoulées majoritairement par la grande distribution, alors que les céréales et oléagineux cultivés selon les normes IP-Suisse, extenso et bio sont déclassés, car le marché est saturé.

Le lait est en crise, dans un marché piloté au profit des transformateurs et de la grande distribution, au détriment des productrices et producteurs qui, ne parvenant plus à couvrir leurs frais, abandonnent la production laitière.

Le vin produit en 2018 est encore dans les cuves et que trouve-t-on dans les grandes surfacesoudans le réseau de distribution Landi de Fenaco (sauf Genève)? Des vins étrangers en action et au commerce beaucoup plus rémunérateur. Près de 40% des vins importés le sont à moins de 1.50 CHF le litre. Les vins suisses, face à cette concurrence déloyale, perdent des parts de marché et ne représentent plus que 35 % des ventes. Tandis que, depuis 20 ans, les principales solutions proposées sont la promotion et l’exportation.

Les tomates d’Almería inondent les grandes surfaces depuis des années, et comme par enchantement, elles deviennent bio, marché oblige !Les entreprises qui y gèrent les serres sont régulièrement mises en cause pour non-respect des droits humains par exploitation esclavagiste des ouvrières et ouvriers agricoles, pour pollution, contamination et assèchement des nappes sous-terraines et des sources.

Malgré cette situation, notre gouvernement continue à signer des accords de libre-échange qui vont faciliter les importations de produits agricoles.

La production industrielle de viande dégage quatre fois plus de CO2 que la viande suisse issue de bétail nourri à l’herbe. L’élevage industriel est complice des incendies de la forêt amazonienne par l’utilisation de maïs et de soya provenant de ces régions sinistrées réaffectées à la production de masse.

Un accord de libre-échange pour l’huile de palme a été signé avec l’Indonésie, un autre est en cours de négociation avec la Malaisie. La production d’huile de palme est responsable de la déforestation, elle saccage les ressources des populations locales et elle concurrence la production d’huiles végétales suisses !

Un nouvel accord avec le Mercosur (Amérique du Sud) permettra d'importer encore plus facilement de la viande industrielle, du vin, des fruits et des fleurs d'Amérique du sud sur plus de 12’000 km ! Un projet similaire est en discussion avec les Etats-Unis.

La libéralisation du marché des fleurs coupées, en 2017, a fait grimper l’importation de fleurs provenant de l’étranger, notamment du Kenya et de la Colombie. Aujourd’hui les fleurs suisses ne représentent que 3% de celles vendues en grandes surfaces.

La volonté du peuple suisse de favoriser une agriculture familiale dans un marché juste et équitable n’est pas respectée. Nous ne voulons plus être divisés par les promesses non-tenues de la Confédération. Nous exigeons des règles de marché équitables.

Par ma signature je reconnais le bien-fondé des valeurs exprimées dans ce Manifeste et m’engage à les promouvoir afin que soit pris en compte le péril qui menace aujourd’hui les paysannes et les paysans. Je souhaite que me soient rendus le respect et la dignité dans le métier que j’exerce au service de la communauté.

Pour signer ce Manifeste, rdv au lien suivant !

Nous aborderons entre autres les thèmes de :


- L’alimentation autrement
- Autour de la mise-bas
- Le soin aux jeunes
- La gestion du risque parasitaire


Tarif : 200 CHF par personne


Pique-nique tiré du sac pour le midi


Formatrice : Dr Anne BLECHA, vétérinaire homéopathe, membre du collectif GIE Zone Verte.

Pour les inscriptions et les informations supplémentaires, veuillez contacter directement Anne Blecha au 079 457 28 76 ou blechaanne@gmail.com

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Envie d’agir pour le climat et l’environnement ? Que vous soyez salarié.e, indépendant.e, retraité.e, apprenti.e ou étudiant.e, vous êtes cordialement invité.e à cette réunion!

Tout comme les jeunes, la population travailleuse est concernée par les problèmes environnementaux. La pollution est déjà un problème de santé publique et certains corps de métier sont déjà impactés par le changement climatique. Comment agir collectivement pour une transition écologique réelle, rapide et socialement juste ?

