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Bruxelles, 13 décembre 2018 – La chambre de recours technique de l’Office européen des brevets (OEB) a annulé la semaine passée l’interdiction de breveter les caractères des plantes et des animaux sélectionnés au sein de la biodiversité naturelle.

Cette décision fait suite à une procédure engagée par l’entreprise Syngenta, récemment rachetée par le chimiste chinois ChemChina, pour faire reconnaître un brevet portant sur un poivron obtenu par croisements et sélection de plantes trouvées dans la nature.

La multinationale semencière a ainsi convaincu une poignée de juges- DONT le salaire ne dépend que des sommes versées par les entreprises auxquelles ils accordent des brevets - de ne tenir aucun compte de la décision d’interdire de tels brevets prise un an et demi auparavant, le 29 juin 2017, par le Conseil d’Administration de l’OEB suite à de multiples mobilisations des organisations paysannes et de la société civile européenne, à plusieurs décisions du Parlement européen et à une demande formelle du Conseil de l’Union européenne.

Au delà du seul poivron de Syngenta, cette légalisation de la biopiraterie n’est que le dernier avatar du plan de privatisation de la nature par l’industrie des biotechnologies. L’OEB interdit encore heureusement de breveter les simples croisements et la sélection d’organismes vivants naturels. Pour contourner cet obstacle, les entreprises des biotech revendiquent des brevets sur les produits résultant de nouvelles techniques de manipulation génétique réalisées in vitro au laboratoire qu’elles ont baptisées « édition du génome», tout en prétendant que les caractères ou « informations génétiques » résultant de ces manipulations peuvent aussi être obtenus par des procédés traditionnels de sélection. Elles affirment, sans toutefois en apporter la moindre preuve, faire « la même chose que la nature, juste en allant plus vite ». La portée de leurs brevets s’étend ainsi à toutes les plantes et à tous les animaux sélectionnés par des paysans ou des petits semenciers et qui contiennent naturellement les mêmes « informations génétiques ».

L’interdiction en juin 2017 des brevets sur les plantes et les animaux issus exclusivement de « procédés essentiellement biologiques » de sélection permettait de s’opposer à ce tour de passe-passe. Les multinationales semencières avaient annoncé qu’elles feraient annuler cette interdiction, les juges de l’OEB ont exécuté leurs ordres.

Une telle violation du fonctionnement démocratique des institutions européenne est inadmissible. La Coordination européenne Via Campesina appelle l’Union européenne et ses États membres à faire respecter immédiatement leur décision de juin 2017 et à interdire définitivement tout brevet sur les organismes vivants.

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Rudi Berli était l'invité du 5h-6h30 sur la thématique de l'accès à la terre, très compliqué en Suisse pour les néo-ruraux .

A écouter!


https://www.rts.ch/play/radio/la-matinale-5h-6h30/...

https://www.rts.ch/play/radio/la-matinale-5h-6h30/...

Conférence donnée par Sophie Swaton, maître d’enseignement à l’Institut de géographie et durabilité de l’Université de Lausanne

Comment passer d’une société non-durable qui détruit la nature à une société résiliente, solidaire, et respectueuse de la nature et des limites planétaires? Comment tourner le dos à l'imaginaire de la croissance au profit d'un autre imaginaire, celui de la coopération et de la solidarité écologiques? Comment le revenu de transition écologique peut-il contribuer à cette transition et quel est le lien avec l’économie sociale et solidaire?

Sophie Swaton, auteure d’un ouvrage sur le revenu de transition écologique paru début 2018, nous présentera ses réflexions et la démarche. La Chambre vaudoise de l’économie sociale et solidaire ainsi que la Fondation Charles Léopold Meyer pour le progrès de l’homme vous invitent cordialement à cette conférence.

PROGRAMME

18h30 – 19h30: conférence
19h30 – 20h00: débat
dès 20h00: apéritif
– entrée libre –

CONFÉRENCIER

Sophie SWATON , Maître d’enseignement à l’Institut de géographie et durabilité de l’Université de Lausanne

http://www.espace-dickens.ch/web/agenda/139

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Comme annoncé ce vendredi 30 novembre dans la presse, l’agro-alimentaire mondial vient de démontrer une fois de plus ses failles et ses dangers. Des aliments pour bétail, fabriqués à base de céréales et de soja, ont été additionnés d’un pré-mélange en provenance de Chine et qui contenait des OGM sous forme de bactéries résistantes aux antibiotiques.