Pour répondre à ces enjeux, nous laçons le mouvement de la « grève pour le futur », qui aura lieu le 15 mai 2020. Pour toucher tout le monde, nous visons la création de collectifs sur les lieux de travail, d’études et de vie. Nous sommes également en contact avec les syndicats.

Lors de cette deuxième réunion, nous ferons le point sur la création des collectifs et la collaboration avec les syndicats. Nous commencerons à réfléchir aux actions que nous pourrions mener ensemble. L’ordre du jour sera adapté en fonction de l’affluence et de la motivation des troupes. Vos idées et vos énergies sont bienvenues !

>> N’hésitez pas à rejoindre cet événement sur Facebook: https://www.facebook.com/events/822609981530339/

>> Absent.e le 10, mais envie d’être informé.e de la suite ? Écrivez-nous à jura@climatestrike.ch.

>> Lire l'appel sur notre site : https://jura.climatestrike.ch/blog/2019/10/07/reunion-des-travailleurs-et-travailleuses-pour-le-climat/

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Malgré la qualité exceptionnelle de leur production de vins, les vignerons suisses subissent une concurrence étrangère toujours plus forte qui aboutit à une situation catastrophique pour le secteur viticole. En juin, l'Association suisse des viticulteurs et encaveurs indépendants (ASEVI) a soumis au Conseil Fédéral un catalogue de mesures urgentes et à long terme pour assurer l'avenir de la production viticole indigène.

La mesure la plus importante consiste en une adaptation rapide du contingent d'importation fixé en 1996 à 170 millions de litres sur une base de 310 millions de litres de consommation. Cette consommation s'élève aujourd'hui à 275 million de litres. Il est dès lors cohérent d'abaisser le contingent d'importation à 130 millions de litres. C'est une mesure que le Conseil Fédéral peut prendre immédiatement sans remettre en cause les traités commerciaux signés. Le commerce et les importateurs doivent enfin s'adapter au marché ! Les taxes hors contingent tarifaire doivent être réadaptées afin de limiter les distorsions de concurrence.

Par ailleurs, les contingents d'importation doivent être attribués en fonction de la prise en charge de produits indigènes, comme c'est le cas dans la filière viande par exemple.

Dans le cadre du commerce transfrontalier enfin, la franchise doit être abaissée de 5 à 2 litres de vin par jour et par personne. Parmi les mesures urgentes, l'ASEVI demande une aide au stockage pour l'encavage de la récolte 2019, une dénonciation immédiate de la dérogation "Swissness" pour la fabrication de fondues avec du vin étranger et un fonds de crédit-relais pour éviter des faillites et de défauts de paiement.

Pour toute réponse, le gouvernement préconise de voir l'augmentation de la concurrence comme une chance et de se satisfaire d'un éventuel renforcement de la promotion. La Suisse, qui signe des traités sur le climat, le rapport agricole mondial et la Déclaration sur les Droits paysans, pour ne citer que ces documents officiels, devrait être plus cohérente, et mettre en œuvre sa Constitution et ses lois qui l'obligent à préserver la production et l'approvisionnement indigène.

D'autre part, il est scandaleux de judiciariser un dossier de politique agricole, dont la consultation est encore ouverte dans le cadre de la PA 22+, à savoir le dossier des contrôles de cave. Cette ordonnance très largement critiquée met les vignerons-encaveurs dans le même panier que les acheteurs, vendeurs et importateurs de vins étrangers, et leur demande les mêmes contrôles administratifs ! Toutes les organisations agricoles ont refusé cette ordonnance absurde et plus d'une centaine de recours ont été déposés par des vignerons-encaveurs. Résultat : Le gouvernement se cache derrière l'administration et veut intimider la contestation par des sanctions financières et juridiques, par le biais d'avances et de frais dissuasifs. L'ASEVI exige l'annulation immédiate des menaces financières et une reprise du dialogue dans le cadre de la consultation sur la PA 22+.

Article de Rudi Berli.



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Interview Stig Tanzmann, professeur d’agriculture au département politique de Pain pour le Monde à Berlin. Il est diplômé en agriculture et en sciences agricoles.

Dans votre article du « Kritischer Agrarbericht 2018 », vous dites que le débat sur la numérisation dans l’agriculture a pris des allures presque euphoriques, que voulez-vous dire par là?

Dans le monde entier, l’agriculture, ou plutôt le secteur agricole, est confrontée à d’énormes défis depuis des années. La faim s’aggrave, la crise alimentaire mondiale devient de plus en plus complexe, le changement climatique – avec ses conséquences pour l’agriculture – devient de plus en plus évident, la perte de biodiversité prend une place de plus en plus importante, de même que les effets négatifs de l’utilisation excessive d’engrais chimiques et de pesticides. Parallèlement, la division entre les zones urbaines et rurales continue de s’accentuer et le travail dans les exploitations agricoles devient de moins en moins attrayant tant sur le plan financier que social.Bref, il y a en réalité un nombre incroyable de questions très complexes et surtout socioculturelles auxquelles il est urgent de trouver des réponses. Cependant, ces questions remettent fondamentalement en question les structures et stratégies existantes en matière de politique agricole et de développement et, surtout, les modèles d’affaires et les stratégies commerciales dans l’agro-industrie.Mais, soudain, il semble y avoir une réponse à toutes les questions : la numérisation dans l’agriculture. Un peu selon la devise : Posez-moi une question, la réponse est la numérisation. Dans certains cas, cela suscite des attentes totalement illusoires et les arguments avancés sont dénués de tout fondement. La numérisation est également traitée comme s’il s’agissait de quelque chose de complètement nouveau.Si l’on prétend avoir une solution unique même pour les problèmes les plus complexes, sans poser de questions critiques, cela ressemble à un buzz euphorique.

Où voyez-vous les dangers de ce développement plutôt incontrôlé ?

Le problème majeur est certainement que les questions fondamentales ne sont plus posées. En ce qui concerne l’agriculture dans les pays du Nord, la première question à se poser est : La numérisation dans l’agriculture est-elle un phénomène nouveau ? Pas vraiment ! Cela fait 15 ans que des robots de traite, des étables à commande numérique, des tracteurs équipés d’ordinateurs et connectés au GPS sont utilisés. Alors pourquoi cette euphorie ?

La question de l’alimentation dans le monde est encore plus critique. En Afrique, 75 % de la population n’a pas accès à l’Internet et donc aux applications numériques les plus simples et utiles pour l’agriculture – comme le conseil et la communication. Et nous ne parlons même pas de machines optimisées numériquement. Aucun.e paysan.n.e qui doit vivre avec moins de deux dollars par jour ne peut se la permettre.D’où le constat succinct et amer : les personnes touchées par la faim qui sont en même temps au cœur de la lutte contre la faim, c’est-à-dire les paysannes et les paysans dans les pays les moins développés du monde, n’ont de toute façon aucun accès à la numérisation. Des études et même la FAO confirment que les paysannes sont particulièrement touchées par ce phénomène, parce que les outils numériques leur sont encore moins accessibles.Nombreux sont les représentants des gouvernements qui se rendent compte que l’évolution de ces dernières années s’est faite de manière incontrôlée et que, dans le même temps, les gouvernements se sont fiés aux informations ou aux déclarations des grandes entreprises sans les vérifier. Les pays, qui misent de manière claire et décisive sur la sécurité alimentaire nationale et régionale, ainsi que sur la souveraineté de l’État expriment des doutes considérables sur les avantages de la numérisation dans l’agriculture tant qu’elle n’est pas contrôlée un minimum et réglementée à l’échelle internationale.L’un des résultats de ces réflexions, à mon avis, est le communiqué du Forum mondial sur l’alimentation et l’agriculture (GFFA) de janvier 2019 à Berlin. Ce document, soutenu par 74 ministres de l’agriculture du monde entier, préconise la réglementation de la numérisation en agriculture dans le cadre de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Où voyez-vous des approches de la numérisation qui pourraient nous apporter quelque chose à long terme à nous, paysannes et paysans?