N’a-t-on pas atteint le summum de l’absurde ? Des produits qui parcourent des kilomètres affolants, dont les origines sont diverses (Soja : Amérique du sud probablement ; céréales : peut-être Europe si on a de la chance ; pré-mélange : Chine), tout cela pour nourrir des bovins d’un aliment complémentaire dont ils n’ont pas fondamentalement besoin, pour produire un lait payé une misère au producteur qui ne compte pas ses heures. Et le plus navrant dans cette histoire ? une partie du lait produit finit souvent par être réexporté sous forme de poudre et de beurre, pour dégager les excédents…

A qui profite le crime ? Certainement pas aux ouvriers agricoles qui ont cultivé le soja. Pas non plus aux ouvriers de l’usine en Chine, dont on ne connait pas mieux les conditions de travail. Assurément pas à nos paysans qui ne couvrent pas leur frais de production. Et encore moins au client final, le consommateur, dont le choix pléthorique en magasin cache une bien triste réalité.

La réalité, c’est qu’on nous éloigne toujours plus de la vérité quant à notre nourriture. Et tant la sécurité que la Souveraineté alimentaire ne peuvent être garantis lorsqu’on laisse le marché mondial dicter ses lois. Certes, les lots contaminés par ces OGM ont été interceptés de justesse lors de leur arrivée en Suisse, et la Confédération veut se montrer rassurante en garantissant que nos vaches n’en ont pas mangé. Mais une fois de plus, on laisse l’argent, le profit, le commerce, jouer à la roulette russe avec notre santé.

Quand allons-nous stopper ce cycle infernal ?

Les bonnes questions de Madame Etter posées au ministre en charge de l’Agriculture n’ont pas trouvé de réponses propres à alimenter l’optimisme sur le sort réservé aux familles paysannes.

En effet, Johann Schneider Amann, vous allez nous quitter en nous laissant bien seuls avec nos problèmes sans solutions ! Votre leitmotiv de la compétitivité nécessaire à la croissance économique est malheureusement pour nous un paradigme dépassé. L’état catastrophique de notre planète et les risques majeurs qui menacent sa population auraient dû être de nature à modifier radicalement votre vision de l’Economie. Un recentrage est devenu indispensable. Une Economie au service de l’Homme et non l’Homme au service de L’Economie.

Le credo d’un monde ouvert mais destructeur

Pourtant, vous semblez ne pas avoir pris conscience de l’urgence de cette remise en question. Vous semblez ne pas avoir encore compris que votre credo d’un monde ouvert à la concurrence planétaire est destructeur de notre environnement, et consacre toujours la loi du plus fort. Grandir pour survivre voilà votre recette. Bouffer son voisin et ses moyens de subsistances pour honorer cette vision économique, tout en restant solidaires bien sûr, mais de qui et de quoi au juste ? En menant cette argumentation à son extrême, pourquoi la Suisse, trop petit pays pour prétendre à des positions hégémoniques ne déciderait-elle pas de repousser un peu ses frontières pour gagner un peu en puissance et en influence ?

Se rapprocher du consommateur voilà encore une de vos solutions, comme si nous vous avions attendu pour entrer dans cette voie ! Désormais c’est avec lui que vous nous encouragez à négocier notre avenir. Peut-être y trouverons-nous plus de compassion, en tous les cas une meilleure écoute mais sûrement pas les moyens de gérer nos exploitations. La disparition des fermes, vous n’en dites mots, les suicides, vous les regrettez mais sans comprendre qu’ils découlent de votre politique. Le message que vous nous délivrez à nous paysans : « vous voulez assurer votre revenu, alors optimisez, rationalisez, stimulez votre esprit entrepreneurial, croyez au marché, adaptez-vous, mais sachez qu’il n’y a pas de miracle… » ! Il ne nous manque plus que le courage pour aller de l’avant… mais où le trouver et pour aller où ?

L’agriculture sacrifiée

Le message en filigrane que vous nous délivrez, c’est que le sacrifice de l’agriculture est malheureusement nécessaire pour pouvoir donner un emploi à chaque habitant de ce pays ! Eh bien c’est dit, Monsieur le Ministre, on en prend acte, on n’a plus, dès lors, qu’à vous souhaiter une bonne retraite dans la quiétude du service rendu au pays. Nous, promis, on fera de notre mieux pour être encore là l’an prochain en espérant, toutefois, trouver chez votre successeur -e un peu plus d’écoute, de compréhension, de reconnaissance et de respect, dans la prise en compte de notre droit d’exister décemment comme paysans, au service du bien-être de nos concitoyens.