À mon avis, il existe un grand potentiel, notamment en matière de communication, de conseil et d’échange de connaissances, en particulier dans les pays du Sud. Mais là aussi, il est important de souligner que ces voies de communication doivent préserver et renforcer la souveraineté paysanne. Une plate-forme de communication ou de conseil dominée par une entreprise comme BASF ou Bayer-Monsanto est très dangereuse à mon avis. En même temps, il faut toujours garder à l’esprit que l’agriculture reste une profession pratique et que sans une bonne base/formation/structurepratique et analogique, les meilleures applications numériques ne serviront à rien. Je considère la numérisation davantage comme un outil supplémentaire utile que comme un substitut aux activités agricoles.Un exemple intéressant de mon point de vue est le robot de traite. Il peut soulager les familles agricoles, parce qu’il enlève l’obligation de traite quotidienne, ce qui amène beaucoup plus de flexibilité dans la vie de tous les jours et laisse plus de temps pour les activités sociales. Il peut également être bénéfique pour la santé des animaux, s’ils peuvent décider du moment de la traite. Mais malgré toutes les données recueillies par le robot de traite, il est essentiel de bien observer les animaux, afin de maîtriser la santé animale. Pour tout cela, cependant, il faut des personnes qui connaissent les animaux et qui savent traire, surtout dans le cas où le robot de traite tombe en panne. Ici aussi, des questions se posent quant à ce qu’il advient des données collectées, à qui elles sont transmises et à qui elles appartiennent.

Tout le monde parle de la numérisation. À la lecture des rapports, on constate que, bien que l’on parle d’opportunités et de risques, personne ne sait vraiment comment les minimiser. Les gouvernements sont-ils à la merci du développement de cette technologie ? Ou ne savent-ils tout simplement pas quoi faire ? Quelle est votre évaluation ?

Non, les gouvernements ont simplement refusé d’agir pendant des décennies. Mais ils se réveillent lentement. Le communiqué du GFFA de 2019 est une bonne expression de cette évolution : non seulement il demande la réglementation de la numérisation dans l’agriculture sous les auspices de la FAO – les premiers résultats seront discutés lors du prochain GFFA en janvier 2020 –, mais une évaluation de l’impact technologique de la numérisation par la FAO en termes de bénéfices et de risques est également demandée. J’estime qu’une telle évaluation est essentielle si nous voulons enfin être en mesure de juger de manière réaliste les développements et d’élaborer de bonnes propositions de réglementation.Mais, ne me comprenez pas mal, le texte du GFFA ne contient pas que aspects positifs. Il révèle de nombreux points fondamentaux qui nécessitent une implication urgente et active des gouvernements, des paysan.ne.s et de nous-mêmes, en tant que société civile pour assurer une évolution positive de la numérisation.

Dans votre texte, vous parlez du rôle des fabricants de machines agricoles. Les tracteurs sont un élément central de notre travail quotidien, ils peuvent faciliter beaucoup de tâches. Sur quoi repose votre scepticisme ?

La machinerie agricole adaptée aux besoins des paysan.ne.s est une grande bénédiction pour l’agriculture à l’échelle mondiale, parce qu’elle rend le travail plus facile, voire même le rend simplement possible. Le progrès technique, l’adaptation aux nouveaux besoins et les innovations dans ce domaine sont très importants et bienvenus.Un énorme problème, cependant, est que de nombreuses machines agricoles de grands fabricants comme AGCO, John Deere ou Claas sont extrêmement numérisées. Dès que le tracteur est mis en marche, les capteurs collectent une grande quantité de données et alimentent ainsi les bases de données des entreprises. Ces machines rassemblent et transmettent des données qui doivent être clairement reconnues comme des savoirs paysans et qui doivent être protégés. La protection de ces savoirs paysans est un élément central de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP). Il manque clairement un débat de fond pour définir si cette collecte de données est légitime et quelles conséquences juridiques en découlent. Une grande partie de ces données est utilisée par les entreprises pour développer des applications et des programmes qui sont ensuite revendus aux agriculteurs. Ou éventuellement mis à la disposition d’un successeur qui reprend les fermes, potentiellement un investisseur important, qui peut rapidement acquérir des données agricoles essentielles et des savoirs paysans traditionnels. C’est une évolution dangereuse.En outre, il y a le problème que les machines agricoles numériques ne peuvent plus être réparées par les agriculteurs eux-mêmes. Même les concessionnaires de machines agricoles qui vendent les machines doivent toujours acheter les dernières mises à jour logicielles afin de pouvoir réparer les machines qu’ils vendent. Encore une fois, il y a un risque de grandes dépendances.

Concrètement : Comme toujours, on dit que la numérisation est inévitable, alors nous ferions mieux d’aller de l’avant. Que pouvons-nous faire concrètement, et où, pour conserver nos droits sur nos connaissances et nos données ?

Tout d’abord, il est important de ne pas se laisser intimider par la technologie. La numérisation prend la place qui lui est donnée. Et elle sert ceux qui la contrôlent – donc, jusqu’à présent, les diverses multinationales. Mais, c’est avant tout parce qu’en tant que citoyen.ne.s et paysan.ne.s, nous ne nous sommes pas suffisamment impliqués et n’avons pas essayé de prendre la mesure de ce qui se passe.Oui, nous devons participer à la numérisation. Mais participer, c’est bien plus que d’utiliser passivement des programmes, des drones ou d’autres machines agricoles numériques. Participer, c’est formuler ses propres exigences et règles. Si vous ne participez pas, les autres continueront à le faire pour vous. Et il est très important que vous participiez au moins pour exiger que l’agriculture analogique puisse perdurer et qu’elle ne soit pas désavantagée.

Numérisation : conclusions & revendications

(extrait du rapport agricole critique 2018, Stig Tanzmann / brot-fuer-die-welt.de)

  • Jusqu’à présent, le débat sur la numérisation dans le secteur agricole et alimentaire a été trop unilatéral; les risques et les effets socio-économiques sur l’agriculture paysanne, en particulier dans le Sud global, n’ont pas été suffisamment étudiés.
  • La concentration des données culturales entre les mains d’un petit nombre de multinationales est problématique, notamment en termes de sécurité et de souveraineté alimentaire dans le monde; les États doivent d’urgence recouvrer leurs droits sur les données de base de l’alimentation mondiale et exiger que les entreprises privées les leur transmettent.
  • La numérisation dans les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation doit être discutée et, surtout, réglementée à l’échelle internationale sous l’égide des Nations Unies et ses divers organes.
  • Le mécanisme de facilitation technologique établi dans le cadre de l’Action 2030 serait un mécanisme approprié pour mettre en commun ces efforts.
  • La Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans doit être mise en œuvre comme mesure d’accompagnement.
  • Afin de réglementer et de limiter le pouvoir des méga-corporations telles que Bayer-Monsanto, une loi des Nations Unies sur la concurrence doit être établie.
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Profil
Pour accompagner le développement de ses paniers bio contractuels, les Jardins de Mamajah recherchent dès 2020 idéalement un jeune retraité maraîcher/une jeune retraitée maraîchère ayant assuré pendant de nombreuses années une production biologique / biodynamique, avecun vif intérêt pour le modèle agro-écologique, l’agro-foresterie et les outils permaculturels. Une personne dynamique, ayant le sens des responsabilités, qui est à même de gérer les objectifs de productivité tout en se consacrant à la transmission.

Mission
Soutenir et encadrer l’équipe fixe des trois jeunes maraîchers, pour ensemble réussir le plan de culture annuel et mener progressivement à son potentiel la production de légumes et fruits bio aux Jardins de Mamajah qui visent à assurer au minimum la livraison hebdomadaire de 150 paniers contractuels.
- En relation avec l’équipe : organiser /planifier la production et coordonner le planning hebdomadaire des travaux (semis, plantations, paillage, arrosage, désherbage)
- Veiller au respect des principes de culture biologique et des soins bio-dynamiques à apporter à la terre, aux cultures maraichères et fruitières.
- Assurer la production visée, de légumes, herbes, fruits en relation avec le potentiel des 2,5 hectares de SAU à disposition.
- Veiller à la qualité des récoltes, du stockage des légumes et de leur conditionnement.
- Veiller à l’entretien du jeune verger permaculturel et développer la dimension agroforestière.

Suite des informations (pdf)