Alexis Corthay, 1252 Meinier

-Décorations florales de Noël

-Bougies en cire d’abeille

-Colliers (perles en verre, pierres semi-précieuses...)

-Produits de la ferme (choucroute, pommes, poires, herbes aromatiques, pommes de terre, légumes etc.)

-Artisanat

-Pâtisseries

(Samedi 1er décembre 2018 sur demande)

Denise et Maurus Gerber, no.tél 024/454.18.05

Comment cultiver les dimensions intérieures de la transition ? Un parcours de deux jours pour changer notre vision du monde, soutenir notre engagement militant, prendre soin de nos interconnexions, travailler nos émotions, traverser le doute et le découragement ou encore éviter le burn out. Plus d'informations sur le contenu.

Organisation : Point de contact suisse du Transition Network international, avec la collaboration de Pain pour le Prochain (Laboratoire de la transition intérieure).

Contact et inscription sur ce lien.

Organisé par la Fondation Rurale Interjurasienne

Consommer de la viande : est-ce durable ? Est-ce éthique ? La viande suisse est-elle meilleure et plus durable que la viande importée ? Les conditions de production et la détention des animaux en Suisse sont-elles plus conformes aux besoins de l’espèce que la détention des troupeaux dans les grandes plaines de la pampa sud-américaine ? Les débats autour de cette thématique se multiplient. Les avis divergent, s’opposent, se figent. La FRI vous invite, citoyens et citoyennes qui consommez de la viande ou non, et peut-être en produisez, pour une discussion-échange sur le sujet dans le cadre d’une conférence-débat publique. Objectif de la soirée : proposer des pistes pour permettre à tout à un chacun d’adopter une attitude responsable face à la consommation de viande. Cette soirée a pour but de montrer quelles sont les contributions de l’agriculture au défi alimentaire et social et d’informer sur la qualité de ses pratiques, afin de susciter un débat nourri entre les différents positionnements sur cette thématique importante et délicate.

  •  Projection d’un film (extraits 20’)
  • Consommation de viande et durabilité, selon différents critères : provenance, mode de production, détention des animaux, etc.
  •  Besoins et attentes des citoyens consommateurs
  •  La position des producteurs suisses dans ce contexte.
  •  Les apports de la recherche : projections en 2050 de pratiques agricoles plus ou moins durables.

Mathias Faigaux, BEELONG, l’indicateur référence en termes d’alimentation durable pour la restauration et l’industrie alimentaire, Ecole hôtelière de Lausanne

Nathaniel Schmid FIBL, Institut de recherche de l’agriculture biologique

Cesare Sciarra, Protection Suisse des animaux PSA

Suzanne Maître, Fédération romande des consommateurs FRC

Joan & Joana Studer, Producteurs de viande du Jura / Jura bernois

Olivier Girardin, Directeur FRI et Président de l’Association Stratégie Qualité Suisse.


Mathias Faigaux (Ecole hôtelière de Lausanne) présentera « Beelong », le nouvel indicateur de durabilité pour la restauration, qui fournit des notes A / B / C / D / E / F / G pour chaque aliment, un plat, un restaurant... et les différentes viandes que nous consommons. Le FIBL présentera les perspectives d’alimentation, via la production animale. Le point de vue de la protection des animaux sera présenté par l’association de protection suisse des animaux « Manger avec du cœur ». Suzanne Maitre- Schindelholz apportera le point de vue de la Fédération romande des consommateurs et les agriculteurs de Mont-Lucelle (JU) Joan Studer et Joana Chena-Basanta Studer celui d’un couple d’éleveurs attentionné de leurs animaux. La table ronde qui conclura la soirée sera animée par Olivier Girardin, directeur de la FRI, qui apportera les conclusions du groupe Association Stratégie Qualité Suisse sur les questions de consommation de viandes à l’échelle nationale.

Entrée gratuite.

Communiqué de Presse invitation

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Article du journal Uniterre Novembre 2018 - Vanessa Renfer, paysanne et secrétaire à Uniterre


Produire des porcs en Suisse, ce n’est pas une sinécure, et cela depuis de trop nombreuses années. Nombre d’éleveurs se retrouvent à un tournant, car leurs écuries ne sont plus aux normes, et les prix sont au plancher. Quel avenir pour ce secteur, face aux bas prix et aux attentes sociétales ?

En Suisse, on dénombre actuellement près de 6400 fermes impliquées dans la production porcine. Le plus souvent, les différentes étapes de l’élevage sont morcelées entre les fermes, certains ne s’occupant que de la mise-bas, d’autres que de l’engraissement des porcelets après le sevrage. La moitié des porcs sont détenus dans des exploitations de plus de 200 animaux. 3 % des fermes travaillent en production biologique. Cette production indigène couvre plus de 95% de la consommation en Suisse, et la viande de porc représente le 44% de la viande consommée en Suisse. Une part non négligeable de la production est située aux abords directs des fromageries, puisque le petit-lait peut être facilement valorisé de la sorte. Ce modèle tend toutefois à disparaître car ce sont précisément ces bâtiments qui nécessitent aujourd’hui une rénovation. Or les sociétés de fromagerie ne sont plus motivées à assumer les frais qui en découleraient, alors que les prix de vente ne couvrent pas les coûts de production. Quatre cantons détiennent en Suisse la plus forte concentration de porcheries : Lucerne, Berne, Thurgovie et St-Gall. En Romandie, ce sont surtout les cantons de Vaud et de Fribourg qui comptent un nombre élevé de porcheries.

Il y a très peu d’importations dans notre pays. Les carcasses supportent mal le voyage, même si le trajet est court, et de toute façon, la production indigène est quasiment suffisante. La viande importée l’est surtout sous forme de produits prêts à la consommation.

Selon les données fournies par la faîtière SuissePorcs, l’affouragement des porcs est à 90% indigène.

Prix à la production

A côté d’un prix de base effondré, qui tourne actuellement à 3.60 frs par kg de poids mort en prix de base, (hors label), les producteurs suisses sont régulièrement confrontés au refus de chargement de la part de leurs acheteurs. Parce que l’écoulement est momentanément ralenti en magasin, les grands centres d’abattage refusent la prise en charge des porcs arrivés au poids exigé. Malheureusement, on ne peut pas mettre la croissance des animaux sur pause, et les porcs, une ou deux semaines plus tard, se retrouvent trop gras, et cela entraîne des déductions massives. Il vaudrait peut-être la peine de se poser la question de la race utilisée en engraissement. Ce sont des animaux très performants, mais exigeants, et leur engraissement est si intensif qu’une ou deux semaines de plus font une différence énorme sur la balance, et partant, sur le prix. Il pourrait dès lors être intéressant de se tourner vers des races plus rustiques, ce qui rendrait la production plus résiliente face aux besoins des acheteurs, en plus de tous les autres avantages que l’on peut y voir (moins de maladies, besoins en fourrage plus simples, moins de concentrés, croissance plus lente qui permettrait la formation d’une viande de meilleure qualité).

Ecuries en fin de vie

Les deux producteurs qui ont témoigné ont fait la même réponse : leurs écuries sont aux normes, mais si cela n’était pas le cas, aucun ne souhaiterait rénover ou construire un nouveau bâtiment, la faute à un prix insuffisant pour se mettre une telle charge sur le dos. En pays de Vaud, où l’on dénombre de nombreux engraisseurs, la diminution des unités de production a été vertigineuse, autant sinon pire que dans la production laitière. Au niveau suisse, si l’on comptait encore près de 10'000 éleveurs et engraisseurs il y a dix ans, leur nombre a diminué d’un gros tiers.

Pression sociale

Les porcheries sont régulièrement la cible de violation de domicile par des organisations de défense des animaux, qui diffusent ensuite des montages vidéo desquels il est difficile de tirer des informations objectives, mais qui exacerbent la sensibilité des consommateurs. Paysannes et paysans sont victimes de dangereux raccourcis et amalgames, alors qu’ils ne sont qu’un maillon de la chaîne et que c’est l’entier du système qui mérite une réflexion en profondeur. La viande porcine reste la plus consommée en Suisse, probablement grâce à son bas prix, mais aussi grâce aux traditions qui entourent la consommation de cette viande (célébrations de la St-Martin au Jura, diverses spécialités de saucissons d’un canton à l’autre). Comme dans d’autres domaines, il devient difficile, voire impossible, de combler les attentes légitimes des consommateurs si l’on n’agit pas maintenant pour revaloriser le travail des paysans. Rappelons à cet effet que le prix payé en 2008 était encore de 5.- frs par kilo de poids mort, contre seulement 3.60 frs actuellement. Une perte de près de 30% en 10 ans. Naturellement, il est illusoire d’escompter la même baisse en magasin ! Une fois de plus, les intermédiaires ont très bien su tirer leur épingle du jeu.

Témoignages de deux producteurs

Jonas et Martina Strähl travaillent sur leur ferme d’une trentaine d’hectares dans le canton de Soleure, à Matzendorf. Ils sont en reconversion à la culture biologique, et en parallèle de la production laitière, ils engraissent annuellement environ 150 cochons, dont une partie est vendue à une boucherie locale, et le reste à un grand distributeur, en l’occurrence la Coop, par l’intermédiaire de son entreprise Bell. Dans un cas comme dans l’autre, ce ne sont pas les Strähl qui fixent leur prix de vente. Ils se plient à la décision de leur acheteur, ce dernier se basant sur les tabelles publiées de façon hebdomadaire par Proviande. Le prix est actuellement insuffisant, en particulier avec Bell. Ils n’ont pas été pénalisés par des refus de chargement et des déductions pour poids excessif, car ils passent par un marchand qui a toujours pu écouler leurs bêtes. Il est cependant probable qu’en production biologique, le risque de voir le marché saturé soit moins élevé. Leur bâtiment correspond aux normes actuelles en matière de détention ; cependant, si cela ne devait plus être le cas, ils n’envisageraient pas la construction d’un nouveau bâtiment.

Martin Häberli, de Rosshäusern dans le canton de Berne, engraisse quant à lui 650 à 750 cochons pour la grande distribution. Parce que son bâtiment date de 2003 et qu’il a fini de le payer, il estime que ses frais de production sont intégralement couverts, d’une part par le prix de vente, d’autre part par les paiements directs. Comme il travaille selon le cahier des charges IP Suisse, il reçoit une prime de quelques 30 centimes/kilo, en plus du prix annoncé par Proviande. Son bâtiment est aux normes, mais nécessite tout de même un entretien régulier et quelques réparations. A la même question de savoir s’il se lancerait dans la construction d’une nouvelle écurie si cela était nécessaire, il répond qu’au vu du marché actuel, il se poserait vraiment la question. Il a vécu cette année des périodes où ses cochons n’ont pas été pris en charge, et a dû subir les déductions qui s’en sont suivies, pour une situation dont il n’est absolument pas responsable.

Le marché du porc en Suisse est à l’image de toutes les productions industrielles. Il fonctionne selon un modèle dépassé qui montre toutes ses failles. Les prix insuffisants ne permettent pas aux familles paysannes d’investir dans des bâtiments qui répondraient mieux aux attentes des consommateurs. Les prix sont fixés semaine après semaine par un accord entre Suisseporcs, Proviande et les acheteurs (un marché dominé à plus de 80% par Bell et Micarna, autrement dit Coop et Migros). Comment dès lors planifier son travail et ses investissements ? De même que dans le lait, un effort doit être consenti en faveur des producteurs. Pour que nous puissions durablement consommer de la viande de porc suisse à l’avenir, les familles paysannes doivent pouvoir travailler dans des conditions dignes, avec un revenu équitable.

Et si on faisait autrement ?

Il existe de nombreux exemples de paysannes et paysans qui ont fait le choix de n’élever que quelques porcs, souvent avec des races plus rustiques, et de les commercialiser en vente directe. C’est une alternative qui mérite vraiment d’être valorisée. Voici donc le témoignage d’un troisième producteur, qui a décidé de ne fonctionner qu’avec la vente directe :

Joan et Joana Studer sont agriculteurs en Ajoie à la ferme de Mont-Lucelle. Leur ferme est bien diversifiée et propose en vente directe de la viande de porcs basques. Jusqu’à l’année passée, ils élevaient annuellement une petite centaine de têtes dans un espace totalement libre. Les bêtes avaient la possibilité de vaquer constamment à leurs occupations sur de vastes terrains offrant une grande variété de structures (pâturages, haies et bosquets, vergers…). Cette variété offrait non seulement beaucoup d’espace à chaque porc, mais favorisait aussi une alimentation variée et produite presque exclusivement sur la ferme, une alimentation qui correspond parfaitement à l’omnivorisme de ces animaux. Le couple a dû néanmoins fortement réduire son troupeau et changer un peu sa façon de travailler, puisqu’il détenait jusque-là des porcs portant une boucle nasale, et que cela est interdit par la Loi sur la protection des animaux. Les Studer notent toutefois que la demande pour de la viande issue de leur production est très très bonne, et que cela leur permet de fixer des prix justes à la fois pour eux et pour leur clientèle. A l’exception de la problématique de la boucle nasale, leur système de détention offre aux porcs un cadre de vie qui est largement supérieur aux normes requises par l’OPAn.

Plus globalement, les Studer remarquent que les porcs sont largement oubliés dans l’évolution vers des conditions de détentions plus éthiques. En Suisse, ils restent des animaux destinés à l’élevage industriel, comme l’explique Joan : « Il est parfaitement affligeant de savoir qu’en Suisse on a tout à fait le droit de détenir plus de 1.1 tonnes de porc sur 10 mètres carrés de béton dans un bâtiment sans accès direct aux rayons du soleil, en bafouant complètement leur régime alimentaire et en ayant un âge d’abattage entre 5 et 6 mois et que dans le même temps, il soit interdit de mettre une boucle nasale sous anesthésie à des porcs de races rustiques en échange d’une vie longue de plus de 18 mois en véritable plein air, ayant une multitude d’activité et de milieux naturels à disposition, le tout sans n’être jamais malade et donc sans avoir besoin d’avoir recours à des antibiotiques ! ».

Le lecteur désireux d’en savoir plus pourra visiter le site web consacré au combat des Studer pour leur élevage et leur manière de travailler : www.porclibre.ch.

Sources :

Office fédéral de la statistique : https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home.html

Union suisse des paysans : www.usp-sbv.ch

Faitière Suisseporcs : www.suisseporcs.ch

24 Heures, article du 17.09.2016, Pascale Burnier :

https://www.24heures.ch/vaud-regions/filiere-cochon-industriel/story/19351554

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(25 novembre 2018, Negombo, Srilanka)

Nous, paysannes de La Via Campesina, paysannes d'Amérique, d'Afrique, d'Europe et d'Asie, réunies ici à Negombo, Srilanka, cette semaine, pour la Rencontre mondiale de l'articulation des femmes, condamnons à l'unanimité toutes les formes de violence et de discrimination contre les femmes et les jeunes filles partout.

Nous disons cela tout en réalisant qu'il reste beaucoup à faire pour que la violence qui s'est produite et qui se produit encore aujourd'hui, dans nos pays, dans nos foyers, dans nos organisations, enracinée dans le patriarcat, la violence sous forme du viol et de la marchandisation des femmes soit effacée de notre société, nos territoires, nos corps et nos vies.

En ce 25 novembre et tous les jours, les paysannes et paysans de La Via Campesina disent :

Mettons fin à de violence contre les femmes, rompons le silence, résistons et affrontons le patriarcat et le capitalisme. Nous sommes contre tous les types de violence qui affectent encore de nombreuses femmes dans les campagnes et dans les villes. Nous devons vaincre la barbarie, le fascisme et le manque de respect des droits les plus fondamentaux, aujourd'hui et chaque jour en tant que femmes travailleuses. Nous comprenons que le capitalisme est la principale source d'inégalité et que de ces inégalités jaillissent de nombreuses formes de violence. C'est pourquoi cette lutte est une aussi lutte de classe.

Notre proposition et nos outils de transformation proviennent de la terre dans laquelle nous, les femmes, nous sommes ancrées, de la terre cultivée en agroécologie pour atteindre la souveraineté alimentaire. Nous sommes inspirées par la recherche collective pour la construction de l'égalité dans nos espaces d'actions et d'études, ainsi que par toutes les marches et les luttes auxquelles les femmes participent pour construire la FEMME NOUVELLE ET l'HOMME NOUVEAU qui bâtiront la société de demain. Il est clair pour nous que la seule façon de mettre fin au machisme est d'affronter l'oppression et l'exploitation. Seuls les femmes et les hommes organisés dans les mouvements populaires, paysans, urbains, mouvements des pêcheurs et des peuples des forêts peuvent mener à bien cette lutte pour la construction de l'égalité.

Nous, paysannes et paysans du monde de la Via Campesina, présent.e.s des 81 pays du monde nous disons OUI à l'égalité, et FIN à la violence contre les femmes. Nous voulons et nous nous engageons quotidiennement à construire une vie sans violence, sans discrimination et sans exploitation envers les femmes.

La société que nous voulons est sans violence contre les femmes !

Via-info-fr@viacampesina.org
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